Synopsis : Pour sauver l’homme qu’elle aime de la prison, Mathilde prend sa place en lui permettant de s’évader. Alors que sa survie en milieu carcéral ne dépend que de lui, Mathilde n’en reçoit plus aucune nouvelle. Isolée, soutenue uniquement par son fils, elle répond désormais au numéro d’écrou 383205-B. Mathilde deviendra-t-elle une taularde comme une autre ?
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Pour son cinquième long-métrage, après Une histoire banale ou encore Toi, moi, les autres, Audrey Estrougo choisit comme décor l’univers d’une prison pour femmes. Si elle collabore pour la première fois avec Sophie Marceau, qui campe le personnage central, elle retrouve Marie-Sohna Condé, Marie Denarnaud et Benjamin Siksou. La Taularde nous plonge donc en apnée dans le monde carcéral sans concession. Pour renforcer la sensation d’étouffement, aucune séquence ne se déroule en dehors des murs de la maison d’arrêt. À travers l’histoire de Mathilde, les rouages du système pénitentiaire sont exposés de manière chirurgicale. L’héroïne, une intellectuelle issue d’un milieu aisé, doit côtoyer des codétenues, issues de classes sociales nettement moins favorisées que la sienne. Évidemment, les différences de castes ne facilitent pas le séjour de Mathilde et l’on suit dès lors le quotidien de ces femmes au passé lourd et tragique. Entre nuits de cauchemars, drogue, trafics, promenades et parloirs, les jours se ressemblent mais n’accordent que peu de répit. La Taularde poursuit la lignée d’œuvres majeures comme Un Prophète, Les poings contre les murs, R ou encore Ombline. Audrey Estrougo ajoute sa pierre à l’édifice en développant une vision crue et documentée. Elle exploite le thème en profondeur et propose une galerie de portraits de femmes, servis par de formidables actrices. À leur tête figure Sophie Marceau, qui obtient ici l’un de ses plus grands rôles. Elle livre une prestation criante de vérité et se présente sans fard, écorchée vive, mais aussi éperdument amoureuse. Son aventure infernale captive tout autant que sa performance fascine. La grande réussite de La Taularde réside également dans sa mise en scène audacieuse et fulgurante. La caméra scrute au plus près les protagonistes par des gros plans appuyés. Il en résulte une expérience haletante où l’on se retrouve happé par ce qui se passe à l’écran. Nos nerfs deviennent à vif face à une telle violence exacerbée et à une tension maximale. Grâce à un déroulement habile, parsemé de nombreux rebondissements, Audrey Estrougo livre un drame abouti, puissant et marquant. Le système carcéral français, générateur de tant de brutalité est-il une machine à broyer l’humain ? Quelle sorte d’espoir peuvent entretenir les détenus ? Comment améliorer leurs conditions de vie, mais aussi celles du personnel ? Avec Sophie Marceau en égérie, réelle prétendante au César 2017 pour sa performance, La Taularde s’annonce comme l’un des temps forts de la rentrée au cinéma.
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Christophe Binet
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- LA TAULARDE réalisé par Audrey Estrougo en salles le 14 septembre 2016.
- Avec : Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny, Alice Belaïdi, Eye Haidara, Pauline Burlet, Nailia Harzoune, Aurore Broutin, Marie-Sohna Condé, Adrien Siksou, Julie Gayet…
- Scénario : Audrey Estrougo, Agnès Caffin
- Production : Sylvain Goldberg, Serge de Poucques
- Photographie : Guillaume Schiffman
- Montage : Céline Cloarec
- Décors : Emmanuelle Cuillery
- Costumes : Hyat Luszpinski
- Distribution : Rezo Fims
- Durée : 1h40
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