Synopsis : Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.
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Bohemian Rhapsody est un voyage. Un voyage dans l’histoire d’un des plus grands groupes de rock de tous les temps. Raconter cette épopée musicale témoigne d’une ambition colossale et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Hollywood a mis du temps avant de pouvoir y parvenir. Dans les tuyaux depuis 2010, le projet est passé entre de nombreuses mains, avec en premier Sacha Baron Cohen, pour arborer la célèbre moustache avant que Rami Malek ne décroche le rôle de l’icône avant-gardiste. Pas facile de trouver un acteur qui convienne à Roger Taylor et Brain May. En effet, les deux membres de Queen ont été très impliqués dans la genèse du film. À la barre, c’est Bryan Singer qui hérite finalement du projet mais le réalisateur est renvoyé pour manque de professionnalisme. C’est donc Dexter Fletcher, auparavant pressenti, qui reprend les commandes et termine le projet, sans être crédité au générique. Malgré une production lente et laborieuse et de multiples conflits entre le réalisateur et l’équipe, Bohemian Rhapsody naît-IL sous une bonne étoile ? Difficile d’imaginer une tâche plus gargantuesque que celle de vouloir donner vie à THE drama Queen. Au-delà du mimétisme, Rami Malek tente d’insuffler un maximum de nuances au personnage et d’en faire autre chose qu’un génie incompris et solitaire. Sa performance devient de plus en plus magnétique à mesure que l’on s’habitue à cette prothèse dentaire qui a dû fortement handicaper l’acteur. Sans trop en faire, l’interprète de Farrokh Bulsara s’abandonne entièrement dans une prestation habitée qui devrait lui ouvrir de nombreuses portes.
Mais Bohemian Rapsody n’est pas l’histoire d’un seul homme, et Freddie Mercury ne serait rien sans les gens qui l’entourent mais ce que le film dit, il ne le montre pas. Le script délaisse l’entourage du chanteur, pourtant intéressant et dépeint par une pléiade d‘artistes talentueux. La relation avec Mary Austin, les conflits avec Roger, Jim et John devraient justement constituer le cœur de l’intrigue et sont malheureusement survolés. Gwilym Lee alias Brian May aurait particulièrement pu bénéficier d’un temps de présence à l’écran plus important. Bohemian Rhapsody se heurte à une difficulté supplémentaire, celle de représenter la création musicale. Dans le but de représenter un maximum de moments phares de leur carrière, l’histoire de Queen est fantasmée au lieu d’être explorée. Le scénario effleure aussi timidement les zones d’ombres du jardin secret de Mercury, que ce soit sa sexualité ou ses problèmes de drogues et ne tait pas la maladie. Ce choix narratif justifie sa distance en évoquant le désir du mélomane de laisser en héritage sa musique et non pas l’homme caché derrière. Dommage car l’intérêt du projet résidait justement dans l’exploration de cette intimité.
Heureusement, la bande originale dynamise le récit et chaque scène de concert nous rappelle pourquoi le groupe britannique mérite sa place au panthéon de la musique. Durant ces interludes, Rami Malek galvanise autant son audience que les spectateurs et nous électrise sur notre fauteuil. Chaque morceau culte est intelligemment utilisé pour faire écho à l’intrigue, comme par exemple la scène de l’hôpital avec Who want to live forever qui est un véritable crève-cœur. L’apogée du groupe et celui du film est incontestablement le concert Live Aid dont la reconstitution est bluffante de réalisme. Si l’envie vous prend de taper des pieds et des mains, vous n’êtes pas les seuls. Quoi qu’on en pense, Bohemian Rhapsody aura le mérite de faire découvrir le répertoire de Queen à toute une nouvelle génération et rien que pour cette raison, ce serait dommage de rater ça.
Hugo Martinez
- BOHEMIAN RHAPSODY
- Sortie salles : 31 octobre 2018
- Réalisation : Bryan Singer (et Dexter Fletcher)
- Avec : Rami Malek, Ben Hardy, Mike Myers, Joseph Mazzello, Gwilym Lee, Lucy Boynton, Aidan Gillen, Allen Leech, Tom Hollander, Aaron McCusker, Michelle Duncan.
- Scénario : Anthony McCarten, Peter Morgan
- Production : Jim Beach, Dexter Fletcher, Richard Hewitt, Graham King, Brian May, Arnon Milchan, Denis O’Sullivan, Peter Oberth, Jane Rosenthal, Bryan Singer, Roger Taylor
- Photographie : Newton Thomas Sigel
- Montage : John Ottman
- Décors : Aaron Haye
- Costumes : Julian Day
- Musique : John Ottman
- Distribution : 20th Century Fox
- Durée : 2h14