Résumé : Dans le cinéma, il existe une sainte Trinité. Joël Coen, Ethan Coen et « The Dude ». Pour ceux qui s’adonnent à cette croyance, voici enfin la bible qui va leur permettre de pratiquer leur religion selon les meilleurs commandements : The Big Lebowski – les origines, les coulisses, le culte. Les tables de la loi, richement enluminées, transcrites en direct du Mont Sinaï hollywoodien par une version féminine survoltée de Moïse : Jenny M. Jones. Une vision de l’univers des frères Coen au travers d’un prisme particulier, celui d’un film unique en son genre. Peu apprécié à sa sortie et devenu légende.
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Jenny M. Jones n’en est pas à son premier coup d’essai. Elle avait déjà délivré au monde les coulisses du Parrain – l’album officiel, paru aux éditions Premium en 2012, où elle décortiquait, avec humour et réalisme, le making of de la mythique trilogie de Coppola. Castings, anecdotes de tournage, portraits des acteurs étaient au programme pour le plus grand plaisir des cinéphiles. Rebelote avec The Big Lebowski – les origines, les coulisses, le culte mais de manière plus forte, eu égard à l’importance du culte : dudéisme oblige. C’est en 1998, juste après le succès de Fargo que le duo Coen, quasi géméllaire, auteur de Barton Fink, lâche sur les écrans l’affaire The Big Lebowski. Si l’oeuvre déroute le public habituel, il devient peu à peu l’hymne cinématographique de toute une génération. L’histoire d’un fada, Jeffrey Lebowski, dit « The Dude », incarné par Jeff Bridges, un paumé, un imposteur qui se présente comme “un individu riche et puissant ayant mené une vie d’accomplissements nés d’une éthique professionnelle forte. ». Il joue aux quilles, vide des bières au bar du bowling, refait le monde avec ses potes, colle à l’image du Grand Oz, aux côtés de John Goodman et Steve Buscemi. Les fans de ce bijou décalé seront heureux de retrouver certaines répliques répétées à l’envi : « On n’est pas au Vietnam, on joue selon les règles… » qui en disent long sur le côté ramenard du personnage et de ses coreligionnaires confits dans le même mensonge.
De plus, Jenny M. Jones passe en revue plusieurs films des frères Coen et d’autres plus anciens dont ils ont tiré leur inspiration si singulière. Cette culture cinématographique leur a permis en effet de se construire une image à part parmi les plus grands réalisateurs des trois dernières décennies. L’auteure s’arrête aussi aux règles du bowling, publie un index exhaustif de toutes les références coeniennes, de Bogard à Kraftwerk (groupe de techno allemand incontournable dans les années 80), et aère son texte de photos de plateau et d’illustrations. Et voilà comment un album cinématographique devient un « beau livre », un « coffee table book » qui va enthousiasmer les exégètes comme les adeptes les plus pratiquants. Le livre exalte l’œuvre de Joel et Ethan Coen alors qu’ils ont tout récemment présidé le Festival de Cannes 2015. Cette présidence bicéphale inédite laissera des traces dans l’histoire de ce sommet du cinéma mondial. Passionnant, instructif, ludique, poétique, The Big Lebowski – les origines, les coulisses, le culte aussi générationnel que le film, rend hommage à cette ovni vénéré à part dans la filmographie unique de deux cinéastes surdoués. Magique.
- THE BIG LEBOWSKI – Les origines, les coulisses, le culte de Jenny M. Jones disponible depuis le 20 mars 2015 aux éditions Huginn Muninn.
- Traduction : Cédric Perdereau et Philippe Touboul.
- 216 pages
- 34,95 €