The Disaster Artist de James Franco : critique

Publié par Erwin Haye le 6 mars 2018

Synopsis : En 2003, Tommy Wiseau, artiste passionné mais totalement étranger au milieu du cinéma, entreprend de réaliser un film. Sans savoir vraiment comment s’y prendre, il se lance et signe The Room… le plus grand nanar de tous les temps.

 

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The Disaster Artist - affiche

The Disaster Artist – affiche

Plaisir réservé à une niche cinéphilique longtemps considérée comme douteuse, le goût du nanar a depuis quelques années dépassé les frontières de son audience intime pour s’imposer aux yeux d’un plus large public. Cette nouvelle délectation de masse, quelque peu snobinarde, n’a pas échappé à des productions opportunistes abreuvant ces nouveaux spectateurs de pseudo-nanars remplis de méga-requins tueurs volants. Dans cette admiration ambiante pour les œuvres « indignes », il n’en fallait pas plus pour que James Franco, Seth Rogen et leur bande hollywoodienne s’engouffrent dans la brèche en s’emparant du nanar ultime. Avec son étiquette du plus mauvais film de tous les temps, l’inénarrable The Room (2003) de l’improbable Tommy Wiseau se présente en candidat idéal pour amener le nanar dans la sphère grand public. Directement adapté des mémoires de Greg Sestero, acteur de premier plan dans cette odyssée tragique, The Disaster Artist relate le parcours rocambolesque d’un naufrage annoncé, celui de Tommy Wiseau, personnage chimérique déterminé à s’imposer à Hollywood par la force de son talent. Seul hic, il n’en a pas. Après un tournage des plus chaotiques, The Room ne rapporte que 1800 dollars de recettes en deux semaines d’exploitation, pour un budget exorbitant de plus de 6 millions. Ce triste chemin vers l’oubli prend fin lorsque deux étudiants en cinéma remarquent le film et décident de se dévouer corps et âmes pour le sauvegarder à l’affiche. Très vite, le phénomène prend pied et The Room poursuit avec succès sa carrière en salles devant un parterre complètement hilare. Tommy Wiseau a fini par remporter son pari, certainement pas de la manière dont il l’aurait espéré.

 

James Franco - The Disaster Artist

James Franco – The Disaster Artist

 

Dans le récit totalement invraisemblable de cette œuvre cauchemardesque, The Disaster Artist en a puisé la substantifique moelle de l’absurde pour créer une comédie hommage. Une formule gagnante fonctionnant sur la majeure partie du film, où le rire n’entrave pas, ou presque, l’estime que l’on peut avoir pour le génie involontaire de Tommy Wiseau. Dans cet exercice complexe, James Franco traduit avec une certaine justesse la candeur et l’extravagance de sa personnalité fantasque. Même si, à de rares instants, l’acteur-réalisateur semble cabotiner par excès de mimétisme, son profond désir de coller à son sujet transparaît dans chaque détail de son jeu. Dès lors, le point fort de The Disaster Artist réside dans sa volonté de faire revivre l’expérience The Room. Un travail impressionnant de reconstitution à mettre à l’actif de l’ensemble de la direction artistique, Chris L. Spellman aux décors, Brenda Abbandandolo aux costumes et Sweet Pea Vaughn aux maquillages. Une énergie collective qui comporte cependant une ombre au tableau, la performance apathique de Dave Franco (Greg Sestero) frisant le ridicule avec ses mèches blondes et sa barbe jaune poussin.

 

Dave Franco et James Franco - The Disaster Artist

Dave Franco et James Franco – The Disaster Artist

 

Sous ses airs de divertissement bien ficelé, The Disaster Artist gâche un sujet en or servi sur un plateau d’argent, enchaînant les raccourcis, les faux pas et les maladresses. En privilégiant les ressorts comiques et les private jokes superflues, James Franco effleure à peine l’incroyable fable cynique que constitue l’épopée The Room sur l’industrie hollywoodienne. Si l’on ne doute pas des intentions de base de l’acteur américain à rendre hommage à l’un des pires réalisateurs, acteurs et producteurs de l’histoire du cinéma, il passe néanmoins à côté des questions qui animaient le très proche Ed Wood de Tim Burton. À savoir, où se situe la frontière entre le génie et le médiocre et par extension celle entre l’artiste et le doux rêveur. Pour un aperçu plus étendu sur ces interrogations, on préférera se pencher sur l’excellent ouvrage de Greg Sestero et du journaliste Tom Bissell, The disaster artist, ma vie avec The Room, le film le plus génialement nul de l’histoire du cinéma, spécialement édité en France par Carlotta Films. Malgré ses qualités d’interprétation et son efficacité comique, le film de James Franco s’avère n’être qu’une porte ouverte aux profanes du monde merveilleux des nanars.  La grande ironie de cette histoire étant que le plus mauvais de The Room survivra indubitablement au meilleur de The Disaster Artist.

 

 

 

  • THE DISASTER ARTIST
  • Sortie salles : 7 mars 2018
  • Réalisation : James Franco
  • Avec : James Franco, Dave Franco, Seth Rogen, Alison Brie, Ari Graynor, Jacki Weaver, Josh Hutcherson, Zac Efron, Bryan Cranston, Sharon Stone, Melanie Griffith…
  • Scénario : Scott Neustadter, Michael H. Weber, d’après l’œuvre de Greg Sestero et Tom Bissell
  • Production : Vince Jolivette, Seth Rogen, James Franco, Evan Goldberg, James Weaver
  • Photographie : Brandon Trost
  • Montage : Stacy Schroeder
  • Décors : Chris L. Spellman
  • Costumes : Brenda Abbandandolo
  • Musique : Dave Porter
  • Distribution : Warner Bros. France
  • Durée : 1h44

 

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