Synopsis : Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d’autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.Â
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Nicolas Winding Refn aime déstabiliser son spectateur et le fait clairement comprendre avec The Neon Demon. Présent pour la troisième fois en compétition officielle au festival de Cannes, après l’acclamé DRIVE (Prix de la mise en scène) et le sous-estimé ONLY GOD FORGIVES, il ne passe décidément pas inaperçu. Couchée sur un canapé, la gorge tranchée, le regard vide, une jeune fille s’adonne à une séance de shooting. Dès les premiers instants, le cinéaste danois impose un angle d’approche résolument tourné vers un esthétisme étincelant. Il immerge directement Jesse (Elle Fanning, toute en innocence) dans l’univers de la mode, avec une ironie étonnante. Au détour d’une conversation dans une boîte de nuit branchée, d’un entretien dans une grande agence de mannequins ou encore d’une rencontre avec un photographe réputé, NWF ne perd pas de temps pour exposer ses intentions. Son but ? Montrer que le monde du fashion et de la beauté revendiquée est construit à base d’arrogance, de superficialité et d’égoïsme absolu. Progressivement, son héroïne tombe dans les travers des personnages creux rencontrés sur son chemin. Elle va alors adopter une posture comportementale différente, délaissant l’hésitation qui la caractérisait. L’humour est constamment convoqué, comme en témoigne le personnage du concierge interprété par un Keanu Reeves dans une partition bourrue et perverse. Chemin faisant, The Neon Demon va verser vers une forme d’exploitation de l’horreur particulièrement intimiste et envoûtante. Le microcosme dépeint par Refn finit par littéralement dévorer ceux qui osent s’y aventurer. Derrière ce discours thématique, The Neon Demon s’impose surtout comme un projet à la tonalité artistique revendiquée. En partant d’un onirisme fantastique permanent, évoquant la figure d’un David Lynch maître en la matière, le cinéaste cherche à établir un film dédié à l’exposition d’une maîtrise technique absolue. Par le biais d’une imagerie magnifiée et de sonorités électroniques explosives, il revisite le cinéma de genre horrifique en proposant une expérience visuelle extraordinaire. Entre sur-esthétisme absolu, exploitation de lumières hypnotisantes, et conception de cadres perfectionnistes, l’Å“uvre de Nicolas Winding Refn ne devrait laisser personne indifférent..
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- THE NEON DEMON de Nicolas Winding Refn en salles le 8 juin 2016.
- Avec : Elle Fanning, Keanu Reeves, Christina Hendricks, Karl Glusman, Jena Malone, Bella Heathcote, Abbey Lee Kershaw, Desmond Harrington, Alessandro Nivola, Charles Baker
- Scénario : Mary Laws, Polly Stenham sur une idée de Nicolas Winding Refn
- Production : Lene Borglum, Sidonie Dumas, Vincent Maraval
- Photographie : Natasha Braier
- Montage : Matthew Newman
- Décors : Elliott Hostetter
- Costumes : Erin Benach
- Son : Eddie Simonsen, Anne JensenÂ
- Musique : Cliff Martinez
- Distribution : The Jokers
- Durée : 1h57
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