The Gray Man de Joe et Anthony Russo : critique

Publié par CineChronicle le 23 juillet 2022

Synopsis : « Gray Man » est le nom de code de l’agent de la CIA Court Gentry, alias Sierra Six. Recruté dans une prison fédérale par son officier traitant, Donald Fitzroy, Gentry était autrefois un redoutable tueur à gages à la solde de la CIA. Mais la situation a radicalement changé : Gentry est désormais la cible de Lloyd Hansen, ancien comparse de la CIA, totalement déterminé à le traquer à travers le monde pour l’éliminer. L’agent Dani Miranda le couvre – et il en aura besoin.

♥♥♥♥♥

 

The Gray Man - affiche

The Gray Man – affiche

Observer la considérable carrière des frères Russo, c’est mettre le doigt sur l’un des symptômes les plus révélateurs de l’état actuel du divertissement américain. Après avoir majoritairement œuvré sur le terrain de la sitcom, ils sont catapultés en 2014 à la réalisation du premier Captain America. Leur travail sur le Marvel Cinematic Universe culmine en 2019 avec Avengers : Endgame, deuxième plus gros succès au box-office de l’histoire du cinéma. Au lieu de leur accorder le statut d’auteurs à suivre, ce succès a d’abord fait d’eux des managers compétents aux yeux des studios. Ils sont désormais mandatés comme meneurs de travaux pour les plateformes, passant d’un blockbuster d’action pour Apple TV+ (Cherry) à un autre pour Netflix (The Gray Man), loin des salles de cinéma qu’ils remplissaient. Ici, le chantier en question est le plus cher jamais financé par Netflix, avec plus de deux-cents millions de dollars au compteur. Mais avec ce budget vient un formatage qui rend difficile la compréhension des intentions à l’origine du projet, sinon le besoin de prouver que les plateformes peuvent concurrencer Hollywood. Il faut passer rapidement sur le scénario, énième histoire d’un agent trahi par un organisme paragouvernemental top secret. L’intrigue est un patchwork des poncifs du film d’espionnage, ce qui renforce cette impression d’assister à un bien de grande consommation issu d’une chaîne de production. Mais le genre n’ayant jamais brillé par son écriture, il serait malvenu d’en tenir rigueur à The Gray Man. Après un générique où le logo évoque vaguement celui de Marvel Studios, une première scène d’action à Bangkok fait office de note d’intention. S’affichent en grande pompe des néons, des feux d’artifices, des chutes de ballon, des grosses armes, des costumes colorés et des combats mal filmés. Ça coûte cher et ça se voit. Et en plus très vite, car la caméra des frères Russo peine à se concentrer sur une même action plus de quelques secondes. Les affrontements sont donc souvent illisibles, et les grands effets pyrotechniques manquent d’un point de vue qui les rendrait impressionnants.

 

Ryan Gosling - The Gray Man

Ryan Gosling – The Gray Man

 

C’est évidemment là que le projet s’effondre. Car s’il mixe ouvertement l’imaginaire des Mission : Impossible, James Bond et autres John Wick, il est dans l’incapacité d’effleurer leur savoir-faire technique. Pourtant, il est évident que le film essaie d’enchaîner efficacement les scènes d’action variées, passant d’une course poursuite en tramway à une fusillade sur une place publique, avant de s’attarder sur l’assaut d’un château. Mais à chaque fois, il paraît embarrassé par ses propres idées, incapable de leur donner la moindre particularité. Très symptomatique de cette tendance, une des séquences se déroule dans un labyrinthe, mais celui-ci est immédiatement traversé pour être traité comme un simple espace vide, dénué de toute identité.

 

La grande chance des Russo, c’est qu’ils opèrent sur un pan du divertissement trop calibré pour être vraiment raté. Comme pour les Marvel, ils se laissent porter par leurs décors hors de prix et leurs stars en roue libre. Plus que de s’occuper de mise en scène, leur mission est de mettre en image les exubérances d’un Chris Evans moustachu, ou les mimiques moqueuses de Ryan Gosling. La faiblesse esthétique du produit donne envie, une fois terminé, de parler comptabilité plutôt que cinéma : alors que Netflix perd des centaines de milliers d’abonnés, est-ce bien stratégique d’investir des montants exorbitants dans des blockbusters aussi quelconques ?

 

Joffrey Liagre

 

 

 

  • THE GRAY MAN
  • Sortie Netflix : 22 juillet 2022
  • Réalisation : Joe et Anthony Russo
  • Avec : Ryan Gosling, Chris Evans, Ana de Armas, Billy Bob Thornton, Jessica Henwick, Dhanush, Alfre Woodard, René-Jean Page, Wagner Moura, Julia Butters, Shea Whigham
  • Scénario : Joe Russo, Christopher Markus, Stephen McFeely
  • Production :  Chris Castaldi, Jeff Kirschenbaum, Mike Larocca, Palak Patel, Anthony Russo, Joe Russo
  • Photographie :  Stephen F. Windon
  • Montage :  Jeff Groth, Pietro Scalia
  • Décors :  Nancy Haigh
  • Costumes : Judianna Makovsky
  • Musique :  Henry Jackman
  • Distribution :  Netflix
  • Durée : 2 h 02

 

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Source: CBO Box office

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