Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu’un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu’il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l’aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n’importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu’à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman, avant de retourner là d’où il vient.

 

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Inside Llewyn Davis afficheLes grands récompensés de Cannes sont revenus en très grande forme lors de la 66e édition en mai dernier. Après avoir raflé la Palme d’or pour Barton Fink, qui a reçu également le prix de la mise en scène avant Fargo puis The Barber, les frères Coen sont repartis naturellement avec le Grand Prix du Jury en nous offrant un réjouissant et cynique Inside Llewyn Davis, ancré dans l’univers folk du Greenwich Village hivernal de 1961. Comme une seconde peau, Oscar Isaac campe Llewyn Davis, un jeune chanteur folk engagé, né et élevé dans le Queens qui, en dépit de son talent, n’arrive pas à vivre de sa musique et de son art. L’acteur cosmopolite – vu notamment dans DRIVE (notre critique) – se révèle ici d’une sincérité et d’une authenticité remarquables. Doté d’une superbe voix apaisante, il se glisse dans la peau du protagoniste très librement inspiré du livre mémoire d’Elijah Wald,The Mayor of MacDougal Street, compilant les œuvres musicales et les souvenirs de Dave Van Ronk, un pilier de la scène folk qui a participé à l’éclosion d’une nouvelle vague d’artistes. A la fois looser, ‘hobo’ itinérant, irresponsable, déterminé, idéaliste et talentueux, il incarne toutes les facettes de ce personnage. Il symbolise cette époque en mutation de la scène musicale florissante du début des années 60, avec l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes juste avant l’avènement de Bob Dylan, l’une des figures de proue du courant. Inside Llewyn Davis s’ouvre sur une séquence totalement atmosphérique, vibrante et vaporeuse, qui se termine comme elle a démarré se concevant ainsi comme une boucle où le temps n’est plus, se perd et se resserre.

 

inside llewyn davis  oscar isaac1

 

Cette comédie musicale incisive, à l’esprit beatnik, démarre sur le protagoniste, la guitare à la main et chantant pendant trois bonnes minutes, au centre d’une scène d’un lounge, illuminée par les lumières ombrées et brumeuses des spotlights. A l’instar de leurs précédents films, le ton visuel et sonore coenien est donné en quelques minutes, dévoilant une photographie ensorcelante aux couleurs désaturées. Dès lors les cinéastes nous embarquent dans les tribulations de ce personnage à la dérive, qui refuse une quelconque stabilité dessinée par la société, et supporte sa situation – mais difficilement – de plus en plus précaire, tout en restant intègre envers ses choix et ses envies. Sans domicile fixe à New York, il dort sur des canapés de place en place chez ceux qui acceptent encore de le recevoir en côtoyant alors, sur son chemin vers la renommée espérée, une palette de personnages caractéristiques de l’univers des frères Coen, décalés et haut en couleurs, avec en fil rouge un chat roux aventurier dénommé Ulysse. Il entretient ainsi une relation intime et conflictuelle avec Jean (Carey Mulligan, vive et affirmée ici), mariée au chanteur Jim (Justin Timberlake, égal à lui-même), qui réussit à propulser une de ses chansons insipides en tête des ventes, alors que son disque à lui ne se vend pas et que son manager ne cherche pas à changer les choses.

 

inside llewyn davis carey mulligan justin timberlake

 

Mais Inside Llewyn Davis prend une tournure de road movie lorsqu’il a l’opportunité de se rendre à Chicago pour montrer ses talents à un célèbre imprésario, en voyageant en compagnie d’un musicien de jazz totalement dopé, joué par John Goodman rempilant pour la sixième fois avec les frères Coen, et d’un type mystérieux et mutique, campé par Garrett Hedlund. Avec leur champ créatif habituel et leur sens inné du décalage, ils parviennent de toute évidence à nous séduire totalement avec cette nouvelle pépite bien atypique, drôle et cruelle, empreinte d’espoir et de mélancolie, au rythme d’une géniale bande son traditionnelle supervisée par T. Bone Burnett.

 

 

 

INSIDE LLEWYN DAVIS écrit et réalisé par Joel et Ethan Coen en salles le 6 novembre 2013 avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, John Goodman, Garrett Hedlund, F. Murray Abraham, Justin Timberlake. Producteurs : Scott Rudin. Photographie : Bruno Delbonnel. Montage : Roderick Jaynes. Costumes : Mary Zophres. Producteur exécutif musique : T. Bone Burnett. Distribution : StudioCanal. Durée : 1h45.

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