Synopsis : Katie, jeune femme du Sud-Ouest Américain rêve d’une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premiers amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile. Sa ténacité et sa jeunesse seront mises à l’épreuve par ceux qu’elle aime le plus au monde.
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Souvent, les récits sur l’adolescence montrent à l’écran la réalisation d’un parcours initiatique. L’originalité de Katie Says Goodbye est de mettre en scène le combat de Katie (Olivia Cooke) pour accéder à une possibilité de construire sa vie future. Pour cela, elle doit partir de sa petite ville dans l’Arizona, un lieu abandonné et violent, où il n’y a pas de place pour son épanouissement personnel. L’adolescente est prisonnière de l’endroit où elle se trouve et ce qui vient de l’extérieur la fascine, comme le train qu’elle voit tous les jours en allant travailler ou le mutique Bruno (Christopher Abbott). L’histoire possède une dimension intemporelle, renforcée par le contexte de cette petite ville qui vit repliée sur elle-même et où le temps semble s’être figé, tant les perspectives d’évolution y sont inexistantes. Bien que se déroulant dans un paysage correspondant à un certain imaginaire collectif de la working class américaine, le regard que porte Katie Says Goodbye sur la vie peut s’appliquer à n’importe quel lieu ou époque. Ce long-métrage est également assez éloigné des teen movies purement contemplatifs, avec des adolescents qui rêvent d’un futur plus prometteur et où la seule action qu’ils entreprennent est l’attente. L’environnement rude dans lequel évolue Katie, différent de la banlieue paisible habituelle, crée une urgence, il l’oblige à agir vite pour pouvoir s’en évader. La jeune fille se retrouve submergée par les nécessités quotidiennes auxquelles elle doit faire face. Ici, l’opposition à l’injustice ne se fait pas par la révolte violente mais par l’accomplissement d’une fuite vers ailleurs. La douceur caractéristique de Katie est une manifestation de son rejet de la cruauté et de la brutalité qui l’entourent. Le contraste entre cette petite serveuse radieuse dans son uniforme pastel typique des diners américains et la ville hostile où elle habite est souligné par l’image à la fois lumineuse et poussiéreuse.
Katie Says Goodbye est filmé caméra à l’épaule, au plus proche de l’héroïne, à l’état brut sans esthétisation artificielle. Cela additionné aux nombreux gros plans sur le visage de Katie subliment la personnalité et les émotions de l’héroïne, créant ainsi une vraie empathie, une proximité, avec elle. La fraîcheur radieuse d’Olivia Cooke n’est pas sans rappeler Adrienne Shelly dans les premiers long-métrages de Hal Hartley. Katie peut être considérée comme une Audry, certes d’origine plus modeste, moins chanceuse et cynique, du sud-ouest américain. S’il est évident que c’est l’interprétation d’Olivia Cooke qui porte le film, tous les acteurs sont d’une justesse saisissante dans l’incarnation des personnages ambigus qui constituent l’entourage de la jeune protagoniste. Des performances d’autant plus impressionnantes que la majorité des scènes ont été tournées en une seule prise afin d’être plus authentiques.
Premier long-métrage réussi de Wayne Roberts, Katie Says Goodbye s’inscrit dans un triptyque. Le second volet, Richard Says Goodbye, avec Johnny Depp dans le rôle principal, suit Richard, un professeur qui découvre qu’il a un cancer en phase terminal. Enfin, dans le dernier épisode de cette trilogie, Billie Says Goodbye, il est question de Billie, une femme atteinte d’Alzheimer qui décide de mettre fin à ses jours tant qu’elle est encore lucide, et de la suite des histoires de Katie et Richard. Les destins des trois protagonistes finissent par se croiser rappelant l’universalité des sujets abordés par cette triade cinématographique.
Erica Farges
- KATIE SAYS GOODBYE
- Sortie salles : 18 avril 2018
- Réalisation : Wayne Roberts
- Avec : Olivia Cooke, Christopher Abbott, Mireille Enos, Mary Steenburgen, Jim Belushi, Chris Lowell, Nate Corddry, Natasha Bassett, Keir Gilchrist, Mike Miller…
- Scénario : Wayne Roberts
- Production : Eric Schultz, Carlo Sirtori, Jake Wasserman, Kimberly Parker, David Steiner, Benjamin Steiner
- Photographie : Paula Huidobro
- Montage : Sabine Emiliani
- Décors : Tania Bijlani
- Costumes : Amit Gajwani
- Musique : Dan Romer
- Distribution : Bodega Films
- Durée : 1h28