Résumé : De la multiplication des écrans, faut-il conclure à une mutation du spectateur ? Après avoir interrogé la notion de spectateur face à la multiplication des écrans et des plateformes, les auteurs explorent ces nouveaux dispositifs, les usages récemment apparus et s’intéressent aux nouveaux secteurs de recherche. Voici décrites ces pratiques qui combinent plusieurs écrans, se prolongent entre les plateformes et créent des expériences inédites.

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D'un écran à l'autre, les mutations du spectateur - livre

D’un écran à l’autre, les mutations du spectateur – livre

Aujourd’hui, l’expression « aller voir un film » regroupe un grand nombre de réalités plus ou moins proches. L’apparition de la télévision, puis de la vidéo et du numérique ont conduit à une migration des images en mouvement vers de nouveaux supports. À ce développement des écrans correspondrait une mutation des spectateurs ? C’est la question posée par cet essai co-dirigé par Jean Châteauvert, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi, et Gilles Delavaud, professeur émérite à l’Université Paris 8 et spécialiste de l’étude des médias, regroupant les actes d’un colloque international organisé en 2014 par l’INA, l’Université Paris 8 et l’Université du Québec. Le terme de « spectateurs » renvoie à celui d’ « usages », de « pratiques » mais aussi aux « dispositifs » qui en ont favorisé l’émergence. Quatre notions qui cherchent à structurer cette problématique ouverte et plurielle. Le rapport entretenu par le spectateur et l’écran s’opère selon la double dynamique bien connu de la réception et de la participation. C’est le spectateur qui fait l’oeuvre autant que celle-ci peut s’envisager comme un moyen de réévaluer son identité. En rappelant l’importance de l’expérience spectatorielle, Bruno Trentini ouvre la voie à une recherche féconde. La transformation du dispositif peut-elle conduire à une modification du statut du spectateur ? C’est la question que pose Géraldine Poels à partir des stratégies déployées par Alfred Hitchcock à la télévision, différant quelque peu de celles instaurées par ses mises en scène cinématographiques. Le nomadisme des images a engendré de nouvelles possibilités et de nouveaux rapports de force entre le spectateur et l’écran. D’un public contemplatif à un public actif, la différence de posture est aussi relative aux figures conditionnées par ces nouvelles approches. Matteo Treleani cherche à en révéler la logique à travers les entités du spectre et de l’automate employées comme métaphores du statut spectatoriel. À ces doubles évanescents ou mécaniques répond un (r)appel du corps justement permis par l’apparition de nouvelles technologies comme l’explique Céline Ferjoux. Rappelant utilement que l’écran relève d’abord de l’écriture, du livre et de l’art pictural, Olivier Aïm et Pauline Escande-Gauquié perçoivent l’auto-réflexivité du regard comme premier symptôme de ces (r)évolutions écraniques.

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Si l’origine de l’écran se trouve bien dans les livres, les catégories textuelles déclinées par Gérard Genette pourrait être particulièrement éclairantes pour aborder l’ère de l’hypermodernité spectatorielle. Déjà l’écriture se déportait, sous forme de références ou de mouvances plus figurales. Il en va de même pour les images en mouvement. Le trans-média suppose le partage de l’image selon une logique de la complémentarité. Passé d’un écran à l’autre implique aussi de jouer avec les images, et peut-être d’en modifier le cours. Cette nouvelle forme ludique intéresse plusieurs auteurs. Loig Le Bihan cherche à la délimiter par le recours aux textes de Roger Caillois, tandis que Barbara Laborde trouve auprès des retransmissions sportives quelques exemples particulièrement intéressants.

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L’image s’exporte donc vers de nouveaux écrans, mais modifie aussi le contenu des plus anciens. André Gaudreault développe ainsi son concept de « troisième naissance du cinéma », déjà esquissé dans sa Fin du cinéma ? chez Armand Colin, à travers l’apparition d’un nouveau type de spectacle (ballet, opéra) à l’intérieur de la sacro-sainte salle de cinéma. L’institution muséale n’est pas en reste comme le souligne Jonida Gashi. Au « regard tenu dans le temps » cher à Jacques Aumont, répond un (non-)temps fort d’expérimentations les plus diverses. Pour François Jost, cette relation transmédiatique permet d’attester le bien-fondé de la notion d’ « identification », Edgar Morin à l’appui, mais pas seulement. L’omni-connexion qu’implique la (dé)multiplication des écrans suppose par ailleurs une certaine contextualisation socio-historique. À partir de l’exemple du Japon, Lingzi Ding cherche à en fournir la contribution. On regrette néanmoins que cette nouvelle « personnalisation » des écrans japonais ne soit pas mise en relation avec la question de l’individualisme pourtant très importante au pays du soleil levant. On pourra aussi contester la trop forte spécialisation de certaines études à l’intérieur d’un domaine qui invite pourtant à la connaissance pluri-disciplinaire. Un défaut tout à fait partiel qui n’entache en rien la réussite de ce monumental essai.

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  • D’UN ÉCRAN À L’AUTRE – les mutations du spectateur sous la direction de Jean Châteauvert et Delavaud Gilles, disponible depuis juin 2016 aux éditions L’Harmattan, Collection « Les médias en acte ».
  • 604 pages
  • 42,75 euros

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