Attendu de longue date, LES 8 SALOPARDS de Quentin Tarantino sort aujourd’hui 6 janvier sur les écrans français. Mais tous les cinéphiles ne seront pas logés à la même enseigne.
Car comme le souligne Le Monde, sur les 634 copies tirées par SND, le distributeur en France, une seule est au format 70 millimètres. C’est le Gaumont Marignan, sur les Champs-Elysées à Paris, qui a le grand honneur de l’exploiter pendant quinze jours. Elle sera ensuite envoyée au Grand Mercure d’Elbœuf, près de Rouen, pour deux semaines. Quant aux autres salles, elles devront se contenter des versions numériques.
Lors des avant-premières en France, organisées par le distributeur dans cinq salles soigneusement sélectionnées, les spectateurs avaient pu découvrir le film en 70mm. D’heureux privilégiés par rapport à la majorité du public qui verra une œuvre ne correspondant pas à ce que souhaitait son réalisateur.
Ce n’est pas un secret, Quentin Tarantino a toujours défendu un certain cinéma et la pellicule argentique, comme Christopher Nolan et Martin Scorsese. Les 8 Salopards a été tourné avec un négatif 65 mm et un objectif Ultra Panavision 70 mm anamorphique, un format d’image qui n’avait plus été utilisé depuis 1966 et Khartoum de Basil Dearden, avec Charlton Heston et Laurence Olivier.
Par ailleurs, outre la moins bonne qualité d’image, la plupart des spectateurs seront privés de 8 minutes par rapport à la version 70mm. Si l’option d’une seule copie en 70mm peut s’expliquer par le coût élevé du tirage, on peut quand même s’interroger sur les choix et le coût de la tournée d’avant-premières dans des salles qui n’étaient pas toujours équipées et qui ont dû le faire. Dans le même temps, plusieurs salles de cinéma de Paris et de province, bien que dotées d’un projecteur 70mm – contrairement au Gaumont Marignan –, n’ont pu obtenir le film ; leur « tort » étant d’être des exploitants indépendants qui n’entraient pas dans le plan de sortie de SND.
Les soucis que connaît l’exploitation du nouveau film de Quentin Tarantino ne concernent pas seulement l’Hexagone. Si le réalisateur a envisagé de rééquiper des salles de cinéma, Variety fait état de problèmes lors de projections en 70 mm aux Etats-Unis. The Weinstein Company, le distributeur sur le territoire américain, en a minimisé le volume et l’a estimé à 1 %, mais d’autres sources donnent le chiffre inquiétant de 19 %.
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Maigre consolation, à défaut d’être l’amorce d’un changement d’attitude : bien qu’il soit trop tard pour faire marche arrière, des pirates de Hice-CM8 se sont excusés pour avoir diffusé sur la toile une copie du film quelques jours à peine avant sa sortie américaine. Des regrets et des excuses accompagnées de louanges bien curieuses qui ne concernent que Les 8 Salopards et non les autres longs métrages piratés, dont certains également inédits.
En pleine saison de récompenses, l’histoire fait du bruit à Hollywood et a amené le FBI à ouvrir une enquête, pour savoir, entre autres, d’où proviennent les fuites. Il s’agit très probablement de DVD remis par les distributeurs ou producteurs aux jurés des Golden Globes et des Oscars. The Hollywood Reporter n’y va pas par quatre chemins et a déjà porté des accusations contre « un professionnel de la profession ». Restons néanmoins prudents, l’affaire suit son cours.