Kong Skull Island de Jordan Vogt-Roberts : critique

Publié par Yvan Lozac'hmeur le 12 mars 2017

Synopsis : Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cÅ“ur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…

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Kong Skull Island - affiche

Kong Skull Island – affiche

Le roi Kong et souverain d’honneur des grands monstres est enfin de retour sous la houlette de Jordan Vogt-Roberts qui signe ici sa première superproducton hollywoodienne. Pour relever le défi de tout ce gigantisme, le réalisateur propose un nouveau visage, entre classicisme et vision japonaise. Depuis le King Kong conçu par Willis O’Brien dans les années 1930, l’imposant gorille a fait du chemin mais parvient encore à conserver toute sa profonde humanité dans Kong : Skull Island. C’était sans doute le plus important. Pourtant tout est ici décuplé : la créature colossale est en effet un bipède mesurant 30 mètres de haut. Une différence de taille donc comparée aux versions de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper (1933), de John Guillermin (1976) et de Peter Jackson (2005). Cette nouvelle dimension, qui s’inspire des Kaijus, ces fameux monstres japonais immenses, prépare la mise en place d’une franchise qui verra dans le futur le Godzilla de Gareth Edwards, se confronter à Kong dans un film à leur effigie prévu pour 2020. Un duel au sommet déjà mis en scène par Hishirô Honda en 1962. L’influence des productions Toho s’inscrit également dans les choix typographiques et les clins d’œil à l’univers de Hayao Miyazaki, avec ses créatures et sa fibre écologiste, jusqu’aux plans symboliques du lever du soleil sur le Pacifique. Kong : Skull Island se construit dès lors comme un pulp. Cette filiation impose un ton, une mise en scène et des codes qui valent au film de flirter avec le nanar pour le public. Pourtant, Jordan Vogt-Roberts réussit cet exercice d’adaptation pulp sur grand écran, avec une certaine maîtrise.

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Kong Skull Island

Kong Skull Island

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Le récit, coécrit par Dan Gilroy, Derek Connolly et John Gatins, suit un groupe d’aventuriers et de scientifiques, avec un héros charismatique et débrouillard, accompagné d’une belle compagne en devenir, sur un territoire hostile et inexploré. Tom Hiddleston incarne un aventurier proche d’un Nathan Drake (Uncharted), vétéran de l’armée, dont le charme et l’humour attirent la sympathie aisément. Brie Larson propose, elle, une photographe engagée et téméraire en quête d’extraordinaire qui rappelle la Polly Perkins du Captain Sky de Kerry Conran jouée par Gwyneth Paltrow. Ces deux personnages centraux évoluent au milieu d’un vivier de protagonistes volontairement clichés, des pilotes blagueurs au guide naufragé en passant par l’officier assoiffé de sang campé par Samuel L. Jackson dont l’interprétation peut diviser les avis.

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Kong : Skull Island puise bien sûr ses références explicitement dans Apocalypse Now, entre la jungle de cette île du Crâne et de celle iconique de la guerre du Vietnam. La photographie de Larry Fong intensifie toute sa dimension chromatique avec cette teinte orangée flamboyante. La mise en scène renforce l’ensemble à travers cette envolée d’hélicoptères, ces enceintes embarquées et cette composition musicale qui laisse de nombreux espaces à des classiques de l’époque, de Jefferson Airplanes à Creedance Clearwater Revival. Kong : Skull Island nous immerge aussi dans une atmosphère de survival en mode Predator. Quant à la faune de cette île mystérieuse, ce monde perdu à la Irwin Allen, elle s’en remet à un joyeux mashup des créatures de Toho.

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Kong Skull Island

Kong Skull Island

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Le principal reproche que l’on peut faire au film est son absence de scénario approfondi. Cependant là encore, il s’agit d’une question d’identité propre à la volonté de son réalisateur. Parutions bon marché, les pulps misaient tout sur le spectaculaire et mettaient le récit au service de l’impossible, l’extravagant, le rocambolesque. Kong Skull Island troque ainsi la psychologie de ses personnages contre un voyage tumultueux, dont l’objectif est de voir ces explorateurs projetés à nouveau dans la chaîne alimentaire et de les laisser en découdre avec des monstres titanesques, eux-mêmes en conflit. Le tout s’insère dans un écrin d’humour outrancier qui renvoie à l’essence teenage du genre. L’œuvre qui en résulte est un exutoire qui peut diviser un public aux attentes décalées. Kong Skull Island n’a pas la prétention de se comparer à la profondeur de ses prédécesseurs, ces deux heures se consomment comme un bon popcorn movie. Un moment ludique où se confrontent d’énormes monstres, à l’instar du Pacific Rim de Guillermo Del Toro. En tant que tel, il remplit son contrat dans le MonsterVerse des studios Warner et Legendary.

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  • KONG : SKULL ISLAND réalisé par Jordan Vogt-Roberts en salles depuis le 8 mars 2017
  • Avec : Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson, John C. Reilly, John Goodman, Corey Hawkins, John Ortiz, Jing Tian…
  • Scénario : Max Borenstein, Dan Gilroy, Derek Connolly
  • Production : Thomas Tull, Jon Jashni, Mary Parent, Alex Garcia
  • Photographie : Larry Fong
  • Montage : Richard Pearson
  • Décors : Stefan Dechant
  • Costumes : Mary E. Vogt
  • Musique : Henry Jackman
  • Distribution : Warner Bros
  • Durée : 1h59

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