Synopsis : Avec le soutien de leur nouveau patron, les experts de l’Unité des sciences comportementales tentent de passer de la théorie à la pratique. Une succession d’affaires d’enfants assassinés à Atlanta est portée à la connaissance de l’agent Ford. Serait-ce l’œuvre d’une seule et même personne ?
♥♥♥♥♥
Disponible depuis le 16 août sur Netflix, la saison 2 de Mindhunter nous replonge dans l’esprit des serial killers les plus connus du XXème siècle. L’occasion de croiser parmi eux, Charles Manson, le Fils de Sam alias David Berkowitz, et de discuter une nouvelle fois avec l’Ogre de Santa Cruz, Ed Kemper. Si chacune des transformations physiques est impressionnantes, elles correspondent à un travail en amont gigantesque de l’équipe de production. Un élément qui signe d’ailleurs un retour totalement réussi pour la série de Joe Penhall, adaptée des romans Mindhunter : Dans la tête d’un profileur et Le tueur en face de moi de John E. Douglas et Mark Olshaker. Aux commandes des trois premiers épisodes, le maître du thriller, David Fincher qui par des mouvements de caméra dont il a le secret et une colorimétrie particulière, recrée l’ambiance des films qui ont fait son succès (Se7en, Zodiac) et qui nous ont manqués. Ici, le duo Holden Ford (Jonathan Groff) et Bill Tench (Holt McCallany), toujours assistés du Dr Wendy Carr (Anna Torv), voient leur unité des sciences comportementales s’étendre grâce à l’arrivée de Ted Gunn (Michael Cerveris), nouveau directeur aussi intrusif qu’intéressé par leurs travaux. En leur fournissant les moyens nécessaires, nos profilers de Quantico passeront rapidement de la théorie à la pratique, rendant alors cette saison bien plus séduisante et rythmée que sa précédente. À commencer par les interviews. Sortis de leur sous-sol, les inspecteurs s’entretiendront avec de nombreux détenus. Si ces scènes sont cruciales à l’établissement d’une psychologie criminelle, les dialogues et la scénographie captivent le spectateur ; ce dernier ne pouvant s’empêcher d’être transporté par ces histoires, aussi violentes soient-elles. Néanmoins, la série manque son coup avec l’interview de Charles Manson ; l’opportunité promotionnelle à la veille des cinquante ans des meurtres de Cielo Drive devant être bien trop tentante pour les producteurs. Ici, l’interprétation du charismatique gourou par Damon Herriman n’est pas à remettre en cause mais force est de constater que la scène nous éloigne de l’intrigue principale.
Car c’est là le véritable intérêt de cette deuxième saison : nous faire vivre une enquête policière. Plus précisément, la série s’engage sur les traces du tueur d’Atlanta, accusé d’une trentaine de meurtres d’enfants afro-américains entre 1979 et 1981. Réquisitionnés auprès de la Georgia Police Department, les agents Ford et Tench y voient une occasion d’appliquer les théories développées dans la saison 1, en établissant le profil d’un suspect. Sur fond de questions ségrégationnistes, et manœuvres politiques, l’investigation aborde aussi toute la complexité d’une Amérique en proie à la menace du Ku Klux Klan, emplie de violence. De plus, celle-ci ne sera jamais brutalement montrée. Allant du bref passage à l’écran des photos des scènes de crime à la narration à travers les mots de leur instigateur, elle est avant tout suggérée, comme une invitation dans la tête des criminels.
Une profondeur aussi retranscrite par l’affinage des personnages. En effet, Tench et Carr seront davantage exploités, parfois au détriment de Ford, sur qui reposait la première saison. Ce dernier semble s’enfermer dans ses théories de profilage alors qu’on observe davantage la vie personnelle de ses co-équipiers. D’un côté, Wendy subira la misogynie non assumée de la bureaucratie masculine du FBI et réalisera qu’il est difficile de faire son coming-out à l’aube des années 1980. De l’autre, Bill essayera de maintenir un foyer en décomposition, alors que son fils Brian, est impliqué dans le meurtre d’un garçon du voisinage. Assiste-t-on à la naissance d’un potentiel serial killer, du fait de ce traumatisme ? Mindhunter nous force à l’envisager. Enfin, les scènes introductives où l’on suit le tueur BTK résonne comme l’accomplissement d’un schéma ordonné. Si l’on pensait que la saison 2 se pencherait sur sa poursuite, le choix de suivre une autre piste fait finalement écho à une méthodologie réfléchie, dont la saison 1 malgré certains défauts faisait partie. Les scénaristes et producteurs de la série semble établir, à l’instar de leurs personnages, un procédé de binge-watching infaillible, auquel David Fincher a confié vouloir donner une suite sur plusieurs saisons.
Lisa Muratore
- MINDHUNTER
- Diffusion : depuis le 16 août 2019
- Chaîne / Plateforme / Programme TV : Netflix
- Créateur : Joe Penhall
- Réalisation : David Fincher (épisodes 1-2-3), Andrew Dominik (épisodes 4-5) Carl Franklin (épisodes 6-7-8-9)
- Avec : Jonathan Groff, Holt McCallany, Anna Torv, Hannah Gross, Cameron Britton, Stacey Roca, Michael Cerveris, Joe Tuttle, Lauren Glazier, Albert Jones…
- Saison 2
- Format épisodes : 9 x 50 minutes