Jean-Paul Belmondo, l’esprit et la manière

Publié par Jacques Demange le 6 septembre 2021
Jean-Paul Belmondo - Le Magnifique de Philippe de Broca

Jean-Paul Belmondo – Le Magnifique de Philippe de Broca (1973)

Ce 6 septembre 2021, Bébel s’est éteint. Avec lui, une gouaille, un visage et une démarche disparaissent à leur tour. Restent les images, celles de la légende d’un authentique monstre sacré du cinéma français.

 

 

 

Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg - A bout de souffle de Jean-Luc Godard

À bout de souffle de Jean-Luc Godard avec Jean Seberg (1960)

Né en 1933, Belmondo débute sa carrière sur les planches au début des années 1950 avant de se poursuivre à la fin de la même décennie sur grand écran.

 

En 1957, il fait ses premières gammes sous la direction d’Henri Aisner (Les Copains du dimanche), Maurice Delbez (À pied, à cheval et en voiture), et Marc Allégret (Sois belle et tais-toi).

 

Ces petits rôles se poursuivent auprès de certains grands noms de la tradition française (Marcel Carné et Les Tricheurs en 1958), avant que l’acteur de vingt-six ans ne s’attire la sympathie des jeunes réalisateurs de la Nouvelle Vague. Claude Chabrol lui offre l’un des rôles de À double tour (1959), avant que Jean-Luc Godard ne lui fasse crever l’écran dans À bout de souffle (1960).

 

Dans le rôle de Michel Poiccard, Belmondo joue les petites frappes à la française. C’est par son phrasé populaire et sa démarche de jeune loup que l’acteur séduit le public. Il incarne l’esprit d’une nouvelle génération qui aime profiter de l’air de Paris en décapotable, citer des poèmes tout en s’amusant à adopter une attitude de voyou des faubourgs. Cette personnalité trouvera sa forme la plus accomplie avec Pierrot le fou (1965) du même Godard qui voit Belmondo réinvestir son rôle de gangster bohème, amateur d’action et de beaux mots.

 

Pierrot le fou de Jean-Luc Godard

Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965)

 

Le jeune acteur détonne et impressionne, même à l’étranger. Les Italiens ne s’y trompent pas : Vittorio De Sica (La ciociara [1960]), Alberto Lattuada (La Novice [1960]), Mauro Bolognini (Le Mauvais chemin [1961]), Sergio Corbucci (Le Jour le plus court [1962]) font appel à ses services, tandis que Jean-Pierre Melville enrichit déjà sa mythologie en le faisant interpréter un prêtre beau parleur dans Léon Morin, prêtre (1961), puis un cambrioleur saisissant de tragique dans Le Doulos (1962).

 

Si Belmondo eut le plaisir de partager l’écran avec certaines des meilleures actrices de sa génération (Catherine Deneuve, Ariane Mnouchkine, Emmanuelle Riva, Jeanne Moreau…), c’est bien son face à face avec Jean Gabin dans Un singe en hiver (Henri Verneuil, 1962) qui marque durablement les esprits. Tout au long du film, le spectateur ressent l’impression d’assister à un passage de flambeau. Gabin, le séducteur populo des années 1930, adoube Belmondo comme son légitime héritier.

 

Un singe en hiver - Henri Verneuil - avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo

Un singe en hiver d’Henri Verneuil avec Jean Gabin (1962)

 

Comme Gabin, en effet, Belmondo mènera une carrière sur deux fronts concomitants, répondant aux appels du cinéma d’auteur tout en consolidant sa notoriété à l’intérieur de films grand public.

 

 

Marquant de son empreintes les univers de Claude Lelouch (Un homme qui me plaît [1969] ; Itinéraire d’un enfant gâté [1988] ; Les Misérables [1995]), d’Alain Resnais (Stavisky… [1974]), ou encore récemment de Cédric Klapisch (Peut-être [1999]), l’acteur répond aux attentes de ses nombreux admirateurs en associant action et humour auprès de Georges Lautner (Le Guignolo [1980] ; Le Professionnel [1981] ; Joyeuses Pâques [1984] ; L’Inconnu dans la maison [1992]), Gérard Oury (Le Cerveau [1969] ; L’As des as [1982])… 

 

Lhomme de Rio de Philippe de Broca

L’homme de Rio de Philippe de Broca (1964)

 

Et surtout de Philippe de Broca qui, plus qu’aucun autre, assura sa renommée avec les immenses succès que furent Cartouche (1962), L’Homme de Rio (1964), Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965), Le Magnifique (1973), L’Incorrigible (1975). La réussite de leur collaboration tint à la compréhension mutuelle que le style de l’un pouvait servir celui de l’autre. La fantaisie du cinéma de De Broca s’accorda ainsi à l’auto-dérision de Belmondo qui s’amusait à jouer de son image pour mieux en consolider les valeurs.

 

Il demeure sans doute aujourd’hui encore difficile de mesurer l’importance incarnée par Belmondo au sein du cinéma français. Sa disparition est moins celle d’un acteur que d’un esprit et d’une manière qui traversèrent quatre décennies sans jamais (totalement) se perdre ou s’amoindrir.

Commentaires

A la Une

Carrousel Studios : Omar Sy, Louis Leterrier et Thomas Benski lancent une société de production

Cette nouvelle société de production, cofondée par le trio, développera et produira des films et séries pour le marché mondial et s’entourera de talents émergents et confirmés. 

Scream 7 : Neve Campbell fera son grand retour dans le prochain opus de la saga horrifique

Neve Campbell absente du sixième opus retrouvera également le scénariste Kevin Williamson qui réalisera ce septième volet de la franchise.

The Batman 2 : La suite du film à succès sortira finalement en 2026 

Initialement prévue pour octobre 2025, la suite de The Batman de Matt Reeves, avec en vedette Robert Pattinson, est finalement attendue sur les écrans en 2026.

SNL 1975 : Gabriel Labelle incarnera le producteur Lorne Michaels

Gabriel Labelle, révélé dans The Fabelmans de Steven Spielberg, jouera le producteur de Saturday Night Live, Lorne Michaels, dans le biopic consacré à l’émission mythique et réalisé par Jason Reitman.

Oscars 2024 : Oppenheimer règne en maître et Anatomie d’une Chute repart avec une statuette

Les prédictions de la 96e cérémonie des Oscars, qui s’est déroulée à Los Angeles, l’annonçaient. Oppenheimer, mastodonte de l’année 2023, a écrasé la concurrence en repartant avec 7 Oscars sur 13 nominations…

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 DUNE DEUXIEME PARTIE 1 000 326 2 2 384 325
2 UNE VIE 248 396 3 1 032 947
3 BOLERO 177 724 1 177 724
4 BOB MARLEY : ONE LOVE 172 507 4 1 709 717
5 MAISON DE RETRAITE 2 157 376 4 1 311 381
6 COCORICO 139 660 5 1 741 705
7 CHIEN & CHAT 129 479 4 1 022 390
8 14 JOURS POUR ALLER MIEUX 126 678 1 126 678
9 LA SALLE DES PROFS 90 612 1 90 612
10 IMAGINARY 89 440 1 89 440

Source: CBO Box office

Nos Podcasts