Après un rythme effréné pour les cinéphiles aussi passionnés qu’insomniaques pendant douze jours exaltants qui ont démarré sous une pluie torrentielle incessante pour, finalement laisser filtrer un magnifique soleil radieux et constant, le président Steven Spielberg accompagné de son jury composé de Ang Lee, Christoph Waltz, Nicole Kidman, Cristian Mungiu, Naomi Kawase, Lynne Ramsay, Daniel Auteuil et Vidya Balan, a dévoilé les récipiendaires de cette 66e édition cannoise, ce dimanche 26 mai 2013 dans la salle Lumière. La maîtresse de cérémonie Audrey Tautou, très naturelle et magnifique en robe rouge, nous avait précédemment offert un touchant discours d’ouverture.
Si le verdict a déjoué quelques attentes, le palmarès est à l’image d’une 66e édition cannoise aussi passionnante qu’éclectique. Dans la salle de presse du Palais qui grouillait de journalistes dans tous les sens fixant sans mot dire le grand écran mural presque religieusement, on l’espérait pour la plupart vivement, Steven Spielberg nous l’a donné et ce, dans un triple prix ! Standing Ovation et consécration pour LA VIE D’ADÈLE (notre critique), qui a remporté d’emblée l’adhésion générale pendant le festival sur cette histoire d’amour universelle au féminin. Il a donc reçu tout naturellement la Palme d’Or et l’on peut pleinement s’en réjouir tant l’oeuvre d’Abdellatif Kechiche, avec les talentueuses Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, est un pur émerveillement cinématographique charnel, sensuel, intellectuel et artistique. Le cinéaste français a dédié ce film « à la belle jeunesse de France que j’ai rencontrée durant la longue période que fut la réalisation de ce film et qui m’a beaucoup appris sur l’esprit de liberté et du vivre ensemble » mais aussi à la jeunesse tunisienne « pour leur aspiration à vivre librement, s’exprimer librement et aimer librement ». On se réjouit d’autant plus de cette récompense qu’elle conclut magistralement la Manifestation pour Tous ridicule de la Barjot aujourd’hui à Paris.
On est aussi par ailleurs totalement comblés pour l’excellent choix du président et du jury pour INSIDE LLEWYN DAVIS des frères Coen (notre critique). Cette comédie dramatique, plongée dans l’univers folk du Greenwich Village hivernal de 1961, repart avec le Grand Prix du Jury, remis par Kim Novak, présente sur la Croisette pour soutenir Vertigo d’Alfred Hitchcock, projeté en version restaurée à Cannes Classics. Idem pour Tel père, Tel fils de Kore-Eda Hirokazu qui propose une réflexion sur la paternité. Après avoir enchanté le festival, il s’empare du Prix du Scénario.
Du côté des prix des interprétations masculine et féminine, si l’on aurait souhaité y voir Michael Douglas dans MA VIE AVEC LIBERACE (notre critique) de Steven Soderbergh et Adèle Exarchopoulos dans LA VIE D’ADÈLE, on reste cependant totalement enthousiaste du verdict du président et de son jury. D’abord pour la prestation de Bérénice Béjo dans LE PASSÉ car comme précisé dans notre critique, le cinéaste iranien Asghar Farhadi lui a offert ‘un nouveau rôle d’envergure qui devrait consolider magistralement la carrière de l’actrice, après THE ARTIST (notre critique) pour lequel elle remporta le César en 2011′. Ensuite pour Bruce Dern dans NEBRASKA d’Alexander Payne (notre critique). L’acteur américain de 77 ans y interprète de manière exquise un vieil homme triste, marié et père de famille, persuadé d’avoir gagné un million de dollars à un improbable tirage au sort et qui décide de se rendre avec son fils dans le Nebraska pour récupérer son gain auquel personne ne croit.
L’une des plus grandes surprises reste sans doute Heli d’Amat Escalante, projeté dès le début du festival et qui n’a pourtant pas remporté l’adhésion générale. Il repart avec le Prix de la Mise en Scène, remis par Forest Whitaker, qui joue par ailleurs dans le très bon thriller Zulu de Jérôme Salle, projeté hors compétition à l’issue de la cérémonie. Si l’on peut être à la fois ravis et déçus, cette 66e édition reste néanmoins un bon cru offrant une sélection riche d’oeuvres cinématographiques sur fond de violence, de sexe et d’affaires de famille mais toujours accompagnées en fil rouge par énormément d’humour…
PALMARÈS 2013
EN COMPÉTITION POUR LA PALME D’OR présidé par Steven Spielberg
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PALME D’OR remis par Uma Thurman
- La Vie d’Adèle (Chapitre 1 et 2) d’Abdelattif Kechiche
GRAND PRIX remis par Kim Novak
- Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
PRIX DU JURY remis par Rossy de Palma
- Tel père Tel fils de Kore-Eda Hirokazu
PRIX DU SCÉNARIO remis par Asia Argento
- A Touch of Sin de Tian Zhu Ding
PRIX DE LA MISE EN SCÈNE remis par Forest Whitaker
- Heli d’Amat Escalante
PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE remis par Laetitia Casta
- Bruce Dern dans Nebraska d’Alexander Payne
PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE remis par Orlando Bloom
- Bérénice Béjo dans Le Passé d’Asghar Farhadi
PRIX DU COURT-MÉTRAGE remis par Mads Mikkelsen
- Safe de Byoung-Gon Moon
Première Mention Spéciale Ex-aequo
- Whale Valley / Le Fjord des Baleines de Gudmundur Arnar Gudmundsson
- 37° 4 S d’Adriano Valerio
CAMÉRA D’OR remis par Agnès Varda et Zhang Ziyi
- Ilo Ilo d’Anthony Chen
UN CERTAIN REGARD
PRIX UN CERTAIN REGARD
L’image Manquante de Rithy Panh
PRIX DU JURY
Omar de Hany Abu-Assad
PRIX DE LA MISE EN SCÈNE
Alain Guiraudie pour L’inconnu du Lac
PRIX UN CERTAIN TALENT
Pour l’ensemble des acteurs du film La Jaula de Oro de Diego Quemada-Diez
PRIX DE L’AVENIR
Fruitvale Station de Ryan Coogler
CINEFONDATION 2013 présidé par Jane Campion
Une sélection de 18 films d’étudiants choisis parmi 1 500 entrées provenant de 277 écoles de cinéma du monde entier.
PREMIER PRIX
Needle d’Anahita Ghazvinizadeh
The School of the Art Institute of Chicago, USA.
SECOND PRIXEn Attendant le Dégel de Sarah Hirtt
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TROISIÈME PRIX EX-AEQUO
- In Acvariu (In the Fishbowl) by Tudor Cristian JURGIU
- Pandy (Pandas) de Matúš VIZÁR