Synopsis : Désert de Sonora, sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de Mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l’immensité les épuisent et les accablent… Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un.
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Si Jonas Cuaron fait ici ses débuts derrière la caméra, il est toutefois loin d’être un inconnu dans le monde du septième art. Il a en effet travaillé aux côtés de son père Alfonso (d’ailleurs l’un des producteurs de Desierto) au scénario du multi-récompensé GRAVITY (notre critique). Son film raconte le parcours d’une poignée de migrants mexicains qui cherchent à passer la frontière américaine ; un sujet d’actualité brulant dans tous les sens du terme. Le désert torride de Sonora constitue en effet un personnage à part entière, devenant le théâtre d’un drame intense et éprouvant. Alors que les protagonistes essaient de rejoindre leur terre promise, ils deviennent la proie d’un chasseur sadique et impitoyable. Réduit à quatre personnes, le groupe est alors guidé par Moïse, un père de famille qui doit retrouver son fils à Oakland. Gael Garcia Bernal, acteur international sollicité par les plus grands, interprète ce personnage central avec force et justesse. On a vu le comédien à ses débuts dans Carnets de Voyage, qui l’a révélé, puis chez Almodovar dans la Mauvaise Education, dans La Science des Rêves de Michel Gondry ou encore dans NO (notre critique). En janvier 2016, il a reçu un Golden Globe pour son rôle dans la série Mozart in the Jungle. On retrouve dans Desierto certains ingrédients qui ont fait la pleine réussite de Gravity ; suspense, puissance dramatique, profondeur des personnages et mise en scène hyper efficace sont présents du début à la fin. La course poursuite entre le cruel Sam, campé par un glaçant Jeffrey Dean Morgan, et les clandestins mexicains est magistralement filmée. La traque se termine en apothéose par un face-à-face à couper le souffle. Une action aussi dense n’empêche pas le traitement de sujets graves. Bien au contraire. Le sort des migrants est évoqué de façon juste et intelligente. Ils sont des proies faciles et risquent leur vie pour une liberté bien illusoire. Jonas Cuaron utilise d’ailleurs astucieusement le décor qui s’offre à lui ; le désert apporte à l’intrigue tout son sel. C’est un labyrinthe infini, à la fois magnifique, étouffant et fatal. Même constat pour la musique, inspirée et inquiétante de Woodkid, alias Yoann Lemoine, compositeur-chanteur français. Au générique de fin figure Land of All, une chanson envoûtante qui représente à merveille le film. Œuvre riche et émouvante, Desierto offre l’immense avantage de mélanger habilement les genres. On est à la fois face à un western moderne, un thriller violent brut et sans concession, un drame humain révoltant et un film social baignant en plein dans l’actualité. Tout ces différentes facettes se complètent à merveille pour nous emporter jusqu’à la séquence finale…
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Christophe Binet
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- DESIERTO réalisé par Jonas Cuaron en salles le 13 avril 2016.
- Avec : Gael Garcia Bernal, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo, Diego Catano, Marco Perez, Oscar Flores, David Lorenzo…
- Scénario : Jonas Cuaron, Mateo Garcia
- Production : Alfonso Cuaron, Carlos Cuaron, Alex Garcia, Charles Gillibert
- Photographie : Damian Garcia
- Montage : Jonas Cuaron
- Décors : Alex Garcia
- Costumes : Andrea Manuel
- Musique : Yoann Lemoine alias Woodkid
- Distribution : Version Originale / Condor
- Durée : 1h34
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