Synopsis : L’histoire vraie de Barry Seal, un pilote arnaqueur recruté de manière inattendue par la CIA afin de mener à bien l’une des plus grosses opérations secrètes de l’histoire des Etats-Unis.
♥♥♥♥♥
Présenté en ouverture au Festival du Cinéma Américain de Deauville, le nouveau film de Tom Cruise, enfin de Doug Liman (La mémoire dans la peau, Edge of Tomorrow), vient re-colorer une année 2017 assez terne pour le dernier héros du cinéma américain (Jack Reacher 2, La Momie). Avec son escouade attitrée de scénaristes et réalisateurs (Doug Liman, Jopseh Kosinski, Christopher McQuarrie) qu’il emmène dorénavant partout, Cruise laisse de côté les héros pour jouer un pilote arnaqueur, qui a quitté la TWA, et à l’histoire vraie complètement délirante. Visant un ton décalé et satirique, Barry Seal : American Traffic affiche une influence scorsesienne (voix-off, regard caméra) avec ce thème de l’ascension et de la chute d’un zéro devenu héros. L’histoire rocambolesque de Barry Seal méritait sûrement un traitement aussi foutraque, un filmage frénétique et une narration chaotique. Un déferlement d’images et d’informations qui peut sans doute saturer, car le film a tendance à se désintéresser de ses personnages (l’agent de la CIA, la femme poupée Barbie, les mafieux latinos). Doug Liman se focalise essentiellement sur son histoire vraie et surtout l’énergie comique de sa star. L’aspect satirique y est tellement recherché, avec ses images d’archives reprenant des discours trompeurs de Jimmy Carter ou de Ronald Reagan, que toute la dimension critique (les guerres au Nicaragua, l’ingérence américaine) y est reléguée quasiment hors cadre. L’ironie prime à tout prix ; le héros n’ayant de cesse de déclamer sa flamme pour ce « merveilleux » pays capitaliste où le rêve est à portée de mains. Voyageant de pays en pays, de régions en régions, ici toutes interchangeables, pour faire son traffic de cigares, de drogues puis d’armes dans son avion supersonique, Barry Seal enchaîne les succès aussi vite que les déconvenues, tentent de contenter tous ses employeurs (CIA, le cartel de Medellin, le gouvernement) et finit par toucher au bonheur, du moins pendant une petite décennie (1978-1986). Suffisant pour raconter son histoire, oui. Car il n’y a qu’aux États-Unis où des histoires comme celle-ci existent et viennent grossièrement nourrir son imaginaire, sa morale et son idéologie. Divertissement sous amphétamine, Barry Seal : American Traffic est un pur film de Tom Cruise. Infatigable et surexcité à l’image de son personnage, la star est toujours aussi généreuse dans l’effort, preuve que ses deux derniers films n’étaient pas le début d’un possible déclin. Inoxydable, l’icône court toujours.
.
.
.
- BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC (American Made)
- Sortie salles : 13 septembre 2017
- Réalisation : Doug Liman
- Avec : Tom Cruise, Sarah Wright, Domhnall Gleeson, E. Roger Mitchell, Jesse Plemons, Caleb Landry Jones, Alejandro Edda, Lola Kirke…
- Scénario : Gary Spinelli
- Production : Brian Grazer, Doug Davison, Brian Oliver, Tyler Thompson, Kim Roth, Chevy Chen
- Photographie : Cesar Charlone
- Montage : Andrew Mondshein
- Décors : Dan Weil
- Musique : Christophe Beck
- Distribution : Universal Pictures
- Durée : 1h55
.