Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho : critique

Publié par Erwin Haye le 23 août 2016

Synopsis : Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l’état d’urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu’à Busan, l’unique ville où ils seront en sécurité…

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Dernier train pour Busan  - affiche

Dernier train pour Busan  – affiche

Pour vibrer au cinéma cet été, il faut oublier les blockbusters anémiques d’Hollywood et porter son regard à l’Est, en direction de la Corée du Sud, plus précisément, pour apercevoir une véritable ruée vers l’horreur nommée Dernier train pour Busan. Présenté et ovationné lors de la séance de minuit du dernier Festival de Cannes, le film de Yeon Sang-ho est une très belle surprise. Débarquant tout droit du cinéma d’animation, le réalisateur sud-coréen a longuement hésité avant de tourner son premier live action, suite de Seoul Train, son précédent long-métrage d’animation. Cette première incursion dans le cinéma en prises de vues réelles est impressionnante, d’autant plus qu’elle réussit à amener de la fraîcheur au sous-genre du film de zombies, largement surexploité et quelque peu épuisé. Le tout, en évitant la possible comparaison avec Le Transperceneige, son illustre prédécesseur en matière de film ferroviaire. En apparence, Dernier train pour Busan est ce film que l’on a déjà vu un bon nombre de fois : une contamination d’origine inconnue, un quasi huis clos et une poignée de personnages stéréotypés dont l’éternel éclopé prophétique illuminé… Tous les poncifs du survival de film de zombies sont donc réunis et condensés. Mais en s’appuyant sur les clichés du genre, le génie de Yeon Sang-ho se résume à mettre en place les pièces du puzzle simplement mais méthodiquement, les imbriquer au bon endroit et au bon moment, puis d’un coup, user d’une pirouette, d’une trouvaille ou d’une fantaisie pour surprendre le spectateur et chasser son impression de déjà-vu.

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Dernier train pour Busan

Dernier train pour Busan

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En dépassant ce stade, on s’étonne alors de la profondeur des personnages et de l’importance de chacun dans la mécanique narrative. Une grande partie de la réussite du film tient d’ailleurs dans la justesse de l’écriture de ses personnages et dans l’interprétation épurée de ses deux acteurs principaux, Gong Yoo (Soek-woo) et Dong-seok Ma (Sang-Hwa), qui abandonnent, non sans un certain plaisir, le surjeu traditionnel des productions cinématographiques asiatiques. En conférant à chaque protagoniste une catégorie sociale bien précise, Yeon Sang-ho forme un microcosme, une représentation de la civilisation moderne. En ajoutant en fond le contexte d’une société capitaliste, hiérarchisée et déshumanisée et en dénonçant au passage un tragique fait divers sud-coréen (le naufrage du ferry « Sewol » où le gouvernement a atténué dans un premier temps la gravité de l’affaire), le réalisateur n’oublie pas la portée socio-politique du film de zombies. Un réel parti pris qui manque à beaucoup d’autres productions souhaitant mettre en scène des morts-vivants, de la chair et de l’hémoglobine.

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Dernier train pour Busan

Dernier train pour Busan

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Outre son message critique, Dernier train pour Busan est aussi et avant tout un pur film d’action. Le spectateur est embarqué à un rythme effréné dans chaque recoin du train par le biais d’une multitude de prises de vues originales et soignées, sans que le découpage n’en soit pour autant affecté. Le réalisateur évite ainsi l’étalage de cadrages superflus en donnant un poids et une valeur à chacun de ses plans. Cette mise en scène virtuose sait emprunter à d’autres univers que le cinéma. La linéarité du train et le degré de difficulté augmentant à chaque wagon renvoie au gameplay de certains vieux jeu vidéo de combat. Encore une fois, la référence n’est pas de trop, tout est calculé pour impliquer émotionnellement le spectateur et l’installer davantage dans des conditions d’immersion totale.

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Servi par une photographie étincelante et des effets spéciaux discrets et très efficaces, Dernier train pour Busan est probablement un film qui compte déjà dans le paysage cinématographique zombiesque. C’est une œuvre explosive, intelligente mais surtout généreuse, ce que certains blockbusters d’action actuels peinent à offrir au public. Avec cette production sud-coréenne, on ne reste pas à quai, on vit le cinéma à toute allure. On pleure les morts, on combat avec les vivants, notre cœur s’emballe, notre corps frissonne, on se crispe, on souffre, on souffle, on exulte… Et ça repart sans un arrêt en gare.

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Erwin Haye

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  • DERNIER TRAIN  POUR BUSAN (Busanhaeng) réalisé par Yeon Sang-ho en salles depuis le 17 août 2016.
  • Avec : Gong Yoo, Kim Su-ahn, Yu-mi Jeong, Dong-seok Ma, Choi Woo-shik, Ahn So-hee, Eui-sung Kim…
  • Scénario: Joo-Suk Park
  • Production : Lee Dongha
  • Photographie : Lee Hyung-deok
  • Montage : Yang Jin-mo
  • Décors : Lee Mok-won
  • Costumes : Kwon Yoo-jin, Rim Seung-Hee
  • Musique : Jang Young-gyu
  • Distribution : ARP Sélection
  • Durée : 1h58

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