Les 7 Mercenaires de Antoine Fuqua : critique

Publié par Thierry Carteret le 28 septembre 2016

Synopsis : L’industriel Bartholomew Bogue règne en maître sur la petite ville de Rose Creek. Pour mettre fin au despotisme de l’homme d’affaires, les habitants, désespérés, engagent sept hors-la-loi, chasseurs de primes, joueurs et tueurs à gages – Sam Chisolm, Josh Farraday, Goodnight Robicheaux, Jack Horne, Billy Rocks, Vasquez, et Red Harvest. Alors qu’ils se préparent pour ce qui s’annonce comme une confrontation sans pitié, ces sept mercenaires prennent conscience qu’ils se battent pour bien autre chose que l’argent…

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Les 7 Mercenaires - affiche

Les 7 Mercenaires – affiche

Difficile, voir impossible, de passer après Les Sept Mercenaires, classique des classiques du western signé John Sturges (La grande évasion). Envisagé depuis 2012 avec d’abord Tom Cruise, Morgan Freeman, Matt Damon et Kevin Costner dans les rôles principaux, le projet échoue finalement dans les mains de Antoine Fuqua. Le réalisateur de Training Day parvient à s’en tirer avec les honneurs et livre un remake assez respectueux de son modèle, à quelques détails près. Rappelons, à toutes fins utiles, que ce dernier est lui-même le remake du chef-d’œuvre inégalable de Akira Kurosawa, Les Sept Samouraïs (1954). Fuqua a bien sûr fait appel à de solides interprètes pour sa bande de mercenaires, chargés de libérer les habitants d’une petite ville de l’oppression qu’un cruel industriel leur fait subir. Pour le rôle du despote, c’est le discret Peter Sarsgaard qui succède au bandit incarné par feu Eli Wallach dans la version de 1960. L’acteur joue ici de son étrange regard inquiétant pour distiller une tension insoutenable lors d’une scène d’ouverture, qui est sans doute le meilleur morceau de cette version. Il peine cependant à tenir le rôle dans le déroulement, à l’instar de sa mort. La suite du récit demeure cependant de qualité, sans être originale ni novatrice, et se poursuit sans temps mort jusqu’à l’assaut final connu et attendu, avec la révélation qui en découle. Acteur fétiche d’Antoine Fuqua, Denzel Washington ne fera certes pas oublier la figure iconique du mercenaire taciturne et tireur d’exception incarné par Yul Brynner, mais la star nous offre une performance pleine de charisme. En témoigne son entrée dans des plans de plaine désertique puis dans le saloon, qui renvoie aux grands westerns du cinéma américain. Car le moindre des mérites ici est justement de ressusciter un genre (après Les 8 Salopards de Quentin Tarantino) qui tend à disparaitre du paysage cinématographique. Espérons que le succès du film, qui fonctionne au box office américain, donne lieu à d’autres westerns aussi appréciables, voire meilleurs.

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Les 7 Mercenaires de Antoine Fuqua

Les 7 Mercenaires de Antoine Fuqua

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Garni de références à l’oeuvre de Sturges, comme la blague de Steve McQueen sur le type qui tombe reprise ici par Chris Pratt, Les 7 Mercenaires se révèle un remake relativement soigné mais trop classique dans sa forme, ses décors et ses costumes. La construction de l’intrigue, sur un scénario de John Lee Hancock et Nic Pizzolatto, reste fidèle à son modèle, soutenu par des dialogues ciselés et une intéressante caractérisation des personnages. Antoine Fuqua donne d’ailleurs la part belle à Haley Bennett (Equalizer et prochainement La fille du train), convaincante dans la peau d’une jeune veuve avide de vengeance, qui apparaît presque le temps d’une scène comme le septième mercenaire. C’est cependant un peau rouge (Martin Sensmeier) qui rejoint cette bande de justiciers dans la ville. Pas facile non plus de passer après Steve McQueen pour le rôle du bras droit Vin Tanner (ici rebaptisé Josh Farraday). C’est Chris Pratt (Les Gardiens de la Galaxie) qui reprend le rôle, et se montre à l’aise pour incarner le hors-la-loi solitaire. Il apporte d’ailleurs l’humour qui manque à cette nouvelle version.

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Les 7 Mercenaires de Antoine Fuqua

Les 7 Mercenaires de Antoine Fuqua

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Dans les thématiques, l’original de Sturges exprimait en toile de fond la condition de l’homme seul face à ses responsabilités. Du choix et du courage d’une vie nomade et sans attache des mercenaires face à l’existence, tout aussi courageuse, des fermiers et pères de famille mexicains. Cette idée est reprise à travers le personnage de Josh Farraday (Pratt), dont on devine les tourments inconscients d’une vie de solitaire sans femme à ses côtés. Idée exprimée lors d’une scène où il plaisante avec ses deux colts dont il donne les noms de maîtresses – de passage sans doute. Le reste du casting est de qualité avec un méconnaissable Vincent D’Onofrio, qui s’est fait la tête d’Orson Welles mais qui cabotine souvent, ou encore l’acteur mexicain Manuel Garcia-Rulfo (Cake) et le sud-coréen Lee Byung-Hun (Le Bon, La Brute et le Cinglé) en tueur silencieux expert dans le maniement des couteaux. On retrouve aussi avec plaisir Ethan Hawke en tireur d’élite, une fine gâchette, lâche et vieillissant Goodnight Robicheaux. Enfin, le grand compositeur James Horner, décédé en juin 2015, ici épaulé par Simon Franglen, livre une partition intense pleine d’envolées dramatiques, qui s’autorise un clin d’œil au mythique thème de Elmer Bernstein dans le générique de fin. Si la version d’Antoine Fuqua ne tient pas la dragée haute en face de son modèle, il demeure distrayant et c’est déjà bien visé.

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  • LES 7 MERCENAIRES (The Magnificent Seven) réalisé par Antoine Fuqua en salles le 28 septembre 2016.
  • Avec : Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke, Vincent D’Onofrio, Byung-Hun Lee, Peter Sarsgaard, Manuel Garcia-Rulfo, Haley Bennett, Martin Sensmeier…
  • Scénario : John Lee Hancock, Nic Pizzolatto,
  • Production : Roger Birnbaum, Todd Black
  • Photographie : Mauro Fiore
  • Montage : John Refoua
  • Décors : Derek R. Hill
  • Costumes : Sharen Davis
  • Musique : James Horner, Simon Franglen
  • Distribution : Sony Pictures Releasing France
  • Durée : 2h13

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