Synopsis : Comme la troupe entame une série de matchs à Las Vegas, des luttes de pouvoir, des tensions sexuelles et des changements de priorités menacent leur solidarité.
♥♥♥♥♥
Nos hilarantes Gorgeous Ladies of Wrestling remontent sur le ring pour la saison 3 de Glow. Made in 80’s, la création de Liz Flahive (Nurse Jackie) et de Carly Mensch (Weeds) produite par Jenji Kohan (Orange is the New Black), nous renverse tant l’importance des questions que la série met en lumière, n’a d’égal que son humour décalé et grisant. Inspirée d’une émission de catch diffusée sur HBO entre 1986 et 1989, Glow raconte les coulisses de cette dernière, au travers d’une troupe de douze femmes, chacune ayant un parcours singulier. Alors que leur émission télé avait rapidement été annulée dans la saison 2, ces catcheuses californiennes, ont choisi pour leur troisième round de s’installer au Fan-Tan Hôtel de Sandy Devereaux (Geena Davis) à Las Vegas afin de toucher le jackpot grâce à un show cette fois-ci en live. S’il est risqué pour une série de changer radicalement de décor, les showrunneuses y ont vu une opportunité de réinventer et faire évoluer leurs personnages. Ici Vegas, derrière ses lumières et ses paillettes n’est qu’un prétexte à la construction d’histoires solides et à l’émergence de questions sociales pertinentes. Certes, plus discrète que ses adversaires Netflix, Glow n’a pourtant rien à leur envier. Sous la couche de maquillage, se cache un propos féministe fort depuis la saison 1, qui avait alors permis d’aborder par la suite, la problématique l’homosexualité et la place des femmes dans l’industrie du spectacle. Cette année, la saison 3 étire ces thématiques sous le prisme des relations intimes. Le catch semble relégué au second plan car ici le récit donne un coup de projecteur au renouveau des personnages.
Concrètement, Yolanda et Arthie aka JunckChain et Beirut vivront une courte idylle, stoppée par les doutes de cette dernière à propos de sa sexualité et sa difficulté à se reconnaître ouvertement gay. Malgré cette remise en question, Arthie, revendiquera son orientation sexuelle, bandeau arc-en-ciel sur la tête, dans une Amérique qui n’accepte pas les membres de la communauté LGBTG+. Cette évolution contraste avec le personnage de Bash (Chris Lowell) dont l’ambivalence sexuelle est entretenue depuis la saison 2. Enfermée dans la difficulté de faire son coming out, lui – comme parfois Yolanda – prouvent qu’il peut être difficile de s’accepter. En parallèle, la question de la maternité et des sacrifices qu’elle peut couter, est abordée à plusieurs reprises. D’un côté, on retrouve Debbie (Debbie Gilpin), tiraillée entre sa culpabilité de mère et ses ambitions de business woman dans un milieu d’hommes. De l’autre, Cherry, catcheuse et coach du groupe, qui refuse de sacrifier son corps et son travail dans une grossesse.
La force de la série réside donc dans l’humanité de son traitement et nous offre à voir une véritablement évolution de ses protagonistes, dont l’exemple le plus frappant est celui de Sheila. Femme louve sur scène comme dans la vraie vie, elle rencontre Bobby, lui aussi performer au Fan-Tan Hôtel, avec qui elle tisse une relation particulière qui lui permettra de s’alléger de plusieurs artifices et de trouver sa place au milieu de cette meute de femmes. Seul bémol, le personnage de Ruth (Alison Brie) qui bénéficie d’une histoire en demi-teinte, malgré un début de romance avec Sam, qualifiée par les détracteurs de la série comme inutile. Les temps changent comme le constate Geena Davis, mais Glow reste sans conteste une série intelligente et unique.
Tout en continuant à faire des clés de bras aux clichés en les exacerbant au maximum, la série a su garder un humour décalé, de l’autodérision et une sensibilité mesurée. La mise en scène est bien plus travaillée, et continue de surfer sur la vague vintage et kitsch des années 1980 dont Netflix raffole. K.O par surprise, le final de la saison 3 augure de bonnes nouvelles pour notre troupe de marginales, dans une saison 4 qui, si elle est commandée, on l’espère, sera à la hauteur de celle-ci.
Lisa Muratore
- GLOW
- Diffusion : depuis le 9 août 2019
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Création et Réalisation : Liz Flahive et Carly Mensch
- Avec : Alison Brie, Betty Gilpin, Sydelle Noel, Britney Young, Marc Maron, Britt Baron, Kimmy Gatewood, Rebekka Johnson, Sunita Mani, Kate Nash, Marianna Palka, Gayle Rankin…
- Scénario : Sascha Rothchild, Rachel Shukert, Nick Jones, Liz Flahive, Carly Mensch, Kim Rosenstock.
- Production : Liz Flahive, Carly Mensch
- Durée : 10 épisodes de 30 minutes