Un découvreur de talents spécialisé dans le baseball voit sa vie basculer avec la perte progressive de sa vue. Il décide pourtant de faire un dernier voyage à Atlanta, accompagné de sa fille, à la recherche d’un talent prometteur.
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Robert Lorenz, l’ami et partenaire de longue date de Clint Eastwood chez Malpaiso, s’installe pour la première fois dans le fauteuil de metteur en scène. Cet ancien assistant-réalisateur de Sur la Route de Madison ou encore Minuit Dans le jardin du bien et du mal est connu pour avoir produit aux côtés du cinéaste Mystic River, Million Dollar Baby, Lettres d’Iwo Jima, L’Echange, Gran Torino, J. EDGAR (notre critique)… S’il signe ici une première œuvre plaisante à regarder, son intérêt principal réside surtout dans la présence de Clint Eastwood, aujourd’hui âgé de 82 ans, qui marque son retour en tant qu’acteur de premier plan depuis Dans la ligne de mire en 1993 non réalisé par lui. On le découvre ici dans le rôle de Gus, l’un des meilleurs découvreurs de talents vieillissants, qui souffre d’une dégénérescence maculaire lui faisant perdre progressivement la vue. Son ami et patron (John Goodman actuellement à l’affiche dans ARGO – notre critique) le soutient face à la direction des Atlanta Braves lorsqu’il s’agit de juger et de choisir le prochain espoir dans l’équipe. Trois mois avant la fin de son contrat, il décide de se rendre à Atlanta pour examiner une graine de champion. Il est accompagné malgré lui par sa fille avec laquelle il n’a jamais été proche. Cette brillante avocate, incarnée avec douceur par Amy Adams (vue dans LES MUPPETS et prochainement dans THE MASTER et MAN OF STEEL), est en passe de devenir associée au sein de son cabinet mais décide de mettre ses objectifs de côté pour lui venir en aide.
Clint Eastwood renoue ici avec le sport après Million Dollar Baby et Invictus tout en reprenant en mode allégé son personnage solitaire, têtu et bourru de l’excellent Gran Torino. Avec son charisme et son regard toujours intense, l’homme sans nom montre visiblement peu de signe de vulnérabilité. Si dans sa narration Une nouvelle chance (Trouble with the Curve) frôle les terres du Stratège (Moneyball) dans le conflit entre la nouvelle école qui sélectionne les talents via des statistiques informatiques et l’ancienne axée sur le terrain, l’intrigue reste toutefois conventionnelle et attendue, se focalisant essentiellement sur la relation père/fille. Robert Lorenz propose une réalisation classique, voire relativement effacée, et semble ne pas vouloir se lancer dans des effets particuliers de caméra, tout comme le scénario de Randy Brown, qui tombe souvent dans les clichés comme la romance entre Amy Adams et Justin Timberlake et prend notamment des raccourcis faciles dans le troisième acte. Si la bande sonore joue un rôle important dans l’histoire dès le lancer de la première balle, Une nouvelle chance pourrait prétendre au téléfilm luxueux. Et pourtant, ce drame d’une durée de près de deux heures fonctionne plutôt bien dans sa fluidité, son humour, son émotion et son atmosphère agréable, grâce en partie à l’énergie et à la performance solide du duo Eastwood/Adams, lancé dans cette réconciliation familiale…
UNE NOUVELLE CHANCE (Trouble with the Curve) de Robert Lorenz en salles le 21 novembre 2012 avec Clint Eastwood, Amy Adams, Justin Timberlake, John Goodman, Matthew Lillard, Robert Patrick, Joe Massingill. Scénario : Randy Brown. Producteurs : Robert Lorenz, Clint Eastwood, Michele Weisler. Photographie : Tom Stern. Décors : James J. Murakami. Montage : Gary D. Roach, Joel Cox. Costumes : Deborah Hopper. Compositeur : Marco Beltrami. Distribution : Warner Bros. Durée : 1h51.
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