La Cinémathèque Française consacre une exposition à Gus Van Sant, du 13 avril au 31 juillet 2016. L’événement nous permet de découvrir ou redécouvrir le monde captivant d’un réalisateur avant-gardiste qui a déjà marqué l’histoire du 7e art. Un univers loin de se limiter aux frontières strictes de ses films…
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Emblème d’un cinéma radical, anticonformiste et osé, Gus Van Sant, né en 1952 à Louisville dans le Kentucky, a su créer au fil du temps un univers singulier et prolifique. Une exposition autour de son œuvre, qui compte 16 longs métrages, et de ses collaborations artistiques, avec entre autres William Burroughs, William Egleston, Bruce Weber ou encore David Bowie, relevait donc de l’évidence pour la Cinémathèque Française.
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Production abondante dit forcément événement opulent. Les fans du réalisateur, qui fut tour à tour ingénieur du son, assistant de production, auteur de scénario et écrivain, ainsi que ceux qui souhaitent en savoir davantage sur lui ont donc de quoi être pleinement comblés. Tout est évoqué : Mala Noche – qui l’a fait connaître du grand public -, My Own Private Idaho, Prête à tout, Will Hunting, Psycho (remake plan par plan du film d’Hitchcock –, Eléphant – palme d’Or à Cannes en 2003 -, Harvey Milk ou encore Promised Land. Notons que Nos Souvenirs sortira sur nos écrans le 27 avril.
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Ainsi, pour analyser et présenter au mieux ses réalisations, quatre grandes parties composent la manifestation : photographie, peinture, musique et cinéma. Des thématiques qui s’imbriquent intimement et constamment depuis le tout début de sa riche carrière.
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LES DÉBUTS AU POLAROïD
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Comme pour mieux utiliser le champ des possibles dans ses moyens d’expression, Gus Van Sant touche à de multiples formes d’art. L’exposition nous apprend qu’il est un photographe prolifique et inspiré. Il achète son premier appareil à l’âge de 16 ans et se consacre à cet art de l’instantané à partir de 1975. Son parcours créatif commence avec des portraits spontanés et des compositions, pour lesquels il recourt aux polaroïds, comme Andy Warhol a eu ses screen tests. Acteurs, actrices comme Matt Damon, Nicole Kidman, Drew Barrymore et Keanu Reeves, mais aussi écrivains et anonymes défilent devant son objectif, un travail étonnant que l’exposition met remarquablement en valeur.
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DES PEINTURES DÉLIRANTES
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La polyvalence de Van Sant s’exprime aussi par la peinture et le dessin, dont la Cinémathèque propose plusieurs exemples, essentiellement des portraits à l’aquarelle. Les couleurs sont vives, souvent pastels ; des traits à la fois simples et affirmés. Beaucoup incarnent des flashs oniriques, visions délirantes sur fond de paysages désertiques de l’ouest des États-Unis. L’humour et la fantaisie ne sont jamais très loin. Cette inspiration lui vient évidemment de ses films, mais aussi de Portland, ville où il réside depuis 1983.
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LA MUSIQUE EN CONTREPOINT
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Tout au long de son œuvre cinématographique, Gus Van Sant a accordé une place importante à la musique. Les bandes originales, souvent composées spécialement pour ses films, apportent un contrepoint à l’image et déstabilisent le récit. Ce sont des zones de friction entre ce que le spectateur voit et ce qu’il ressent. En somme, la musique bâtit une chambre d’écho aux périples intérieurs des personnages. L’exposition nous apprend par ailleurs que Gus Van Sant a réalisé de nombreux clips pour plusieurs artistes comme David Bowie, les Red Hot Chili Peppers et les Hanson.
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UNE INFLUENCE ESSENTIELLE
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Outre des extraits de ses films, on peut voir aussi des objets inédits et précieux qui raviront les cinéphiles les plus exigeants. Des storyboards originaux ou des plans du lycée, qui a servi de décor à Elephant, sont ainsi présentés. Différents panneaux reviennent par ailleurs sur l’importance de son œuvre dans l’évolution du cinéma américain. Gus Van Sant a été un précurseur dans la représentation de la jeunesse de son pays. Il est une figure de proue essentielle du cinéma indépendant et underground. C’est également un observateur pertinent de notre époque et de sa violence. Sa filmographie hétérogène nous force à repenser ce qu’est un auteur de cinéma. Il brouille les pistes, aime à repartir de zéro, pour réélaborer, à chaque opus, un nouveau rêve de cinéma. Son influence et son instinct ont même permis de révéler des acteurs devenus incontournables, comme Nicole Kidman et Joaquin Phoenix dans Prête à tout. Il a réussi à créer sa propre famille dans le cinéma, revendiquant l’importance de travailler au sein d’une communauté liée par la confiance. Matt Damon et Casey Affleck, entre autres, font partie de son clan. Un artiste en perpétuel mouvement ; un sous-titre qui résumerait à merveille l’exposition Gus Van Sant.
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EN PRATIQUE
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L’exposition a lieu au 5e étage de la Cinémathèque française. En parallèle, les organisateurs programment une rétrospective de tous les films de Gus Van Sant, visibles du 13 avril au 28 avril. Le réalisateur animera le jeudi 14 avril une master class intitulée « Gus Van Sant par Gus Van Sant ». Enfin, plusieurs conférences autour de son œuvre et des visites ateliers et guidées sont proposées au public. Vous trouverez tous les renseignements indispensables sur www.cinematheque.fr.
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Christophe Binet
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