Maniac de Franck Khalfoun : critique

Publié par Nathalie Dassa le 15 novembre 2012

Dans les rues qu’on croyait tranquilles, un tueur en série en quête de scalps se remet en chasse. Frank est le timide propriétaire d’une boutique de mannequins. Sa vie prend un nouveau tournant quand Anna, une jeune artiste, vient lui demander de l’aide pour sa nouvelle exposition. Alors que leurs liens se font plus forts, Frank commence à développer une véritable obsession pour la jeune fille. Au point de donner libre cours à une pulsion trop longtemps réfrénée – celle qui le pousse à traquer pour tuer.

 

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Ca fait un moment qu’on n’avait pas découvert un thriller d’horreur bien éprouvant sur grand écran. Maniac est au sommet du genre pour l’année 2012 et d’ailleurs même pour celles à venir. Ce remake du slasher culte de William Lustig sorti en 1980, qui fut projeté en Séance de Minuit et Hors-Compétition au dernier festival de Cannes, est horriblement efficace et remplit totalement ses promesses. On s’en étonne moins quand on prend connaissance des personnes derrière cette nouvelle version. Alexandre Aja, à qui l’on doit l’excellent Haute Tension, le remake de La Colline a des Yeux de Wes Craven et le jouissif PIRANHA 3D (notre critique), reprend ici la plume avec Grégory Levasseur pour nous servir un scénario qui tranche dans le vif du sujet sans pavoiser. Les deux comparses sont également à la production aux côtés de William Lustig, Thomas Langmann via La Petite Reine et Studio 37. Résultat : ce remake trash fonctionne sur bien des plans dès la séquence d’ouverture et ce, pendant toute la durée du film. Franck Khalfoun, qui se charge également du montage, signe ici son troisième long métrage après avoir marqué ses débuts derrière la caméra avec 2ème Sous-Sol, écrit et produit par le duo Aja/Levasseur. Tout en caméra subjective, le réalisateur nous fait suivre l’unique point de vue de ce tueur en série dans sa trajectoire déviante et sa psyché détraquée et maladive, qui scalpe ses victimes et agrafe les cheveux sur les crânes des mannequins pour recréer sa mère fornicatrice décédée plusieurs années auparavant. Et qui aurait pu croire que l’acteur Elijah Wood, au visage angélique et le gentil hobbit Frodon du Seigneur des Anneaux, pouvait s’accaparer le rôle de Joe Spinell, au physique crasseux et imposant, en livrant en pâture au spectateur – averti ou non – un autre aspect de Frank Zito tout aussi fucked up ? Personnellement il était difficile de l’imaginer, même après Sin City où il incarnait un psychopathe cannibale. En cela, chapeau bas Elijah Wood !

 

 

Si l’original plaçait son action dans les rues de New York, le psychotique erre ici dans un Los Angeles vintage et artistique, et on suit son rituel morbide nocturne au volant de sa voiture, en partie au son de sa voix au cours des trente premières minutes. On sent la volonté de départ des scénaristes et du réalisateur de donner une vision à la fois respectueuse et différente du slasher. Maniac porte l’air de rien son petit cachet auteurisant entre cette photographie soigneusement stylisée, granuleuse et floutée mais aussi sale et gore à l’image du genre, et la bande son au synthé, rappelant celle de DRIVE (notre critique). Ainsi Khalfoun parvient à nous rendre totalement prisonniers et victimes de ce dégénéré à la voix douce et calme, sujet aux migraines infernales et en totale souffrance avec lui-même, que l’on voit de face avec parcimonie. Car même émotionnellement les victimes, que l’on pourrait négliger pour leur peu de temps de présence à l’écran, jouent parfaitement leurs rôles dans ce film à l’atmosphère urgente, suintante et macabre. Le reflet élargi d’Elijah Wood dans la vitre de la voiture, le couteau dans une main et les cheveux ensanglantés dans l’autre, est alors le meilleur hommage que l’on pouvait rendre au slasher de Lustig et à son affiche mythique. Mais contrairement à l’original, Alexandre Aja, Grégory Levasseur et Franck Khalfoun repoussent les limites et le trauma oedipien vers un niveau viscéral et psychologique sans pareil en ne quittant jamais le point de vue de cet enfant-psychopathe, collectionneur de trophées poisseux dégoulinants de sang. L’immersion malsaine en devient insupportable, sadique et sordide, accentuée par sa rencontre avec la douce et belle Anna (Nora Arnezeder, révélée dans Faubourg 36), une photographe qui se jette elle-même à l’abattoir en s’intéressant à ses mannequins pour sa prochaine exposition dans une galerie d’art, et dont on ressent la profonde empathie. Car si elle semble l’apaiser, l’issue n’en est que plus fatidique de toute part. Disons-le clairement, Maniac est non seulement un très bon film d’horreur moderne de par les effets spéciaux, le maquillage et autres effets sonores, mais aussi un excellent remake, surpassant même l’original, pour la nouvelle génération adepte du genre.

 

 

MANIAC de Franck Khalfoun en salles le 2 janvier 2013 avec Elijah Wood, Nora Arnezeder, Liane Balaban, America Olivo, Sammi Rotibi, Morgane Slemp, Megan Duffy, Sal Landi. Scénario : Alexandre Aja, Grégory Levasseur, C.A Rosenberg. Producteurs : William Lustig, Alexandre Aja,Grégory Levasseur, Thomas Langmann. Photographie : Maxime Alexandre. Montage : Franck Khalfoun, Baxter. Costumes : Mairi Chisholm. Musique : Rob. Maquillage : Lorraine Martin. Superviseur Effets Spéciaux : Matt Kutcher. Superviseur Effets Visuels : Jamison Scott Goei. Distribution : Warner Bros. Durée : 1h20.

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