Two Hundred Thousand Dirty de Timothy L. Anderson: critique

Publié par Guillaume Ménard le 16 juillet 2014

Synopsis : Des losers travaillant dans un magasin de matelas se mettent en tête l’idée de tuer quelqu’un pour de l’argent.

 

♥♥♥♥♥

 

Two Hundred thousand Dirty - affiche

Two Hundred thousand Dirty – affiche

Two Hundred Thousand Dirty, premier film de Timothy L. Anderson, se devait de sortir des sentiers battus par son inventivité. Les influences sont évidentes entre la comédie noire des frères Coen et les dialogues tarantinesques. Le récit nous emmène en Californie, loin du strass et des paillettes de Las Vegas, et nous présente la triste existence de deux amis travaillant dans un magasin de matelas : Rob (Mark Greenfield) et Manny (Coolio, rappeur américain connu pour son célèbre Gangsta’s Paradise). Dès la scène d’introduction, on comprend rapidement qu’on a affaire à une comédie décalée qui se veut grinçante. Rob, déguisé en lapin, fume une cigarette aux toilettes avant de rejoindre un numéro fétichiste où il doit flageller un homme travesti en indien, sous les ordres d’une dominatrice se révélant être sa copine. La première demi-heure expose ainsi longuement ces personnages pathétiques qui réfléchissent à leurs futures combines. Malheureusement, c’est bien là le problème. Le réalisateur multiplie les cas de figures nous esquissant des portraits de personnages complètement désabusés sans leur donner une réelle profondeur. Rob est un raté malchanceux en amour, Manny enchaîne les conquêtes et se donne des airs de gangster. L’ennui et l’exaspération se font alors ressentir jusqu’à l’apparition de Isabelle (Rocio Verdejo), nouvelle employée du magasin qui va demander à Rob de la sauver en assassinant son mari, pour la modique somme de 200 000 dollars. Si dès cet instant Two Hundred Thousand Dirty pouvait nous surprendre, il finit par accumuler les clichés de la comédie noire, et l’on devine rapidement l’issue narrative du metteur en scène. L’un des seuls points vraiment positifs de ce premier long-métrage indépendant est l’écriture des dialogues qui nous délivre quelques bonnes joutes verbales entre Rob et Manny comme la conversation sur Le Fugitif.

 

Mark Greenfield et Coolio dans Two Hundred thousand Dirty de Timothy L. Anderson

Mark Greenfield et Coolio dans Two Hundred thousand Dirty de Timothy L. Anderson

 

Car si le casting est en grande partie constitué d’inconnus, on peut reprocher à Mark Greenfield de surjouer inutilement tout en affichant la même expression faciale pendant 90 minutes tandis qu’on se demande bien l’utilité de la présence de la belle Rocio Verdejo. Seul Coolio parvient à nous arracher quelques sourires. Quant aux seconds couteaux – Kenneth McGregor en première ligne -, ils enfoncent le clou en s’acharnant sur ce pauvre Rob dans des séquences superflues qui veulent démontrer obstinément tout le cynisme de cette comédie. Le développement de l’histoire et ces personnages caricaturaux ne nous impliquent donc pas émotionnellement. L’empathie est inexistante ici alors qu’elle est une arme narrative dans le cinéma des frères Coen comme Fargo ou encore Burn After Reading. Les losers ne sont pas touchants. Leur sort ne nous intéresse pas compte tenu des « choix » faits par Rob ou Manny, avec une banalité affligeante, telle la scène où Isabelle demande à Rob d’assassiner son mari. Et la bande son n’arrange pas la donne. Tyler Mckuzick et Chad Felix ont été avares nous délivrant des morceaux de guitare sudistes qui ne sortiront jamais le film de sa torpeur. Au final, la déception règne. Le réalisateur – également attaché au scénario, à la production et au montage – avait de bonnes cartes en mains dont une intéressante maîtrise de l’espace en dépit d’un budget serré. Cela ne permet hélas pas de sauver pleinement cette première œuvre. Car à trop vouloir jouer dans le registre de la comédie de marionnettiste, Two Hundred Thousand Dirty laisse dévoiler grossièrement les ficelles narratives devenant aussi pathétiques que ses protagonistes.

 

 

Guillaume Ménard

 

 

  • TWO HUNDRED THOUSAND DIRTY écrit, produit, monté et réalisé par Timothy L. Anderson en salles le 16 juillet 2014.
  • Casting : Mark Greenfield, Coolio, Rocio Verdejo, C. Clayton Blackwell, Kenneth McGregor, Spencer Rowe, Kittson O’Neill, Alejandro Lozano…
  • Photographie : Cameron White
  • Compositeur : Chad Felix, Tyler McKusick
  • Costumes : Mélanie Dillon
  • Distribution : Mangoustine
  • Durée : 1h29

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