Synopsis : Kingsglaive fait partie d’un arc narratif autour de Final Fantasy XV, qui inclut également une série animée du nom de Brotherhood. Les événements décrits dans ce film se déroulent avant ceux du jeu. Le roi Regis, qui règne sur le royaume de Lucis, dirige son armée afin de protéger le royaume de l’empire de Niflheim. Ce dernier projette d’envahir Lucis et de s’emparer de son cristal qui lui confère sa magie et son pouvoir.
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La soirée du 15 septembre 2016 a vu la projection unique au Grand Rex à Paris de Kingsglaive – Final Fantasy XV qui sortira le 30 septembre en DVD/Blu-ray et est d’ores et déjà disponible en VOD sur la plate-forme d’Orange. L’œuvre de Takeshi Nozue s’inscrit dans le contexte préparatoire de la sortie du jeu vidéo Final Fantasy XV le 29 novembre prochain, attendu depuis près de dix ans par la communauté de fans. Square Enix, studio derrière les deux projets, tente avec ce film un mariage encore inédit, dans cette nouvelle romance entre cinéma et jeu vidéo. Kingsglaive se dévoile comme le prequel de l’aventure que proposera Final Fantasy XV, tissant un lien étroit avec son jumeau vidéoludique. Si ces derniers mois ont vu plusieurs franchises passer des consoles aux toiles de cinéma, ces projets ne s’inscrivaient pas dans une relation directe avec la sortie d’un jeu – exception faite de Ratchet & Clank, inspiré du premier opus de la saga suivi par la sortie du titre remasterisé. Là où les autres projets retracent l’Histoire de leurs univers bien connus (Warcraft – critique), ou bien s’inspirent des canons de l’univers pour développer un nouvel opus (Assassin’s Creed), Final Fantasy XV et Kingsglaive s’appuient sur un récit inédit et un univers nouveau. Du côté de l’image, le résultat est impressionnant. Takeshi Nozue a pris le parti de le réaliser en images de synthèse, à la manière d’une cinématique de jeu vidéo. Le film conserve ainsi le style vidéoludique japonais, l’effet est saisissant. Les visages des personnages sont fortement expressifs, les regards profonds et leurs mouvements fluides et naturels. Les combats sont aussi spectaculaires, même s’ils sont suivis par une « caméra » très remuante, qui ne laisse que très peu de temps au spectateur pour tout saisir. Si l’impression de dynamisme de ces combats est amplifiée, elle peut également donner le tournis. Une attention particulière a également été portée aux décors ; les ruines de Lucis et la scintillante cité d’Insomnia nous transportent réellement. Seul bémol, la gestion des foules. Elle peut gêner les plus observateurs, avec des mouvements très mécaniques des badauds. Pour finir, les effets spéciaux sont tenus : magie, explosions et destructions entraînent le spectateur dans ce conflit périlleux.
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D’un point de vue général, Kingsglaive est à la pointe de l’animation actuelle. Néanmoins, il s’inscrit dans un fan service trop explicite, tant les références aux nombreux opus des différents univers de Final Fantasy sont légions. C’est là que le film pêche. En tant que film à part entière, Kingsglaive manque de contenus. Sous l’angle marketing, il se révèle en revanche une excellente bande annonce du jeu à venir pour les fans qui s’impatientent. C’est bien sûr là que tout se joue : ce volet animé se destine quasiment exclusivement à sa communauté de joueurs. En effet, Takeshi Nozue ne s’embarrasse pas d’explications quant au contexte, aux créatures, à l’émergence des « daemons » qu’utilise l’Empire, ni d’aucune de ses références glissées dans les univers de la saga. Et le spectateur néophyte se retrouve bombardé in medias res d’informations géopolitiques tandis que la guerre fait rage. Nozue préfère finalement garder les grandes thématiques ; il explore les notions de destin, de héros, et interroge les relations père/fils ou frère/sœur. La grande absente reste la religion, totalement effacée du film tandis qu’elle est capitale dans les récits de la saga vidéoludique. La musique, composante importante de l’univers de Final Fantasy, ne reprend pas ici de thèmes connus, mais arbore des compositions orchestrales épiques, teintées de chants grégoriens, qui viennent transcender les affrontements titanesques. Des arrangements mélodieux viennent par ailleurs ponctuer les séquences plus contemplatives, dégageant une poésie bienvenue.
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Quant aux acteurs, ils livrent un jeu pudique adapté aux besoins de l’œuvre. Pour les rôles principaux, l’équipe a fait appel à des comédiens peu connus pour la motion capture, laissant le doublage aux stars. Aaron Paul (Breaking Bad) donne ainsi vie à un Nyx Ulric attachant, tandis que Sean Bean (Game of Thrones) double un roi déterminé. Hélas, les personnages récurrents, du film au jeu vidéo, changeront de voix dans la version anglophone de Final Fantasy XV. Kingsglaive se destine dès lors à un public d’initiés, et c’est son principal défaut. Le récit, qui aurait mérité d’être plus large, nous laisse une impression d’inachevé, que seul le jeu pourra compléter. Le film de Takeshi Nozue s’inscrit vraiment comme une bande annonce d’un nouveau genre, porte d’entrée dans l’univers du jeu vidéo à venir. En conséquence, trop dépendant de son jumeau vidéoludique à venir, Kingsglaive: Final Fantasy XV laisse de trop nombreuses questions en suspens et peine à rivaliser avec la prouesse visuelle époustouflante qu’il propose.
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- KINGSGLAIVE – FINAL FANTASY XV réalisé par Takeshi Nozue déjà disponible en VOD via Orange, et en DVD/Blu-ray à partir du 30 septembre 2016.
- Avec les voix de : Aaron Paul, Sean Bean, Lena, Headey, Adrian Bouchet, Gô Ayano, Shiori Kutsuna, Kôichi Yamadera…
- Scénario : Takashi Hasegawa
- Production : Hajime Tabata
- Animation et effets visuels : The Monk Studio, The Third Floor, Platige Image, Image Engine, The Imaginarium Studio, The Puppetworks Animation Studio.
- Musique : John R. Graham
- Distribution : Sony Pictures
- Durée : 1h50.
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