Série/ Peaky Blinders (saisons 1 et 2): critique

Publié par Guillaume Ménard le 27 novembre 2014

Synopsis : En 1919, à Birmingham, soldats, révolutionnaires politiques et criminels combattent pour se faire une place dans le paysage industriel de l’après-Guerre. Le Parlement s’attend à une violente révolte, et Winston Churchill mobilise des forces spéciales pour contenir les menaces. La famille Shelby compte parmi les membres les plus redoutables. Surnommés les « Peaky Blinders » par rapport à leur utilisation de lames de rasoir cachées dans leurs casquettes, ils tirent principalement leur argent de paris et de vols. Tommy Shelby, le plus dangereux de tous, va devoir faire face à l’arrivée de Campbell, un impitoyable chef de la police qui a pour mission de nettoyer la ville. Ne doit-il pas se méfier tout autant de la ravissante Grace Burgess ? Fraîchement installée dans le voisinage, celle-ci semble cacher un mystérieux passé et un dangereux secret.

 

♥♥♥♥

 

Peaky Blinders - affiche

Peaky Blinders – affiche

Les séries à portée historique ont le vent en poupe depuis quelques années. C’est cependant le début du siècle dernier qui revient récemment sur le devant de la scène, avec des créations originales telles que Downtown Abbey, THE KNICK (notre critique) ou encore Boardwalk Empire. Ces choix d’époques traduisent le clivage identitaire sur le petit écran, où les racines de ce passé obscur et lointain, représentant le début des années 1900 dans l’imaginaire collectif, crée paradoxalement un sentiment de renouveau et de découverte historique. En 2013, BBC Two lance Peaky Blinders, créé par Steven Knight, scénariste de Dirty Pretty Things de Stephen Frears, Les Promesses de l’Ombre de David Cronenberg, et réalisateur de LOCKE (notre critique) sorti cette année. La première saison constituée de six épisodes se déroule en 1919 à Birmingham en Angleterre. On y suit le gang criminel des Peaky Blinders, que l’on peut traduire par casquettes aveuglantes puisqu’ils cachaient des lames de rasoir dans la visière de leur béret pour attaquer leurs ennemis. Ce clan a réellement existé mais Steven Knight s’en éloigne considérablement, préférant s’affranchir d’un travail d’historien qui n’aurait pas donné le même impact dramatique, centré sur les Peaky Blinders comme les membres d’une même famille.

 

Cillian Murphy dans la serie Peaky Blinders sur BBC Two

Cillian Murphy dans la serie Peaky Blinders sur BBC Two

 

La série débute avec l’arrivée de Thomas Shelby sur un cheval noir, incarné avec charisme par Cillian Murphy, menacé par les flammes s’échappant des fonderies dans une rue anglaise où l’on voit policiers et ouvriers s’écarter sur son chemin. La représentation symbolique de Thomas Shelby est traduite par cette première apparition. Le destrier noir fait référence à la domination instinctive du cavalier sur sa monture, qui renvoie à la notion de déplacement et donc de voyage liée aux obstacles rencontrés sur la route. Mais aussi au caractère funeste, convoquant le folklore occidental dans lequel il est capable de traverser les enfers et de vaincre les guerres. Cet aspect est important et indissociable du sous-texte de Peaky Blinders car les trois frères Shelby sévissent dans le domaine des paris hippiques. L’arrivée d’un inspecteur de la Police Irlandaise, Chester Campbell (Sam Neill) va bouleverser leurs plans, déjà menacés par les bandes rivales. Le premier élément, imposé dès le début de la première saison, est le souvenir de la Première Guerre mondiale qui hante tous les protagonistes revenus de l’enfer. L’action se déroulant au début du siècle, les séquelles sont donc récentes, et surtout psychologiques. Le personnage de Danny Whizz-Bang (Samuel Edward-Cook) souffre de délires psychotiques le persuadant qu’il est encore en France. Arthur Shelby Junior (Paul Anderson) est de son côté instable. Quant à Tommy, il est encore hanté la nuit par ses cauchemars de guerre. Les dialogues en font parfois référence mais la plupart du temps, ce passé trouble, suggéré par les non-dits, traduit l’horreur indescriptible des combats.

 

Peaky Blinders sur BBC Two

Peaky Blinders sur BBC Two

 

Le caractère guerrier de ces anciens soldats devenus gangsters s’affirme dorénavant dans la rue et non plus dans les tranchées, la rigueur et la chance demeurant leurs seuls alliées. Tommy, devenu chef du clan, personnifie cette notion de hasard dans la mesure où chaque décision trop cornélienne est prise par un lancer de pièce. Le libre-arbitre est ici fixé par la fatalité faisant basculer les évènements et les personnages dans une spirale tragique où la destinée prévaut sur la réflexion. Les épisodes se succèdent et présentent un tableau de personnalités hétérogènes dont les corps finissent par sortir de l’obscurité pour se diriger vers la lumière, et non l’inverse. L’espace dans Peaky Blinders est donc conditionné par ce qui est volontairement montré à l’écran. Les pertes des héros sont basées sur un plan émotionnel comme leurs sentiments amoureux, leur confiance, leurs aspirations et leurs souvenirs. Si le gang, au fil des épisodes, affrontent leurs ennemis de manière détournée pour arriver à leurs fins, c’est avant tout pour asseoir leur autorité sur Birmingham. Malgré cette intention d’élargir leur territoire, ils basculent dans la déconstruction de leurs rêves et apparaissent davantage comme des êtres implacables dénués d’illusions. Le choix judicieux de la mise en scène appuie ce détachement de la réalité avec un focus perpétuel sur les personnages tandis que l’arrière-plan se retrouve flouté. Cette démarche technique entraîne ainsi à la fois une distanciation de l’action extérieure et une distorsion de la réalité aux accents oniriques. L’ensemble donne l’impression constante d’un cauchemar éveillé dont les monstres sont les reflets des héros. L’allégorie de ce double visage réside dans le duel entre Tommy Shelby et l’inspecteur Campbell qui rivalisent d’ingéniosité et de subterfuges pour tromper l’autre.

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Source: CBO Box office

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