Synopsis : Impitoyable et cruel chef du cartel de Medellin, Pablo Escobar est le criminel le plus riche de l’Histoire avec une fortune de plus de 30 milliards de dollars. « L’empereur de la cocaïne » met la Colombie à feu et à sang dans les années 80 en introduisant un niveau de violence sans précédent dans le commerce de la drogue. Fascinée par son charisme et son pouvoir, la très célèbre journaliste Virginia Vallejo, va s’apercevoir qu’on ne s’approche pas de l’homme le plus dangereux du monde impunément…
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Les histoires de Pablo Escobar continuent d’être comptées au cinéma ou en série, comme Narcos diffusée sur Netflix. Deux ans après A Perfect Day, diffusé à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, l’Espagnol Fernando Leon de Aranoa tente de se frotter à la légende. Le titre français plutôt trompeur Escobar (Loving Pablo, en anglais) relate les faits à travers le récit d’une journaliste qui a vécu une histoire d’amour avec lui. Virginia Vallejo va donc rapidement être charmée par l’aura de cet homme charismatique mais se rendra vite compte que lorsque la violence s’intensifie entre lui et ses adversaires, le danger s’expose à elle. Il n’est pas évident de passer après tant d’oeuvres qui ont traité du cas Escobar et c’est bien le problème de ce film, initié entre autres par Dany Boon en tant que producteur délégué, qui n’apporte rien de neuf à sa légende ou à sa description. En choisissant de raconter l’histoire d’amour entre cette journaliste et le trafiquant, on aurait pu s’attendre à un angle d’attaque un peu inédit mais il n’en est rien. Le premier problème du film, adapté du livre Loving Pablo, Hating Escobar de Virginia Vallejo, est que la relation entre les deux personnages peine à être tangible alors qu’elle est censée être le point central. Difficile alors de s’y raccrocher pour trouver quelque chose de neuf dans ce récit qui expose ce qu’on connaît déjà. De plus, relater une période aussi vaste -de l’ascension à la chute du criminel- en deux heures est un pari impossible à tenir pour Aranoa. L’histoire est ainsi condensée, avec un rythme en dent de scie et un montage brouillon qui enchaîne les scènes rapides accompagnées d’une voix-off envahissante.
Escobar est dénué d’atmosphère prenante, la faute à un manque d’ambition esthétique évident qui penche plutôt du côté du téléfilm de luxe. Les scènes de fusillades, d’exécution et de menaces au langage fleuri sont systématiques et redondantes, au point de rendre ennuyeux et parfois risible une épopée pourtant extraordinaire. L’interprétation de son couple d’acteurs stars, que l’on retrouvera au Festival de Cannes dans Everybody Knows d’Asghar Farhadi, peut au mieux intriguer, au pire irriter pour des raisons distinctes. Javier Bardem n’est pas tellement à blâmer pour son jeu d’acteur mais doit composer avec des prothèses physiques trop visibles et des dialogues, souvent à base d’insultes envers ceux qui se mettent en travers de son chemin. Ce qui ramène trop souvent et de façon peu subtile le personnage à sa fonction première de méchant psychopathe. Penelope Cruz surjoue, passant une bonne partie de son temps à minauder quand l’écriture de son personnage ne la force pas à pousser régulièrement des cris d’effroi qui sonnent faux. Quant à Peter Sarsgaard, il offre une pâle opposition en agent de la DEA dont les apparitions sont réduites au strict minimum.
Au vu des forces en présence et du potentiel d’origine, Escobar s’avère donc une déception. On sauve malgré tout quelques passages réussis (en prison lorsque Escobar fend un peu l’armure) mais qui sont bien trop éparses, laissent un goût d’inachevé et donnent plutôt envie de revoir d’autres œuvres plus pertinentes sur le personnage.
- ESCOBAR (Loving Pablo)
- Sortie salles : 18 avril 2018
- Réalisation : Fernando Leon de Aranoa
- Avec : Javier Bardem, Penelope Cruz, Peter Sarsgaard, Julieth Restrepo, Oscar Jaenada, Santiago Soto, Quique Mendosa, Ariel Sierra, Julio Navas, Juan Sebastian Calero…
- Scénario : Fernando Leon de Aranoa d’après l’oeuvre de Virgnia Vallejo
- Production : Dean Nichols, Javier Bardem, Ed Cathel III, Kalina Kottas, Miguel Menendez de Zubillaga, Avi Lerner, John Thompson, Alexander Kenanov
- Producteur Délégué : Dany Boon, Yaël Boon, Todd Nichols, Jere Hausfater
- Photographie : Alex Catalan
- Montage : Nacho Ruiz Capillas
- Costumes : Loles Garcia Galean, Wonda Morales Slaska
- Musique : Federico Jusid
- Distribution : SND
- Durée : 2h03