Spetters de Paul Verhoeven: critique

Publié par Thierry Carteret le 21 mars 2015

Synopsis : Trois jeunes amis fous de motocross veulent à tout prix réussir dans ce sport, à l’image de leur héros, le champion Gerrit. Mais lorsqu’ils croisent le chemin de la jeune vendeuse de frites Fientje, leurs destins basculent.  

 

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Spetters - affiche originale

Spetters – affiche originale

Alors que Paul Verhoeven tourne actuellement son nouveau long métrage, Elle, dans notre beau pays avec Isabelle Huppert, Virginie Efira et Laurent Lafitte, le Reflet Médicis proposait le 17 mars 2015 une projection exceptionnelle de Spetters, une de ses premières Å“uvres devenue aujourd’hui culte. Une soirée organisée dans le cadre de « A la découverte du cinéma néerlandais » avec la collaboration de l’Ambassade des Pays-Bas et du Festival de Cinéma de Brive (14-17 avril 2015) qui programmera une soirée spéciale avec certains de ses moyens-métrages. Partant d’un postulat simple, l’histoire de trois amis dans l’univers du moto-cross, Paul Verhoeven pose une véritable petite bombe dans le cinéma hollandais, le condamnant presque à l’exil suite au scandale engendré par la sortie en salles en 1980, qui attire pourtant plus d’un million de spectateurs. Cette Å“uvre radicale et provocatrice est décrite (à tort) comme anti-gay, anti-handicapé, anti-religieux et misogyne. Avec le recul, Spetters apparaît surtout comme le manifeste de toute la filmographie du « Hollandais violent ». Ce qui frappe d’emblée, c’est son énergie incroyable dégagée dès l’ouverture. Le montage frénétique et le rythme entraînent le spectateur dans une chronique puissante sur une jeunesse hollandaise désenchantée. Le trio d’anti-héros est à la fois pathétique et attachant dans leur désir de s’extraire de leur vie minable, constituée de compétitions de moto-cross amateurs et de séances de dragues poussives. Verhoeven ne prend pas de gants, et certaines séquences sont véritablement crues et quasi pornographiques. C’est justement par cet aspect frontal, loin du glamour et de l’érotisme softs des productions actuelles prétendument sulfureuses, que Spetters tire toute sa force. Cette façon faussement racoleuse de filmer, qui peut paraître gratuite, permet au contraire de traduire l’impuissance des personnages à s’extraire de leurs conditions.

 

Spetters de Paul Verhoeven

Spetters de Paul Verhoeven

 

Ainsi, le film joue constamment sur cette notion de compétition, confrontant les concours sportifs aux performances sexuelles défaillantes des trois amis, comme une volonté constante de prouver leur virilité. La figure charismatique et assurée du champion Gerrit, campée par Rutger Hauer, offre un modèle très cruel face à la misérable réalité de ces aficionados de motocross. Mais l’objet d’attirance et de destruction est surtout incarné par la plantureuse et très libérée vendeuse de frites, Fientje, jouée par la séduisante Renée Soutendijk. Elle met à mal le trio d’amis par la seule force du désir qu’elle leur inspire, à l’instar de son frère sur l’un d’eux, dont la séquence d’initiation à l’homosexualité reste d’une brutale sauvagerie. Spetters glisse alors peu à peu vers le drame sans fond. Le ton léger – à tous niveaux – de la première partie laisse place à une gravité profonde marquée par une série d’évènements, dont certains tragiques, pour les trois personnages. Au rythme d’une bande originale très pop-rock illustrée de tubes de ABBA, Iggy Pop et Blondie, mais aussi de morceaux plus mélancoliques comme Lost Blue Of Chartres de Kayak, Spetters s’avère une éclatante réussite du début de carrière de Paul Verhoeven. Une Å“uvre sulfureuse culte qui paraît bien difficile – voire impossible – à reproduire aujourd’hui dans le panorama cinématographique trop formaté face à une telle liberté dans le discours artistique.

 

 

 

  • SPETTERS de Paul Verhoeven diffusé au Reflet Médicis le 17 mars 2015 en version restaurée et numérisée. Aucune sortie prévue.
  • Avec : Rutger Hauer, Hans van Tongeren, Renée Soutendijk, Toon Agterberg, Maarten Spanjer, Marianne Boyer, Jeroen Krabbé…
  • Scénario : Gerard Soeteman
  • Production : Joop van den Ende
  • Photographie : Jost Vacano
  • Montage : Ine Schenkkan
  • Décors : Peter Jasnai
  • Costumes : Yan Tax
  • Musique : Ton Scherpenzeel
  • Distribution : EYE Film Instituut Nederland
  • Durée : 2h
  • Sortie initiale : 1980

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