Synopsis : 1951, après 20 ans d’absence, Tilly Dunnage revient à Dungatar, sa ville natale, perdue dans l’arrière pays australien. La jeune femme est là pour s’occuper de sa mère malade mais aussi pour faire payer tous ceux qui l’ont fait souffrir. Alors qu’elle était enfant, les habitants l’ont chassée, la pensant responsable de la mort d’un élève de sa classe. Tilly est bien décidée à se venger. Ses armes ? Une machine à coudre et un sacré sens du style. À coup de robes dernier cri et de séances de relooking, elle va reconquérir sa place dans la communauté et découvrir la vérité sur son passé.
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The Dressmaker marque le grand retour de Jocelyn Moorhouse au cinéma, dix-huit ans après The Secrets. Un événement, marqué par le choix de la réalisatrice australienne de la très populaire Kate Winslet comme tête d’affiche. Tiré du roman éponyme de Rosalie Ham, cette comédie dramatique a de quoi surprendre. Imaginez une petite communauté perdue au milieu du désert australien, des matchs de rugby dans la poussière, des cancans, des préjugés. Ajoutez à cela un numéro de Vogue des années 1950, avec boas, paillettes et fume-cigarettes. Vous obtenez The Dressmaker ; un mélange improbable et plutôt plaisant pour tous les amateurs de mode et d’humour déjanté. Les costumes sont sublimes et le contraste entre les robes haute couture et les paysages désertiques vaut le détour. S’il règne ici une flamboyance kitsch et foutraque qui fait le charme du cinéma australien, The Dressmaker ne tient pourtant pas réellement ses promesses. Le premier problème vient du scénario. Policier, bluette, comédie ? La réalisatrice a du mal à choisir et finit par s’égarer à force de va-et-vient. L’histoire démarre pourtant bien, sur une musique de western-spaghetti, avec du sable rouge et une créature sexy bien décidée à en découdre avec ceux qui l’ont chassée vingt ans plus tôt. Tilly (Kate Winslet) annonce d’emblée la couleur : « I am back, you bastards ». Hélas, notre héroïne s’éprend du beau gosse local (Liam Hemsworth) et la plaisanterie tourne court. Sortez les violons, la musique de David Hirschfelder change de ton et la comédie vire au mélodrame. Entre le flic travesti (Hugo Weaving), le pharmacien bossu et une galerie de personnages tous plus déjantés les uns que les autres, le récit passe sans cesse du mystère à la romance et du grand-guignol au film à suspense. Vengeance, amour, rédemption, n’en jetez plus, la coupe est pleine. Reste cependant la photo de Donald McAlpine, particulièrement soignée, et des acteurs plutôt inspirés.
Cependant, les prises de vue aériennes de la scène d’ouverture sont remarquables. McAlpine a beau faire figure de vétéran dans le monde du cinéma (il est né en 1934), son travail démontre toujours parfaitement son talent. Aux images de désert australien accablé par le soleil répondent des flashbacks aux couleurs sépia. Ce changement d’atmosphère nous ramène à l’époque où Tilly a quitté la communauté après la mort d’un autre enfant du village. L’effet est plutôt réussi et renforce le côté dramatique du récit. Quant aux acteurs, Kate Winslet est plus glamour que jamais et prend un malin plaisir à jouer les vamps. Plutôt à l’aise dans un répertoire comique, on appréciera son air blasé et sa parfaite maîtrise de l’accent australien. À ses côtés, Judy Davis (Molly) évite l’excès de jeu et parvient elle aussi à nous séduire dans le rôle de la mère indigne. The Dressmaker prend souvent l’allure d’un patchwork des grands classiques australiens : il y a quelque chose de The Year My Voice Broke dans cette bourgade où tout le monde s’épie, une touche de Ballroom Dancing dans cette manie de relooker à tout va, et une bonne dose de Priscilla, folle du désert et de Muriel à travers cette galerie de personnages farfelus et névrosés. Si ce mélange a du mal à nous convaincre pleinement et est souvent maladroit, The Dressmaker reste malgré tout attrayant.
- THE DRESSMAKER réalisé par Jocelyn Moorhouse ne dispose pas encore de date de sortie en France.
- Avec : Kate Winslet, Liam Hemsworth, Hugo Weaving, Sarah Snook, Judy Davis, Caroline Goodall, Kerry Fox, Rebecca Gibney, Julia Blake, Shane Jacobson, Barry Otto…
- Scénario : J.P Hogan, Jocelyn Moorhouse
- Production : Sue Maslin
- Photographie : Donald McAlpine
- Montage : Jill Bilcock
- Décors : Lisa Thompson
- Costumes : Marion Boyce, Margot Wilson
- Musique : David Hirschfelder
- Distribution : non encore précisé en France
- Durée : 1h58
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