Coffret 40e anniversaire / Zombie de George A. Romero : critique 

Publié par Sévan Lesaffre le 23 mai 2019

Synopsis : Soudain, sans qu’aucun signe précurseur ne l’ait annoncé, un phénomène inexpliqué se produit : les morts se redressent et s’attaquent aux vivants pour les dévorer. Une pandémie à l’échelle de la planète. Tandis que la civilisation bascule dans le chaos, quatre survivants quittent la ville dans un hélicoptère. À court de carburant, ils se barricadent dans un gigantesque centre commercial. Commence alors une nouvelle nuit de terreur…

 

♥♥♥♥

 

Zombie - coffret

Zombie (Dawn of the Dead) – coffret

« Quand il n’y plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre ». Pièce maîtresse d’une saga en six chapitres qui débute en 1968 avec La Nuit des Morts-Vivants et s’achève en 2009 avec Survival of the Dead, Zombie / Dawn of the Dead (1978), considéré comme un grand classique du cinéma d’horreur, constitue un sommet dans l’œuvre de George A. Romero. Société de consommation répressive, individualisme, révolte, nihilisme, aliénation, humanité menacée : toutes ces thématiques s’interpellent dans la filmographie du cinéaste allant de l’ultra-violence quasi-jouissive à l’horreur psychologique, abstraite. Inventeur de la figure moderne du zombie, Romero a su transformer radicalement le cinéma horrifique et initier une véritable verve politique de la putrescence. Dans ce quasi huis clos au rythme effréné et à la mise en scène maîtrisée, il dépeint un monde apocalyptique, critique les plaisirs capitalistes, porte un regard sans complaisance sur le devenir de la société moderne et entrevoit le zombie hagard comme cheval de Troie de ses engagements humains, philosophiques et politiques (chez Romero, le zombie n’est pas un monstre « romantique » mais une créature purement pulsionnelle). L’action se déroule dans l’un des premiers centres commerciaux des États-Unis (plus précisément au Monroeville Mall, situé dans la banlieue de Pittsburgh) ; les personnages, bloqués dans ce gigantesque temple du consumérisme, oublient un temps l’apocalypse en cédant à toutes leurs envies, avant de semer la mort. En dépit de quelques longueurs et de la faiblesse psychologique de ses personnages principaux retranchés dans cet hypermarché abandonné et microcosmique, Zombie passe aisément la rampe.

 

Zombie - Dawn of the Dead

Zombie – Dawn of the Dead

 

La force du film tient dans le rythme nerveux très dessin animé des scènes d’action (la dernière partie prend des airs de comic book live ou de cartoon à la Tex Avery), la perfection des maquillages et, surtout des effets spéciaux ultra-violents (avec, entre autres, quelques trouvailles dans la manière d’éliminer les zombies affamés comme celle du tournevis lentement enfoncé dans l’oreille) orchestrés par Gary Zeller (Scanners, Le Dernier dragon, Vigilante) et Tom Savini (Vendredi 13, Maniac, Rosemary’s Killer, Le Jour des Morts-Vivants). Car Zombie, censuré en France jusqu’en 1981, est aussi une œuvre gore : les cervelles explosent, le sang gicle, les entrailles se déversent dans un face à face systématique entre la mort et une vie qui ne tient qu’à un fil.

 

George A. Romero fait également preuve d’un humour constant  – les gags créent un contrepoids incongru avec l’ambiance sinistre de l’ensemble – dans cette vision décapante de la société de consommation poussée à son paroxysme. Romero, pourtant réfractaire à l’idée de tourner cette suite, ne cherche pas en premier lieu à effrayer le public, chose faite avec La Nuit des Morts-Vivants. Ici, il crée la panique par la chorégraphie du suspense, par le détournement des lieux et sait manier, au sein même de l’épouvante, des styles bien différents (on remarque notamment des variations de style narratif et artistique entre La Nuit des Morts-Vivants, Martin, Season of the Witch et ce Zombie par exemple).

 

Zombie - Dawn of the Dead

Zombie – Dawn of the Dead

 

L’horreur sert de prétexte pour exprimer des opinions politiques contestataires. Il existe trois versions du film : le fameux « Director’s cut », puis un second montage américain raccourci à la demande des distributeurs, exécuté lui aussi par Romero, et enfin le montage européen effectué par Dario Argento, alors producteur. Pour l’Europe, le maître de l’horreur à l’italienne propose une variante de 120 minutes, plus rythmée – cet effet est renforcé par l’étrange musique du groupe de rock progressif italien Goblin (Les Frissons de l’angoisse, Suspiria) –, allégée de certains excès gore, tandis que la mouture américaine semble plus décalée, voire ironique et tente d’approfondir sur les personnalités.

 

Deuxième film de la saga culte créée par le maître incontestable et inventeur du genre, Zombie (Dawn of the Dead), célèbre son quarantième anniversaire dans une superbe édition collector restaurée Blu-ray et 4K proposée par ESC Editions. Comme le remarque Nicolas Winding Refn, bien qu’Argento n’ait pas participé aux choix esthétiques lors du tournage, « Zombie est le seul exemple au monde d’un film avec deux auteurs ; deux visions, mais dont chacune serait un chef-d’œuvre ». Habile. Intense. Sanglant. Cultissime.

 

 

Blu-ray : Le coffret Cult’Edition 40ème anniversaire inclus 4 Blu-ray (version européenne, version director’s cut US de 1979, version longue présentée à Cannes en 1978, version européenne en full frame), de nombreux entretiens et autres suppléments vidéo, ainsi qu’un livre de 152 pages par Marc Toullec et cinq tirages photo collectors. En bonus, la présentation inédite de Julien Sévéon mais aussi les commentaires audio de Michael Gornick (chef opérateur), Tom Dubensky (assistant caméra) et Lee Karr (spécialiste de George A. Romero) à propos de l’image et de la nouvelle restauration 2019.

 

 

 

  • ZOMBIE : LE CRÉPUSCULE DES MORTS-VIVANTS (DAWN OF THE DEAD)
  • Sortie vidéo : 24 mai 2019
  • Version restaurée : Blu-ray / 4K Ultra HD
  • Format / Produit : Coffret collector 4 Blu-ray Cult’Edition – Blu-ray UHD 4K + copie digitale
  • Réalisation : George A. Romero
  • Avec : David Emge, Ken Foree, Scott H. Reininger, Gaylen Ross, David Crawford, David Early, Richard France, Howard Smith…
  • Scénario : George A. Romero
  • Production : Richard P. Rubinstein
  • Photographie : Michael Gornick
  • Montage : George A. Romero
  • Décors : Josie Caruso, Barbara Lifsher
  • Costumes : Josie Caruso
  • Musique : Goblin, Dario Argento
  • Édition vidéo : ESC Distribution
  • Tarif : 69,99 € (coffret collector 4 Blu-ray HD édition limitée) – 39,99 € (Blu-ray UHD 4K + copie digitale)
  • Durée : Version européenne : 119 min / Director’s cut US: 127 min / Version Cannes : 139 min
  • Sortie initiale :  2 septembre 1978 (États-Unis) – 11 mai 1983 (France)

 

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