En juin 1938 sortait le premier numéro d’Action Comics arborant en couverture un nouveau genre de personnage de BD: un homme costumé à la double identité possédant une force et des pouvoirs extraordinaires, un individu capable de protéger les citoyens quand les autorités traditionnelles se retrouvent dépassées. Ce n’était pas le premier super héros, mais l’homme d’acier allait devenir le prototype de tous les super héros à venir. L’histoire de Superman, comme celles de Batman, Wonder Woman et des centaines d’autres personnages de DC Comics sont toutes racontées dans DC Comics : L’Âge d’or.

 

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The Golden Age of DC Comics

DC Comics characters and all related elements are trademarks of and © DC Comics. (s13)

En 2011 la fameuse bible collector 75 YEARS OF DC COMICS : THE ART OF MODERN MYTHMAKING de Paul Levitz, véritable mine d’or de 720 pages à 150€ publiée chez TASCHEN, recevait le prestigieux Eisner Comic Industry Award du Meilleur Livre sur les Comics. Pour 2013, l’illustre éditeur allemand a décidé de combler à nouveau les puristes et autres fans du genre avec la publication d’une série de 5 volumes (voir photo), plus légers au poids et au tarif plus accessible de 39,99€, qui retraceront chacun une phase de l’histoire de DC Comics, mythique maison d’édition de BD avec Marvel. Ces aventures superhéroïques animées sur papier démarrent avec The Golden Age of DC Comics. Ce somptueux ouvrage de collection de 416 pages, paru cette fin janvier, riche d’informations et de milliers de visuels incroyables et inédits, enveloppé d’une magnifique couverture jaune/or et imprimé sur un beau papier légèrement crémé, se penche en détails sur la naissance de cette entreprise extraordinaire, de 1938 à 1956, au travers de l’imagination fertile de ses faiseurs de mythes modernes. Paul Levitz, ancien rédacteur en chef et éditeur de The Comic Reader, qui a œuvré pendant 38 ans chez DC en tant qu’éditeur et président, reprend ainsi dignement la plume pour nous immerger davantage dans l’histoire de ces fondateurs et maîtres, nés dans les locaux légendaires du 480 Lexington Avenue, ornés à l’entrée d’une peinture impressionnante de Superman (voir photo – ©H.J Ward/1940). The Golden Age of DC Comics démarre sur une introduction de l’auteur offrant ensuite un entretien intéressant avec Joe Kubert, qui fut éditeur, rédacteur et un des dessinateurs légendaires chez DC, avant d’entamer ce périple historique qui implanta les comics dans la pop culture.

 

TM & (c) DC Comics. All rights reserved. (s13)

TM & (c) DC Comics. All rights reserved. (s13)

 

Les bâtisseurs Malcom Wheeler-Nicholson, Max Gaines ou encore Harry Donenfeld, entourés des premiers auteurs révélés comme Jerry Siegel et Joe Shuster (Superman), lesquels changèrent à jamais le visage de la bande dessinée, ont su façonner un véritable empire tant sur le plan culturel, éditorial, économique qu’artistique, en des temps fortement troublés par la Grande Dépression, la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide. Une longue période durant laquelle les Américains avaient un besoin vital d’évasion mentale, qu’ils ne parvenaient pas encore à combler à travers une industrie cinématographique hollywoodienne émergente – que Neal Gabler relate par ailleurs superbement dans le livre LE ROYAUME DE LEUR RÊVES (notre critique) -, une télévision réservée à de très rares privilégiés et une radio qui affirma son pouvoir grâce à Orson Welles avec La Guerre des Mondes en octobre 1938.

 

Ainsi le succès immédiat de la publication de Superman dans Action Comics N°1 quelques mois auparavant en juin 1938, dont la couverture dévoilait les capacités physiques d’un homme soulevant une voiture, a incité les dirigeants à contacter d’autres auteurs pour créer de nouveaux héros au potentiel narratif infini. Sont nés successivement Batman de Bob Kane et Bill Finger (Detective Comics) et Wonder Woman de William Moulton Marson (Sensation comics) pour ne citer que les plus illustres. Chacun a contribué à forger l’identité de DC, nourri par son propre désir de concrétiser sur papier l’être rêvé parfait, toujours ancré dans une psychologie profondément humaine, qu’il soit une icône kryptonienne lumineuse, gothamienne sombre et torturée auprès de son fidèle jeune acolyte ou féministe divine et pacifiste. Et c’est sans compter la place indépendante de Will Eisner avec The Spirit.

