Sortie Blu-ray/ Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle: critique

Publié par Franck Brissard le 8 décembre 2015

Synopsis : Un samedi soir à Paris : ancien officier parachutiste travaillant pour un riche industriel nommé Simon Carala, Julien Tavernier assassine son patron dans un crime organisé avec la jeune épouse de celui-ci, Florence. Tout le plan visant à faire passer le meurtre pour un suicide se déroule parfaitement, jusqu’à ce que Julien se rende compte qu’il a oublié une corde pouvant le compromettre. Retournant dans les locaux de l’entreprise, il se retrouve coincé dans l’ascenseur au moment où le portier coupe le courant. Pendant ce temps, un couple de deux jeunes amoureux, Louis et Véronique, dérobe la voiture que Julien a laissée devant l’immeuble…

 

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Ascenseur pour l'echaffaud de Louis Malle - jaquette

Ascenseur pour l’échaffaud de Louis Malle – jaquette

Fils d’une grande famille d’industriels du sucre, Louis Malle se sent d’emblée attirer par la mise en scène. Si ses parents souhaitent le voir se diriger vers des études de sciences politiques, il est reçu au concours de l’IDHEC. Il fait ses premiers pas derrière la caméra en tant qu’assistant de Jacques-Yves Cousteau pour son documentaire sur les fonds marins, Le Monde du Silence, Palme d’or à Cannes en 1956. Désormais lancé, Louis Malle, alors âgé de 25 ans, décide pour son premier long métrage d’adapter le roman Ascenseur pour l’échafaud de Noël Calef, paru en 1956, avec le romancier, journaliste et scénariste Roger Nimier. C’est un coup de maître. Aujourd’hui, Ascenseur pour l’échafaud demeure l’une des plus grandes références du polar noir français. Tous les codes hérités du cinéma de genre américain sont repris par Louis Malle, qui a su se les réapproprier avec sa sensibilité. Il manipule ainsi la dramaturgie classique, annonçant clairement la Nouvelle Vague qui a brisé les codes cinématographiques peu de temps après. En l’espace d’une nuit, il multiplie les intrigues simultanées et joue avec les nerfs des spectateurs, mais aussi de ses personnages. On passe de Julien (Maurice Ronet), coincé dans l’ascenseur et faisant tout pour s’en extraire, à Florence (Jeanne Moreau) à travers ses déambulations nocturnes dans les rues de Paris. Puis à Louis (Georges Poujouly) et Véronique (Yori Bertin), qui ont volé la voiture de Julien et qui brûlent leur jeunesse sur l’asphalte en quête d’émotions fortes et de liberté. Aux côtés de ce casting irréprochable dans lequel le mythe Jeanne Moreau prend son envol, Lino Ventura, Charles Denner et Jean-Claude Brialy font de courtes mais mémorables apparitions.

 

Ascenseur pour l'échafaudAscenseur pour l'échafaudAscenseur pour l'échafaudAscenseur pour l'échafaud

 

Ouvertement, Louis Malle s’inspire d’Alfred Hitchcock et de Robert Bresson. L’influence de ce dernier, qu’il a assisté pour Un condamné à mort s’est échappé en 1956, est d’ailleurs explicite dans les séquences à l’intérieur de l’ascenseur. Cependant, ce qui a participé au triomphe, au style et à l’ambiance, inscrivant définitivement Ascenseur pour l’échafaud dans l’Histoire du cinéma, c’est bien évidemment cette première bande originale composée par Miles Davis. L’artiste, alors âgé de 31 ans, est accompagné de Barney Wilen au saxophone, René Urtreger au piano, Pierre Michelot à la contrebasse et Kenny Clarke à la batterie. Grand passionné de jazz, Louis Malle a « simplement » demandé à Miles Davis d’improviser, en seulement deux jours, l’accompagnement musical en visionnant les séquences récemment montées. Enorme succès dès son édition, cette partition n’a eu de cesse d’être éditée. N’omettons pas cependant la beauté de la photographie d’Henri Decaë, assisté de Jean Rabier, qui sublime chaque cadre du cinéaste. À sa sortie, Ascenseur pour l’échafaud fut un véritable succès au box office, tout en remportant le Prix Louis-Delluc.

 

 

 

Jeanne Moreau dans Ascenseur pour lechafaud

Jeanne Moreau dans Ascenseur pour lechafaud

TEST BLU-RAY : Dans cette édition, un documentaire rétrospectif, L’espace d’une nuit, réalisé par Pierre-Henri Guibert (32′) compile les témoignages d’une douzaine d’intervenants, comme Candice Bergen (actrice et épouse de Louis Malle), Jean-Claude Carrière (scénariste), Jean-Paul Rappeneau et Volker Schlöndorff (amis de Louis Malle). Ils partagent diverses anecdotes du tournage. Les portraits de l’homme (sa famille) et de l’artiste (les étapes de sa carrière) se croisent dans des propos parfois redondants ; la multiplicité des interlocuteurs n’aide en effet pas forcément à s’y retrouver. Le second module donne la parole au pianiste René Urtreger (15′), un des éléments du quintet de Miles Davis. Avec émotion et cette passion pour la musique qui ne l’a jamais quittée, René Urtreger partage ses souvenirs liés à l’enregistrement de la mythique bande originale. Ce nouveau master HD (codec AVC), restauré au format respecté, se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué sur les nombreux gros plans, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Louis Malle. La photo d’Henri Decaë retrouve également une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Les fondus enchaînés sont fluides et ne décrochent pas, la copie est stable, et l’ensemble ravit les mirettes. Quelle beauté ! La piste mono bénéficie d’un encodage en DTS HD-Master Audio. L’écoute se révèle fluide, limpide et surtout saisissante. Aucun craquement ni souffle intempestifs ne viennent perturber l’oreille des spectateurs. La musique de Miles Davis est admirablement restituée et les échanges sont clairs. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

 

 

 

  • ASCENSEUR POUR L’ECHAFAUD réalisé par Louis Malle, disponible en DVD/Blu-ray depuis le 4 novembre 2015.
  • Avec : Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Lino Ventura, Georges Poujouly, Yori Bertin, Elga Andersen, Charles Denner, Jean-Claude Brialy, Gérard Darrieu, Hubert Deschamps…
  • Scénario : Louis Malle, Roger Nimier, d’après le roman de Noël Calef
  • Production : Jean Thuillier
  • Photographie : Henri Decaë
  • Montage : Léonide Azar
  • Musique : Miles Davis
  • Editeur : Gaumont
  • Tarif : 19,99 €
  • Durée : 1h31
  • Date de sortie initiale : 29 janvier 1957

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