Synopsis : Béatrice est une mythomane bavarde au comportement excessif. Donatella est une jeune femme tatouée, fragile et introvertie. Ces deux patientes de la Villa Biondi, une institution thérapeutique pour femmes sujettes à des troubles mentaux, se lient d’amitié. Une après-midi, elles décident de s’enfuir, bien décidées à trouver un peu de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est le monde des gens « sains ».
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Folles de Joie, quatorzième film de Paolo Virzi, a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du 69e Festival de Cannes. Pour interpréter ses deux héroïnes, le cinéaste transalpin a retrouvé Valeria Bruni-Tedeschi (Les Opportunistes) et Micaela Ramazzotti (La Prima Cosa Bella). Le tandem, qui porte à lui seul toute l’intrigue, nous entraîne dans son quotidien au sein d’un établissement psychiatrique. L’excentricité de Beatrice (Bruni-Tedeschi) et les névroses de Donatella (Ramazzotti) génèrent des échanges savoureux et de rocambolesques péripéties. Les événements s’emballent quand elles s’échappent de la Villa Biondi. Paolo Virzi offre une comédie répondant totalement aux codes de la pure tradition italienne. On pense à des classiques comme L’Argent de la Vieille, Divorce à l’Italienne, Mes chers amis, ou plus récemment Le déjeuner du 15 août ou encore Viva la Liberta. Des répliques hilarantes – qui viennent souvent de Béatrice – se mélangent à des situations désopilantes et une histoire solide. Un vent de liberté et d’extravagance souffle sur les spectateurs grâce à un duo de choc. Beatrice n’a aucune limite ; elle ose vraiment tout et peut se servir de Donatella comme faire-valoir. Son exubérance est amplifiée par l’aspect sombre et dépressif de sa nouvelle camarade. Folles de joie fonctionne également dans ses contrastes, sa diversité de ton et dans la variété des thèmes abordés. L’humour côtoie ainsi des passages plus noirs et plus profonds ; ces deux figures majeures sont des délinquantes qui purgent leur peine dans un institut spécialisé. Si le délit commis par Beatrice relève de la « folie douce », Donatella a quant à elle été condamnée pour une raison sérieuse.
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Paolo Virzi filme avec tendresse et justesse ces gens inadaptés à notre société, ceux qu’on finit par enfermer loin des villes car on ne sait pas vraiment quoi en faire. Face à un tel état d’agitation psychique, la seule solution semble la fuite. Beatrice et Donatella, malgré les soins qui leur sont apportés, étouffent dans leur prison médicalisée. Leur escapade nous apparaît comme inéluctable. Folles de joie prend alors la forme d’un road-movie déjanté et violent. Le propos devient dès lors légèrement plus grave puisqu’on se focalise sur le destin tragique de Donatella. Paolo Virzi livre également une belle étude sur l’amitié ; les deux héroïnes ne peuvent compter que l’une sur l’autre et l’évolution de leur lien est tout en subtilité. L’ensemble nous plonge dans de superbes plans sur la campagne toscane qui alternent avec des séquences intérieures dans de fastueuses villas. Folles de joie nous emporte jusqu’au bout, grâce en partie au talent des deux comédiennes. Le registre loufoque sied à merveille à Valeria Bruni-Tedeschi tandis que le jeu plus en retenue de Micaela Ramazzotti équilibre parfaitement l’ensemble. Les quelques baisses de régime et scènes un peu grotesques n’altèrent en rien l’impression de plaisir. On se laisse captiver par les folles aventures de ces deux personnages à la fois attachants et poignants dans leur errance.
- FOLLES DE JOIE réalisé par Paolo Virzi en salles le 8 juin 2016.
- Avec : Valeria Bruni-Tedeschi, Micaela Ramazzotti, Bob Messini, Sergio Albelli, Tommasso Ragno, Valentina Carnelutti, Anna Galiena, Marisa Borini..
- Scénario : Francesca Archibugi et Paolo Virzi
- Production : Marco Belardi
- Photographie : Vladan Radovic
- Montage : Cecilia Zanuso
- Décors : Tonino Zera
- Costumes : Katia Dottori
- Musique : Carlo Virzi
- Distribution : Bac Films
- Durée : 1h56
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