 

TM & (c) DC Comics. All rights reserved. (s13)

 

C’est ce que développe avec intérêt et simplicité Paul Levitz tout au long de ces 416 pages fascinantes, abordant la mise en place d’une structure construite, comics par comics, par des précurseurs à l’esprit d’entreprise et à l’ambition farouche de réussir sur un territoire créatif parfaitement vierge. Car ces superhéros, qui fleurissaient d’abord dans les kiosques à journaux avant d’envahir les écrans, captant l’attention des enfants par leurs couvertures innovantes, stellaires, colorées et percutantes, ne se contentaient pas seulement de porter justaucorps, slips et collants. Leurs géniteurs leur ont forgé une image solide, à la fois engagée et commerciale au fil des années manipulant l’actualité et les évènements d’importance.

 

D’aucuns diront qu’ils ont atteint la postérité comme le symbole de Batman projeté dans le ciel de Gotham. Si l’on retient essentiellement les icônes indéboulonnables précitées plus haut, d’autres nombreux héros comme Green Lantern (All-American Comics), Flash (Flash Comics), Aquaman, The Green Arrow (More Fun Comic) ou encore Plastic Man (Police Comics) ont vu le jour, perduré et eu leur propre comic dédié, ou rendu l’âme rapidement au sein de DC qui n’a jamais cessé d’étendre sa gamme de titres. Et pas seulement des superhéros. Si l’entreprise s’est ouverte à des procédés comme réunir Superman, Batman et Robin dans World’s Finest Comics, d’autres genres se sont multipliés pour suivre les nouvelles tendances et le vent du changement comme le western (Western Comics), la guerre (Boy Commandos), les histoires à l’eau de rose (Girls’ Romances), la science-fiction (Strange Adventures) ou encore l’horreur (House of Mystery).

 

The Golden Age of DC Comics ©Taschen

 

Au même titre que 75 YEARS OF DC COMICS : THE ART OF MODERN MYTHMAKING, The Golden Age of DC Comics étincelle par cette profusion d’illustrations originales de planches intérieures et de couvertures au graphisme d’avant-garde et au style Art Déco, d’images d’archives et de photos tirées des premières adaptations en séries TV. L’une des nombreuses couvertures retient notamment l’attention, celle de Superman n°12 (1941) où on découvre notre Homme d’acier, assuré et le visage souriant, entouré par un Marine et un soldat de l’Armée de l’Air américaine, tout aussi réjouis et rassurés. Ce visuel (ici-même) est d’autant plus marquant qu’une photo dévoilée de la relecture contemporaine de MAN OF STEEL réalisée par Zack Snyder et produite Christopher Nolan, présente à contrario notre icône mythique sombre et grave, incarnée par Henry Cavill, aujourd’hui menottée et entourée d’une escouade de police. The Golden Age of DC Comics évoque bien sûr les nombreux tumultes d’après-guerre où DC s’est confronté à une baisse des ventes et de la pagination et aux autodafés des comics pendant la vague du maccarthysme, avant de créer avec d’autres éditeurs un système d’autorégulation via le Comics Code. Paul Levitz signe un voyage fascinant au coeur d’une société visionnaire, dont les bandes dessinées d’une valeur dérisoire de 10 à 15 cents à l’époque se comptent aujourd’hui en millions de dollars. Le premier des 5 volumes qu’on ne veut en aucun cas refermer…

 

 

THE GOLDEN AGE OF DC COMICS de Paul Levitz. En librairie depuis fin janvier 2013. Editions TASCHEN. 416 pages, 39,99. A noter que The Silver Age Of DC Comics paraîtra en mai et The Bronze Age of DC Comics en juin 2013.

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