Synopsis : France 1428. Jeanne, jeune et innocente paysanne lorraine, est guidée par des voix célestes. Elle est alors convaincue que la volonté de Dieu est de libérer la France de l’oppression anglaise. Portée par sa foi et son courage, elle demande une audience auprès de Charles VII, le Dauphin de France, pour pouvoir lever une armée.
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Engagée en 1939 par le producteur David O. Selznick, Ingrid Bergman entretient l’espoir de jouer à l’écran Jeanne d’Arc. Pour diverses raisons, le projet n’aboutit pas. Elle accède quand même à son rêve en 1946, au moment de la fin de son contrat de 7 années, en l’interprétant sur la scène de Broadway avec la pièce Joan of Lorraine de Maxwell Anderson. Elle entreprend d’en porter l’adaptation au cinéma. C’est le producteur indépendant Walter Wanger qui mène à bien le projet ; il fait appel à Victor Fleming et Ingrid Bergman. Le réalisateur du Magicien d’Oz l’avait en outre déjà dirigée dans Docteur Jekyll et Mr. Hyde (1941). Sous le label Sierra Pictures, société créée pour l’occasion, Jeanne d’Arc est donc une production indépendante qui bénéficie néanmoins d’importants moyens financiers. Le film fait l’objet d’une première à New York en novembre 1948. La version de 2h25 reçoit un accueil mitigé. C’est une version plus courte (1h38) qui est alors exploitée au cinéma, tant aux États-Unis que dans le monde. Victor Fleming meurt quatre mois plus tard. Ni Maxwell Anderson ni Ingrid Bergman, qui tournera un dernier film à Hollywood, Les Amants du Capricorne, avant de suivre Roberto Rossellini, ne seront satisfaits de cette adaptation. Le film de Fleming ne suit la vie de la Pucelle que de décembre 1428 à mai 1431, mais il se focalise sur les grandes étapes de son existence : Domrémy, Vaucouleurs, Chinon, Orléans et Rouen. Jeanne d’Arc s’ouvre sur les cloches de Saint-Pierre à Rome et une fresque religieuse de la voûte. La canonisation est mise en avant comme pour éviter les foudres éventuelles de l’Église. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le Jésuite français Paul Doncœur, aumônier militaire, pionnier du scoutisme mais aussi favorable à Pétain, a été engagé comme conseiller. Pourtant, il ne se résume pas à une bondieuserie de 145 ou 98 minutes. On tend plus vers le genre historique tel que les studios hollywoodiens vont en produire dans les années suivantes.
Bien que tourné au format 1,37, mais avec le Technicolor, qui offre à l’occasion des cieux orangés ou rougeoyants identiques à ceux d’Autant en emporte le vent, il annonce les films de cape et d’épée, péplums et autres récits bibliques, en cinémascope et à gros budgets, qui vont arriver sur les écrans. Les scènes du sacre du Dauphin et de l’assaut de la bastille des Tourelles, qui précède la libération d’Orléans, demeurent mémorables et justifient notamment les Oscars des meilleures photographie et création de costumes. Bien sûr, Jeanne d’Arc repose en grande partie sur les épaules d’Ingrid Bergman. Cependant, malgré son talent, elle semble prisonnière de son personnage, notamment dans la première partie qui précède le procès puis l’exécution. L’accumulation de gros plans sur son visage de cire, trop bien maquillé et éclairé, et les postures théâtrales d’une jeune guerrière galvanisant ses troupes dans son armure blanche étendard à la main, constituent un album d’ « images pieuses » à la limite du kitch. On comprend ainsi pourquoi le scénario s’écarte, sciemment ou par omission, de la vérité historique. Il convenait de ne pas égratigner l’icône. Restaurée en 1998, seulement, le montage plus long voulu par Victor Fleming s’attarde au début du film sur les motivations de la jeune bergère, puis à partir du procès, intégrant deux séquences importantes : l’une de Jeanne d’Arc dans sa cellule et l’autre de son arrivée au bûcher. Cette version originale et intégrale, proposée dans ce Blu-ray en haute définition, est nettement plus intéressante que la copie diffusée dans les salles de cinéma pendant près de 50 ans.
DVD : Cette superbe édition de L’Atelier d’images / The Corporation propose d’excellents suppléments, vraiment tous très intéressants, comme la Rencontre avec Marine Baron, auteur du Feu sous la glace, une biographie d’Ingrid Bergman, un extrait du documentaire Je suis Ingrid de Stig Borkman, la Présentation du film par Isabella Rossellini. On peut également y découvrir l’Analyse des deux montages du film par Jérôme Wybon (Documentariste, auteur, spécialiste du cinéma de genre, collaborateur à plusieurs revues de cinéma). Mais aussi l’Archive radiophonique de 1949 extraite de Chroniques de Paris dans laquelle le Père Doncoeur parle du film ; des dessins de production défilent pendant l’entretien. Et enfin un Entretien avec Ingrid Bergman à propos de son rôle, extrait de l’émission Sports en fête de Michel Drucker.
- JEANNE D’ARC (Joan of Arc) réalisé par Victor Fleming, disponible en DVD/Blu-ray depuis le 2 février 2016 dans une version restaurée et haute définition.
- Avec : Ingrid Bergman, Francis L. Sullivan, J. Carroll Naish, Ward Bond, Shepperd Strudiwck, Gene Lockhart, John Emery, Leif Erickson, Cecil Kellaway, José Ferrer…
- Scénario : Maxwell Anderson et Andrew Solt d’après la pièce de théâtre de Maxwell Anderson
- Producteur: Walter Wanger
- Photographie : Winton C. Hoch, William V. Skall, Joseph A. Valentine
- Montage : Frank Sullivan
- Direction artistique : Richard Day
- Décors : Casey Roberts, Joseph Kish
- Costumes : Dorothy Jeakins, Barbara Karinska
- Musique : Hugo Friedhofer
- Editeurs : L’Atelier d’images / The Corporation
- Distributeur : Arcadès
- Tarif : 14,99 € (DVD) 19,99 € (Blu-Ray)
- Langue : anglais, français / sous-titres français – Son Mono – Format 1,33 couleur
- Durées : 2h25 – 1h38
- Distribution initiale : RKO Radio Pictures
- Date de sortie initiale : 11 novembre 1948 (Etats-Unis), 21 octobre 1949 (France).
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