Synopsis : Suite à un accident sur un réacteur à particules, la station spatiale Cloverfield constate que la Terre a disparu. Les scientifiques à bord de la station vont alors être confrontés à d’étranges phénomènes, liées de prêts à des réalités parallèles, qui se superposent.
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Après deux opus au succès grandissant, Cloverfield et 10 Cloverfield Lane, J.J. Abrams et Paramount continuent leur stratégie de communication mystérieuse avec The Cloverfield Paradox. À la surprise générale, ce troisième chapitre, prévu à l’origine sur grand écran, a finalement été diffusé directement sur Netflix à la fin du Super Bowl. L’action prend donc place à l’intérieur de la station spatiale Cloverfield, dans laquelle une petite équipe de chercheurs étudie depuis deux ans le Boson de Higgs, surnommé « particule de Dieu ». Cette première particule élémentaire donne la masse à toutes les autres particules de notre univers, représentant ici le dernier espoir d’une humanité qui a épuisé les ressources de la planète. Ces scientifiques ont donc la tâche de produire une énergie infinie pour éviter une éventuelle guerre mondiale. Ainsi, après un accident avec leur accélérateur à particules, l’équipage découvre que la Terre a disparu et des événements étranges se déclenchent. On observe un contexte plutôt crédible de fin du monde, une tension palpable dans l’atmosphère terrestre et des conflits territoriaux qui s’amplifient de jour en jour. La mission de nos héros n’en est que plus importante et d’emblée on remarque quelques tensions entre les membres issus des quatre coins du monde. Un huis clos à l’ambiance conflictuelle, à l’image des événements sur Terre. Idée intéressante, mais vite balayée par des personnages mal développés, comme celui de Chris O’Dowd avec ses interventions comiques et son bras coupés, ou la chercheuse chinoise (Ziyi Zhang) qui, ne sachant pas parler anglais, contraint tout l’équipage à lui parler chinois.
The Cloverfield Paradox attire néanmoins l’attention, car il nous offre enfin un lien entre les trois films. Lien impossible à tracer entre le premier et le second opus. En effet, la station spatiale Cloverfield va créer un paradoxe temporel et interdimensionnel, élucidant alors ce qu’il y avait d’étrange dans les histoires précédentes. Ce qui explique aussi pourquoi le prochain film de la licence, Overlord, a prévu de se dérouler pendant la Seconde Guerre mondiale. Le thème est original, on se laisse prendre par cette histoire, bien que parler de paradoxes aussi complexes en moins de deux heures, soit une gageure. Car quand on s’aperçoit que la résolution du problème principal de nos héros n’est due qu’à un oubli d’appui sur un bouton, le peu de confiance placé dans les personnages s’envole. Pourtant, le rythme est bien mené mais entre twists étonnants et trop prévisibles, l’inégalité du scénario a eu raison de notre patience. On passe maladroitement du film de science-fiction au film d’horreur puis au drame via de multiples sous-intrigues biscornues.Â
La peur est ici suggérée par l’incompréhension des protagonistes, grandement partagée par le spectateur, et qui finit par être redondante. The Cloverfield Paradox propose aussi des flashbacks sur Terre centrés sur le passé de l’héroïne, incarnée par Gugu Mbatha-Raw. Passé qui avait un vrai potentiel dramatique et qui aurait pu s’inscrire dans ce contexte de paradoxe temporel. Hélas, tout est trop vite expédié. Le récit se perd ainsi sous une avalanche de sujets, à l’image de la mise en scène regrettable de Julius Onah (The Girl Is in Trouble). Les choix de cadrages sont discutables et les scènes d’action difficilement lisibles. Citons en exemple une scène dans l’Espace, où les mouvements saccadés des personnages, filmés trop serrés, donnent un effet de Shaky-Cam épuisant.
Avec un budget supérieur à ses prédécesseurs, The Cloverfield Paradox, qui a eu des retours négatifs publics et critiques, risque de tomber dans l’oubli aussi vite qu’il nous a été servi par Netflix. Paramount a néanmoins fait le bon choix de le soumettre à la plateforme de streaming, lui évitant un échec au box office. Ce film de science-fiction maladroit avait pourtant les qualités pour s’inscrire dans la franchise, créant le chaînon manquant qui expliquerait le lien entre les deux films et, par extension lié à cette fameuse particule, le monde qui nous entoure. Dommage.
Anthony Assandri
- THE CLOVERFIELD PARADOX
- Date de diffusion : 4 février 2018
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Réalisation : Julius Onah
- Avec : Gugu Mbatha-Raw, David Oyelowo, Daniel Brül, John Ortiz, Chris O’Dowd, Aksel Hennie, Ziyi Zhang et Elizabeth Debicki.
- Scénario : Oren Uziel, d’après une histoire d’Oren Uziel et Doug Jung
- Production : J.J.Abrams et Lindsey Weber
- Photographie : Daniel Mindel
- Montage : Alan Baumgarten
- Décors : Doug J. Meerdink
- Costumes : Susan Lee
- Musique : Bear McCreary
- Durée : 1h 42