Le compositeur américain Angelo Badalamenti, fidèle collaborateur de David Lynch, s’est éteint le 11 décembre dernier à l’âge de 85 ans.
C’est dès son enfance que le jeune Angelo Badalamenti, né à Brooklyn le 22 mars 1937 dans une famille d’origine italienne, découvre la musique. Il apprend le piano à huit ans, instrument dont il poursuivra la pratique lors de ses études.
Diplômé de la Manhattan School of Music où il a étudié la composition, il débute sa carrière en réalisant des arrangements pour des artistes réputées comme Nina Simone ou Shirley Bassey.
L’œuvre de Badalamenti en tant que compositeur pour le cinéma débute avec des projets relativement confidentiels, comme Gordon’s War de Ossie Davis et La loi et la pagaille d’Ivan Passer. Mais c’est sa rencontre avec David Lynch, sur le tournage de Blue Velvet en 1986, qui lui permet de se faire connaître. Le cinéaste lui demande alors une partition dans le style du compositeur classique russe Dimitri Chostakovitch. Le film vaut une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur à David Lynch, et permet à Badalamenti de se faire remarquer.
S’il travaille entre-temps sur une demi-douzaine de films, notamment le troisième opus de la saga horrifique Freddy en 1987, c’est bien ses retrouvailles avec David Lynch qui permettent à nouveau à Badalamenti de marquer les esprits.
L’année 1990 l’amène ainsi à travailler non seulement sur Sailor et Lula, Palme d’or au Festival de Cannes, mais surtout sur Twin Peaks. Pour cette cultissime série policière atypique, prenant pour cadre une petite ville fictive perdue dans les montagnes, il livre une partition emplie d’une insidieuse tranquillité, derrière laquelle l’inquiétude règne. Parfaitement à l’image du show, qui révèle petit à petit les sombres secrets des habitants de la ville, la musique est une composante capitale de Twin Peaks, et reste peut-être à ce jour l’une des œuvres les plus marquantes de Badalamenti.
Si c’est surtout son binôme avec Lynch (dont-il compose toutes les bandes originales à l’exception de celle d’Inland Empire) qui ressort de son œuvre, Badalamenti a aussi collaboré avec d’autres réalisateurs marquants, notamment Jean-Pierre Jeunet (La Cité des enfants perdus en 1995 et Un long dimanche de fiançailles en 2004), Paul Schrader (Les Amants éternels en 1999, Auto Focus en 2002, Dominion: Prequel to the Exorcist en 2005) et Danny Boyle (La Plage en 2000).
Tout au long de sa carrière, il a aussi eu l’occasion de s’associer avec des artistes renommés de la scène musicale, comme David Bowie, Paul McCartney, les Pet Shop Boys, LL Cool J ou encore le groupe Anthrax.
Ce grand artiste s’est éteint dans sa demeure familiale dans le New-Jersey à l’âge de 85 ans, cinq ans après son ultime collaboration avec David Lynch pour Twin Peaks : The Return. Une belle manière de clore l’une des collaborations compositeur/réalisateur les plus marquantes de ces dernières années.
Timothée Giret