Gimme Shelter de Ron Krauss: critique

Publié par Nicolas Hainaut le 27 octobre 2014

Synopsis : Apple, une adolescente rebelle, fuit sa mère toxicomane pour retrouver un père qu’elle n’a jamais connu. L’irruption d’Apple, surnommée Ambre, au sein de cette nouvelle famille très conventionnelle va semer le trouble. La situation va se dégrader lorsqu’ils découvrent qu’Apple est enceinte et souhaite garder son enfant. Se sentant rejetée, Apple fuit de nouveau et devra survivre seule dans les rues, en quête d’un foyer.

 

♥♥♥♥♥

 

Gimme Shelter - affiche

Gimme Shelter – affiche

Gimme Shelter débute par une scène de famille qui plonge le spectateur dans l’univers torturé de Ambre (Vanessa Hudgens) et de sa mère, June (Rosario Dawson). Le cadre est instantanément posé lorsque l’adolescente prend la fuite après s’être procurée des coordonnées, afin de trouver un refuge potentiel. Sans prendre le temps de laisser respirer son spectateur, Ron Krauss impose lourdement ses deux actrices super stars, maquillées à outrance, et peu enclines à apporter de la véracité à un propos ‘inspiré de fait réel’. Le réel. C’est derrière ce motif tout puissant que Krauss cherche à se cacher, après s’être immergé un an dans le foyer social de jeunes mamans dont fera partie Ambre. Si ses intentions laissaient présager une Å“uvre intéressante, voguant entre les eaux du documentaire et celles de la fiction, sa volonté de confier les figures-clés du récit à des actrices surmédiatisées vient tout remettre en doute. Quid de la véracité ? De l’immersion dans une réalité sociale ? Tristement, Vanessa Hudgens (SPRING BREAKERS – notre critique) et Rosario Dawson (vue dernièrement dans SIN CITY 2 – notre critique) n’ont de cesse de surjouer leur personnage en affichant leurs plus belles grimaces, leurs plus belles larmes. En s’abritant derrière des fausses prouesses physiques afin de coller au réel, les actrices semblent d’autant plus déconnectées de celui-ci. L’intrusion de la jeune Cassandra (Emily Meade) ne fait que rajouter de la facticité au sein d’un cadre social qui aurait mérité un bien meilleur traitement.

 

Vanessa Hudgens dans Gimme Shelter de Ron Krauss

Vanessa Hudgens dans Gimme Shelter de Ron Krauss

 

Brendan Fraser, qui interprète Tom le père de Ambre, vient quant à lui maladroitement ajouter un effet comique à un récit traité au rouleau compresseur. Ses expressions figées, son air hébété et complexé ne sont jamais prompts à immerger le spectateur au cœur de la relation père-fille malheureusement trop peu approfondie au sein du film. Car c’est bien la seule piste de Gimme Shelter qui aurait éventuellement permis à Krauss de s’éloigner des sentiers battus et explorer de nouvelles pistes de réflexions. Tandis que le lien à la mère est directement exposé sans jamais révéler de surprises (chaque situation est similaire), le rapport à la figure paternelle est rapidement esquissé (l’abandon de jeunesse) mais n’aboutit que trop tardivement par l’intermédiaire d’une ancienne lettre écrite à son bébé abandonné. En étant placée à la fin du film, la lecture de cette lettre confirme l’idée que Krauss ne cherche définitivement jamais à surprendre le spectateur mais bien à imposer un récit, codifié, qui enferme son audience dans un cadre dramatiquement poussif.

 

Rosario Dawson dans Gimme Shelter de Ron Ron Krauss

Rosario Dawson dans Gimme Shelter de Ron Ron Krauss

 

Gimme Shelter s’inscrit comme un drame social archétypal qui ne parvient jamais à se réinventer. Si la démarche de Ron Krauss semble louable, le jeune cinéaste américain s’enlise rapidement dans une mise en scène formatée générée par un recyclage abusif des codes cinématographiques liés au genre (caméra-épaule, usages du gros plan, plan-séquence,…). Bien que la parallèle coule de source, les emplois d’Alain Marcoen (chef opérateur) et de Marie-Hélène Dozo (monteur) ne font que renforcer l’aura dardennienne qui se détache de la démarche de Krauss. Principalement connus pour leurs travaux communs avec les frères Dardenne, les approches des deux techniciens belges ne permettent jamais de bonifier une dynamique artistique peu convaincante, soutenue par un surjeu constant des acteurs. En choisissant de mêler réel (faits authentiques, démarche documentaliste) et fiction (actrices imposantes, codes d’usages liés au drame social), Ron Krauss livre une œuvre maussade et hésitante. Il ne parvient jamais à établir une ligne de conduite pertinente, à trouver un véritable refuge, en balançant Gimme Shelter entre deux forces paradoxales.

 

 

  • GIMME SHELTER écrit et réalisé par Ron Krauss en salles le 29 Octobre 2014
  • Avec : Vanessa Hudgens, Rosario Dawson, Brendan Fraser, James Earl Jones, Stephanie Szostak, Emily Meade, Ann Dowd…
  • Production : Ron Krauss, Jeff Rice
  • Photographie : Alain Marcoen
  • Montage : Marie-Hélène Dozo, Mark Suit
  • Musique : Ólafur Arnalds
  • Décors : William Ladd Skinner
  • Costumes : Ciera Wells
  • Distribution : LFR Films
  • Durée : 1h41

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