Résumé : Chef opérateur réputé, Mario Bava (1914-1980) se fait connaître en 1960 dès son premier film, Le Masque du démon, qui révèle Barbara Steele. En vingt ans et une trentaine de films, ce réalisateur un peu vite classé « habile artisan du cinéma d’épouvante » s’illustre avec brio, et non sans un certain humour autodestructeur, dans des domaines aussi divers que fantastique, western, péplum, comédie, science-fiction, et giallo, genre qu’il crée et que développeront son fils Lamberto Bava, et Dario Argento. Son oeuvre inspire Federico Fellini, Ridley Scott, Martin Scorsese ou Tim Burton. Chez Bava, maître de l’angoisse, coloriste hors pair, le scénario n’est souvent qu’un prétexte à une recherche formelle novatrice. Grâce à des documents inédits, l’historien rend enfin justice à Bava, auteur à part entière. Parmi ses chefs d’oeuvre : Le Masque du démon, Les Trois visages de la peur, Six femmes pour l’assassin et La Baie sanglante.
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Après pas moins de trois éditions en langue italienne, le Mario Bava d’Alberto Pezzotta, enseignant à l’Université de Milan et historien du cinéma italien, est à présent rendu accessible aux cinéphiles français. Une belle initiative due aux éditions de La Tour Verte et à l’excellent travail de traduction (et d’annotation) proposé par Edgard Baltzer. Il faut d’abord remarquer le caractère inédit de ce nouveau texte. Dans sa préface (rédigée spécialement pour l’édition française), Pezzotta signale en effet que cette quatrième mouture profite plus qu’elle n’accuse le passage du temps. De l’enthousiasme des débuts se substitue aujourd’hui une distanciation critique plus objective mais non moins passionnée. La perspective principale de l’ouvrage se déporte donc du côté d’une mise à l’épreuve profitant d’une approche chronologique somme toute classique mais qui a le mérite d’éclairer dans son ensemble une œuvre aussi hétéroclite que cohérente. Avec une rigueur toute scientifique, Pezzotta retrace les différentes étapes de la carrière de Bava, et à travers elles analyse les grands traits de la personnalité artistique du réalisateur. De ses débuts comme chef-opérateur à ses pièces maîtresses (Le Masque du démon ; Six femmes pour l’assassin ; Opération peur ; La Baie sanglante), l’auteur prend soin d’étudier le fond et les formes d’une filmographie foisonnante. Écartant les pistes d’interprétation par trop auteuristes (et dont les limites se font rapidement sentir), Pezzotta privilégie l’exploration socio-économique des films, un aspect trop souvent écarté des études françaises consacrées au cinéma de genre transalpin. Articulée autour d’une analyse stylistique approfondie du cinéma de Bava, cette perspective assure à elle seule l’originalité de la recherche. Il faut encore signaler le soin tout particulier apportée à la mise en page. Outre la belle couverture représentant la célèbre affiche du Masque du démon, les éditions de La Tour Verte ont eu la bonne idée d’enrichir leur format poche d’une iconographie fournie. Ces petites vignettes agrémentent la lecture, mais s’offrent surtout comme des citations permettant d’illustrer les pistes de réflexion engagées par l’auteur.
- MARIO BAVA. UN DÉSIR D’AMBIGUÏTÉ
- Auteur : Alberto Pezzotta
- Traduction : Edgard Baltzer
- Éditions : La Tour Verte
- Collection : La muse celluloïd
- Date de parution : 8 mars 2018
- Format : 314 pages
- Tarif : 21 €