Série/ The Newsroom (saisons 1, 2 et 3): critique

Publié par Guillaume Ménard le 27 janvier 2015

Synopsis : Les coulisses tendues et survoltées de l’émission « News Night », diffusée sur la chaîne d’information en continu ACN, alors que son présentateur vedette, Will McAvoy, un homme aussi talentueux que détestable, est en pleine controverse. En effet, il a tenu, en direct, des propos qui remettait en cause le rêve américain. Alors que son équipe a déserté, il se voit attribuer une nouvelle productrice exécutive avec qui il a un passif…

 

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The Newsroom

The Newsroom

Après avoir remporté l’Oscar du meilleur scénario avec THE SOCIAL NETWORK (notre critique), Aaron Sorkin revient en 2012 au petit écran sur HBO. Avec The Newsroom, le célèbre scénariste et showrunner d’A la maison Blanche crée la surprise pendant ces trois saisons, mêlant plaidoirie subversive et humour décapant dans le milieu du journalisme télévisuel. En 1998, il s’était déjà intéressé au sujet avec sa série Sports Night, qui traitait des actualités sportives. Ici, le propos adopte un ton résolument plus grave et s’inscrit dans une prise de position assumée du scénariste, entre politique et déontologie du sacerdoce que constitue le métier de journaliste. Avant tout, il est fondamental d’aborder la série en comprenant les enjeux et clivages politiques inhérents à la société américaine. Décoder leur complexité permet de cerner les motivations et questionnements des personnages. De l’opposition des partis démocrate et républicain à la recherche du sensationnel qui caractérise les chaînes d’info aux Etats-Unis, on passe aux élans patriotiques d’une Amérique post-11 Septembre 2001. Comprendre cela évite une perspective faussée par la vision européenne souvent réductrice et caricaturale des Américains. La première saison s’ouvre sur un débat au cours duquel Will McAvoy (Jeff Daniels), présentateur de l’émission News Night, répond à des étudiants. À la question « Pourquoi les Etats-Unis sont-ils le plus grand pays du monde ? », McAvoy s’inscrit en faux contre cette assertion et se lance dans une violente diatribe sur l’évolution du pays. Pas très politiquement correct.

 

Jeff Daniels dans The Newsroom

Jeff Daniels dans The Newsroom

 

The Newsroom, c’est en fait l’histoire d’un anchorman exécrable et cynique, de sa remise en question, de son bras de fer avec la direction de la chaîne et du caractère jusqu’au-boutiste de son équipe. L’action se situe deux ans avant le tournage, soit en 2010. Choix subtil qui donne au scénario la possibilité de prendre du recul sur les événements passés. Le premier épisode, axé sur les conséquences de la prise de position de McAvoy, prend le temps de présenter tous les protagonistes. Ainsi, c’est l’arrivée de la nouvelle productrice exécutive du JT, Mackenzie MacHale (Emily Mortimer), qui amorce le virage décisif de l’émission, privilégiant l’éthique du journalisme par rapport à la politique spectacle. Elle est assistée par Jimmy Harper (John Gallagher Jr.), qui s’intéresse de près à la productrice associée, Maggie Jordan (Alison Pill), déjà en couple avec Don Keefer (Thomas Sadoski).

 

Chaque épisode s’ouvre sur un générique très évocateur, rythmé par la partition d’un Thomas Newman toujours aussi inspiré (Six Feet Under, Angels In America.) On y voit un satellite en orbite qui précède un déferlement d’images d’époque des présentateurs des années 50. La présentation alterne avec des portraits des héros de la série et se termine en fondu enchaîné sur le logo de la chaîne. Pour les saisons 2 et 3, le générique fait peau neuve sans pour autant changer le thème original et adopte un ton beaucoup plus sobre. Un montage de plans qui symbolisent la préparation de l’émission, une main sur un moniteur, un plan serré sur un bureau, une cravate, une pile de dossiers ou une caméra.

 

The Newsroom

The Newsroom

 

Le découpage de The Newsroom s’articule autour de deux principales dynamiques. D’un côté, les faits d’actualité qui mettent sous pression les journalistes en pleine investigation, et de l’autre, les intrigues sentimentales traitées avec un humour qui tempère la course à l’information. La spécificité de la série est sa logique temporelle qui se construit autour de faits réels. On suit donc le quotidien de tous ces journalistes au rythme des événements, comme celui de l’épisode-pilote : l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, véritable catastrophe écologique. Ainsi, le thème de chaque épisode se rapporte à des faits anciens. Cela permet des allers-retours dans le temps, des semaines voire des mois, sans jamais perdre le téléspectateur. Le traitement de chaque sujet peut se dérouler sur plusieurs épisodes. Et les sujets sont nombreux. Will et son équipe s’intéressent autant aux élections de mi-mandat de 2010 qu’au Printemps égyptien de 2011.

 

Au-delà du traitement de ces actualités, ce sont les coulisses de l’information qui fascinent dans The Newsroom. Sorkin détaille parfaitement les différents flux de communication ; d’Internet aux appels téléphoniques. La série se déroule presque en huis-clos et le parti pris du showrunner prend tout son sens dans la mise en scène. La caméra est braquée sur trois principaux lieux : la salle de rédaction, le plateau et la salle de régie. On y suit l’évolution de l’information, depuis le mail d’un informateur, la vérification du fait par à la rédaction jusqu’à l’annonce en direct. Rien n’est donc laissé au hasard dans ce travail de fourmi qui implique une thématique récurrente dans la série, l’éthique. Les différentes intrigues de cette première saison sont dominées par cette notion. On découvre la prudence et les doutes de l’équipe quand il s’agit de révéler une info, de nommer des victimes ou de faire éclater un scandale.

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