Synopsis : Dans une réalité parallèle où tout le monde a oublié l’existence des Beatles, seul un musicien anglais se souvient de leurs tubes et les remet au goût du jour.
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Le réalisateur oscarisé de Slumdog Millionaire et le scénariste de Love Actually imaginent un monde sans les Beatles dans Yesterday, une comédie romantique truffée d’humour british au pitch high concept. Après un black-out inexpliqué, Jack Malik (campé par le sympathique Himesh Patel), un chanteur anglais sans succès, se réveille dans une réalité parallèle où les Beatles n’ont jamais existé. Il est le seul à se souvenir de leurs chansons et décide de les remettre au goût du jour afin de faire décoller sa carrière. Jack va alors connaître un succès mondial aussi fulgurant qu’inattendu. Cette fantaisie musicale explore avec humilité le répertoire du plus grand groupe de tous les temps. En effet, Yesterday, rythmé par les tubes (revisités ou non) des Fab Four de Liverpool (Yesterday, Let It Be, Help!), est conçu comme un jeu de piste à l’intérieur du catalogue et de la mythologie des Beatles. Ici, avec l’aide du compositeur Daniel Pemberton, Danny Boyle observe l’impact de la musique des quatre garçons dans le vent en utilisant l’extraordinaire endurance de leurs chansons et plus particulièrement la joie qu’elles génèrent. Toutes justifiées d’un point de vue narratif, elles racontent la love story contrariée de Jack et Ellie (interprétée par une Lily James foldingue). Le scénario signé Richard Curtis, le célèbre roi de la comédie romantique britannique, entremêle satire du star-system – Kate McKinnon est d’ailleurs impeccable dans le rôle de la manageuse survoltée – et romance à l’anglaise. Il met en lumière un personnage ordinaire – rappelons que tous les films de Boyle contiennent une lutte entre l’individu et le groupe – ainsi qu’une normalité au lieu de créer une anormalité.
Pourtant, la forme peine à épouser le fond : le cinéaste, qui souhaitait ici célébrer le pouvoir de l’art et rendre un hommage pertinent à la musique des Beatles, se fait trop discret dans la première partie du film, tant et si bien que la mise en scène de Yesterday manque de personnalité et de créativité. Le style plus marqué de Danny Boyle surgit tout de même, notamment lors des scènes de studio avec l’utilisation de couleurs saturées. Yesterday déçoit surtout dans son dernier tiers : la caricature de l’industrie musicale et de sa stratégie marketing présente des signes de faiblesse tandis que la romcom d’été légère, tributaire d’un savoir-faire trop mécanique, devient de plus en plus banale jusqu’au happy end détestable. L’affront le plus cinglant survient lorsque la pop commerciale d’Ed Sheeran rencontre l’œuvre intemporelle des Beatles. On regrette cette panne de courant – ou d’inspiration – qui fait de Yesterday un feel-good movie convenu au regard de l’originalité du sujet. Love is all you need.
- YESTERDAY
- Sortie : 3 juillet 2019
- Réalisation : Danny Boyle
- Avec : Himesh Patel, Lily James, Ed Sheeran, Kate McKinnon, Joel Fry, Alexander Arnold, Lamorne Morris, James Corden, Meera Syal…
- Scénario : Richard Curtis sur une idée de Jack Barth et Richard Curtis
- Production : Danny Boyle, Richard Curtis, Tim Bevan, Eric Fellner, Matthew James Wilkinson, Bernard Bellew
- Photographie : Christopher Ross
- Montage : John Harris
- Décors : Patrick Rolfe
- Costumes : Liza Bracey
- Musique : Daniel Pemberton
- Distribution :Â Universal Pictures International France
- Durée : 1h56