Série/ The Get Down (saison 1, première partie) : critique

Publié par Laurianne de Casanove le 17 août 2016

Synopsis : En 1977, à New York, des jeunes éloquents et talentueux du sud du Bronx poursuivent rêves et beats effrénés pour transformer l’histoire de la musique.

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The Get Down - poster Netflix

The Get Down – poster Netflix

Mis en scène par Baz Luhrmann, le pilote de cette première partie de The Get Down donne le tournis. Au sens propre comme au figuré. Ce premier épisode d’une heure et demie est un film à part entière, qui ressemble aux précédents longs métrages du réalisateur australien, et comme eux, séduit autant qu’il agace. La caméra est insatiable, tourne, vire et enchaîne gros plans et travellings, contre-plongées et ralentis. Un excès rendu plus pesant encore par un montage clippé et une musique omniprésente. Un mélange – d’ailleurs assez inspiré – de tubes de l’époque et de créations originales. C’est trop. Et que l’on aime ou non le réalisateur de GATSBY LE MAGNIFIQUE (notre critique), il est toujours difficile de passer après lui. À son tour derrière la caméra pour l’épisode 2, Ed Bianchi tente de suivre le rythme. Mais sans grand succès. On en retient quelques scènes plutôt kitsch, comme un passage à tabac en mode disco ou un gros plan au ralenti sur Shaolin Fantastic (Shameik Moore) qui court vers un immeuble en flammes. Heureusement, pour le troisième chapitre et les suivants, Andrew Berstein baisse le son, et la série gagne en substance. Malgré ce début un peu pompeux, on accroche vite et on veut connaître la suite. Si le programme séduit malgré tout, c’est sans doute en raison d’un casting intéressant et d’une direction d’acteur sans faille. The Get Down est porté par une poignée de jeunes comédiens, inconnus du grand public, à l’exception de Jaden Smith, fils de Will, aperçu dans After Earth et Karate Kid, et qui, à eux seuls, valent le détour. Ils apportent un supplément d’âme à ce qui aurait pu ressembler à un long clip prétentieux. Dans le rôle d’Ezekiel, adolescent rêveur et passionné, Justice Smith offre une performance particulièrement juste et efficace. À ses côtés, Skylan Brooks (Ra-Ra), Jaden Smith (Dizzee) et T.J. Brown (Boo-Boo) sont à la fois drôles et touchants. Les filles ne sont pas en reste. Pas tant grâce à Herizen Guardiola (Mylene), qui tient le rôle principal féminin ; la comédienne s’en sort bien, mais fait un peu pâle figure à côté de Shyrley Rodriguez (Regina) et Stefanee Martin (Yolanda), dont l’énergie est communicative et l’insolence exquise.

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The Get Down - serie Netflix

The Get Down – série Netflix

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Cette histoire d’amour entre adolescents, en pleine guerre des gangs, rappelle fortement West Side Story et plus encore Romeo + Juliette, second film de Luhrmann avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes en mythiques amants de Verone. On retrouve en effet dans la série, les couleurs chatoyantes, l’esthétisation de la violence et le même genre de refrain que dans l’oeuvre de 1996. On pourrait reprocher au réalisateur de Moulin Rouge, ce mélange pop entre Éros et Thanatos, qui empêche de mener une véritable réflexion politique et sociale, pour ne rester qu’à la surface des choses. Mais, pour éviter cela, la série introduit habilement dans la mise en scène des images d’archives, dont le grain a parfois été grossi pour accentuer le contraste. On y découvre la pauvreté et la misère du « vrai » Bronx de la fin des années 70, et l’oeuvre prend alors une toute autre dimension.

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The Get Down parle donc de choses sérieuses sur un ton léger. Comme le font souvent les chansons en somme. L’action se situe en 1977 ; le hip hop existe déjà mais reste encore confidentiel. Comme l’explique Shaolin Fantastic dans le premier épisode, Grandmaster Flash, Kool Herc et Africa Bambaataa imposent peu à peu leurs platines dans un New York gangrené par la corruption, la violence et les inégalités raciales. D’un point de vue historique, les créateurs de la série ont bien fait leur travail : coupe de cheveux, costumes, ambiance, tout est soigné. L’oeuvre s’appuie sur des faits réels et mélange la grande et la petite histoire. D’un côté, le blackout du 13 juillet 1977, qui avait entraîné une série de vols et d’actes de vandalisme qui avaient coûté à la ville un peu plus de 300 millions de dollars. De l’autre, des anecdotes rapportées par plusieurs figures du hip-hop impliquées dans le projet, à l’instar de Nelson George, scénariste et réalisateur, mais aussi de Nas et de Grandmaster Flash lui-même, ces deux derniers étant producteurs.

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The Get Down - serie Netflix

The Get Down – série Netflix

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L’autre grande réussite de la série, c’est sa façon de parler de la musique. Alors que VINYL (notre critique), dont la saison 2 a été annulée, nous parlait d’individus et d’égos boursoufflés, The Get Down choisit de mettre en avant des groupes et des communautés. La série rappelle ici Treme, l’excellent programme de David Simon et Eric Ovemyer diffusé sur HBO. L’action se déroulait à la Nouvelle-Orléans dans une ville encore ravagée par le passage de l’ouragan Katrina. Les différentes intrigues nous montraient comment la musique parvenait à redonner aux habitants du Treme, l’envie de continuer à avancer malgré les circonstances. Chez Netflix, on retrouve cette même idée. Celle du pouvoir des chansons et de la création musicale qui poussent les hommes à se transcender pour dépasser la misère du quotidien. Dans les deux cas, les mélodies ne servent pas seulement d’illustration, elles vivent. Et les nombreuses scènes chantées leur donnent le temps de s’épanouir jusqu’à devenir acteurs à part entière de l’histoire.

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Annoncée comme la série la plus chère jamais produite par Netflix, avec un budget de 120 millions de dollars, cette première partie en six épisodes de The Get Down tient déjà ses promesses. Malgré une certaine grandiloquence et des dialogues sur-écrits, qui donnent à l’ensemble un côté parfois trop théâtral, la dernière création de Baz Luhrmann et Stephen Adly Guirgis est une réussite. En revenant sur les conditions complexes qui ont mené à l’émergence du mouvement hip-hop, le show donne enfin à ce courant musical, trop souvent galvaudé, les lettres de noblesse qu’il méritait. On attend désormais avec impatience la seconde partie diffusée en 2017.

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  • Série américaine THE GET DOWN disponible sur Netflix depuis le 12 août 2016 pour les six premiers épisodes de la saison 1.
  • Création : Baz Luhrmann et Stephen Adly Guirgis.
  • Avec : Justice Smith, Skylan Brooks, Jaden Smith, T.J. Brown, Herizen Guardiola, Shyrley Rodriguez, Stéfanée Martin,  Shameik Moore, Yahya Abdul-Mateen II, Jimmy Smits, Mamoudou Athie, Giancarlo Esposito, Zabryna Guevara…
  • Réalisation : Baz Luhrmann, Ed  Bianchi,  Andrew Berstein, Michael Dinner.
  • Producteurs : Aaron Selequini, Sam Bromell, Grandmaster Flash.

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Source: CBO Box office

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