Le documentaire HBO The Apollo, à la gloire de l’emblématique salle de spectacle du quartier de Harlem, se dévoile dans une bande-annonce. Symbole d’innovation artistique, l’Apollo Theater joua un rôle majeur dans la culture américaine et fut un tremplin pour les carrières d’icônes comme Ella Fitzgerald, Billie Holliday, James Brown ou Lauryn Hill.
Sobrement intitulé The Apollo, le documentaire HBO raconte l’histoire du légendaire théâtre Apollo de New York, puissant symbole pour les Afro-américains, et explique comment ce haut-lieu de la culture noire a façonné leur carrière, souvent dans le cadre de la célèbre « Amateur Night » lancée en 1934.
Réalisé par Roger Ross Williams (Music By Prudence, Gospel of Intolerance, Blackface), le film détaille la transformation de ce lieu iconique de Harlem — de club burlesque au début de la Première Guerre mondiale en tremplin de célébrités dans les années 1930 — « où naissent des étoiles et se créent les légendes », et le rôle de sanctuaire qu’il a joué pour les artistes noirs à l’avant-garde de la lutte contre les discriminations raciales. James Brown, parrain de la soul et habitué de l’Apollo, y enregistra en 1962 l’un des albums les plus vénérés de l’histoire de la musique. La dépouille du chanteur fut même exposée au public les 28 et 29 décembre 2006 sur la scène de l’Apollo pour un dernier hommage.
Témoin des carrières qu’il a propulsées, le documentaire montre aussi la jeune Ella Fitzgerald, oubliant les paroles de sa chanson avant d’improviser fameusement lors de « la Nuit des amateurs ». Elle sera sacrée peu après « Reine du Jazz ».
Au-delà de la légende, The Apollo s’interroge sur l’avenir du théâtre et sur sa capacité à rester au cÅ“ur de la création artistique. Quoi de plus actuel en ces temps troublants, où le gouvernement américain attise les divisions et le racisme.
Le documentaire, qui retrace l’histoire de l’Apollo en tant qu’emblème, revient sur les périodes les plus difficiles, comme la faillite du théâtre dans les années soixante-dix avant son inscription au patrimoine officiel. Désormais géré par une fondation appartenant à l’État de New York créée en 1992, il fut d’abord racheté par l’avocat des droits civils Percy Sutton en 1983.
L’an dernier, la scène de l’Apollo a accueilli une adaptation d’une Å“uvre de l’écrivain Ta-Nehisi Coates, Between the World and Me, production suivie par l’équipe du documentaire. The Apollo contient des entretiens avec des artistes tels que Angela Bassett, Common, Jamie Foxx, Doug E. Fresh, Savion Glover, Patti LaBelle, Paul McCartney, Smokey Robinson et Pharrell Williams.
« Quand les Beatles sont venus pour la première fois à New York, l’Apollo était le premier endroit où nous voulions aller », indique Paul McCartney dans la bande-annonce.
« Je ne sais pas où nous serions sans toutes ces performances sur cette scène. L’Apollo est le début de tout ça » ajoute Pharrell Williams.
Aujourd’hui encore, l’Apollo est considéré comme un monument emblématique de la ville de New York mais également comme une tradition. Bien que le bâtiment et sa propriété aient évolué au fil des années, le dynamisme culturel et les connotations symboliques y restent profondément enracinés. « Car l’Apollo ne se limite pas à la musique, mais il s’agit ici de montrer comment nous avons utilisé la musique et l’art de la scène pour sortir de l’oppression », déclare le réalisateur. « L’histoire de l’Apollo est celle de l’évolution de l’identité américaine noire et de la manière dont elle est devenue le mouvement culturel déterminant de notre époque » poursuit-il.
The Apollo sera diffusé le 6 novembre sur HBO.