Synopsis : Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…

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Batman v Superman - poster

Batman v Superman – poster

Zack Snyder arrivait en terrain miné avec Batman v Superman. Il réussit pourtant magistralement – n’en déplaise aux esprits abusivement chagrins. Tout sonne juste dans ces 151 minutes que l’on ne voit pas défiler. D’abord les acteurs. Ben Affleck a su se mettre dans la peau du Chevalier Noir avec beaucoup de style et une assez grande compréhension du personnage. En Batman comme en Bruce Wayne, il saisit les méandres du héros et semble à son aise dans cet univers sombre mais habité par le devoir. Dès les première secondes, on pense bien sûr à Christopher Nolan et à The Dark Knight. Cependant, nulle réelle déception ne s’impose. Les tempes grisonnantes de Ben Affleck nous proposent un Batman mûri, qui accentue sa psychologie d’homme ambigu, s’interrogeant en permanence sur la frontière entre le juste et l’inique. La profondeur de l’archétype n’est pas balayée ni la complexité de l’esprit du protecteur de Gotham. Le détective, l’ingénieur et l’aventurier sont tour à tour convoqués dans les différentes scènes. Notons à ce titre la prestation impeccable de Jeremy Irons, impressionnant de justesse. Il campe un Alfred sobre et un brin cynique, assombri par les années de combat auprès de « Maître Bruce ». Quant à Henry Cavill, il réendosse de manière crédible un Superman qui ne parvenait guère à trouver son interprète depuis le regretté Christopher Reeves. Il a su créer un mélange intéressant de force élémentaire (son physique ne laisse pas de doute à ce sujet) et de pudeur, tissée d’idéalisme et de doutes. Il nous ramène encore à l’identité première du symbole que voulurent construire Siegel et Shuster dans Action Comics en 1938. La dialectique entre les deux super-héros, qui structure l’intrigue, s’appuie sur des thèmes forts du début du XXIe siècle sans tomber dans le circonstanciel. C’est l’un des défis intéressants relevés par le film et sans doute insuffisamment perçu. La toute-puissance du Kryptonien, de manière très jungienne, sert simplement à une méditation bien menée sur le rapport de l’homme à Dieu, question dont il n’est guère besoin de démontrer l’actualité.

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Batman v SupermanBatman v SupermanBatman v SupermanBatman v Superman

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On découvre au fur et à mesure du déroulement de l’action que Lex Luthor, joué de façon baroque mais avec talent par Jesse Eisenberg, pointe le divin d’un doigt accusateur dans le dessein, dans le simple but de s’asseoir sur son trône et de régner en despote. Vieux débat entre le Prométhée humaniste et bienveillant de la mythologie grecque et la version du roman de Mary Shelley qui nous livre une vision plus ténébreuse en la personne de Frankenstein et de sa créature. Bien sûr, Lex Luthor incarne un Frankenstein qui donne naissance à Doomsday. Il nous rappelle aussi le Kylo Ren de STAR WARS – LE RÉVÉIL DE LA FORCE (notre critique) ; même jeune homme traînant dans l’adolescence, immature, capricieux, vaniteux et caractériel, carencé par un rapport traumatique au père. Cela fait signe encore à une réalité contemporaine ; celle des enfants échouant à grandir et à devenir des hommes en faisant des choix et en maîtrisant leurs pulsions, désirs et passions. Lex nous évoque par ailleurs quelques grands patrons emblématiques de l’ère du numérique dont on se demande si leur rêve profond les porte vers l’ambiance libertaire de l’ère contestataire des années 70 ou vers la société de surveillance caractéristique du système Prism.

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Sur cette scène de l’imaginaire et de l’architecture psychanalytique américaine, Batman incarne en outre l’homme dans toutes ses contradictions, mais aussi la complémentarité de ses multiples facettes. Le chasseur des criminels de Gotham est ainsi tout à la fois : le maître des machines, l’utilisateur averti des technologies les plus modernes et le porteur de l’instinct métissé de rationalisme des Lumières. Tous ces visages se synthétisent dans la figure du Chevalier Noir que matérialise durant quelques minutes une « bat-armure » agrémentée d’une lance. Décor sans doute médiéval et wagnérien mais qui s’inscrit harmonieusement dans l’ensemble de l’histoire. Les effets spéciaux sont mis au service du traitement narratif et ne sombrent pas dans l’excès. Ils sont par ailleurs utilisés avec grande intelligence dans les instants oniriques de Wayne. Quant à Wonder Woman, la princesse des Amazones occupe une place marginale dans le récit. Cependant, la sculpturale Gal Gadot parvient plutôt habilement à soutenir le mythe sans en faire trop, à l’instar de la musique de Hans Zimmer. Celle-ci soutient parfaitement l’esprit de la réalisation visant au grandiose et au majestueux. À l’égal des décors, des costumes et de la photographie, elle nous emporte dans cet au-delà archétypal – marque de la « trinité » -, qui constitue un véritable socle de la galaxie de DC Comics : Superman, Batman et Wonder Woman. Batman v Superman manque sans doute de légèreté, mais rien ici ne nous empêche de rêver, d’éprouver et de réfléchir un peu…

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  • BATMAN V SUPERMAN : L’AUBE DE LA JUSTICE (Batman v Superman : Dawn of Justice) réalisé par Zack Snyder en salles le 23 mars 2016.
  • Avec : Ben Affleck, Henry Cavill, Gal Gadot, Amy Adams, Jeremy Irons, Jesse Eisenberg, Diane Lane, Laurence Fishburne, Holly Hunter… 
  • Scénario : David S. Goyer et Chris Terrio d’après des personnages créés par Bill Finger et Bob Kane, Jerry Siegel et Joe Shuster
  • Production : Charles Roven, Deborah Snyder
  • Photographie : Larry Fong
  • Montage : David Brenner
  • Décors : Patrick Tatopoulos
  • Costumes : Michael Wilkinson
  • Musique : Hans Zimmer, Junkie XL
  • Distribution : Warner Bros
  • Durée : 2h33

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