Synopsis : Alors que Narumi et son mari Shinji traversent une mauvaise passe, Shinji disparaît soudainement et revient quelques jours plus tard, complètement transformé. Il semble être devenu un homme différent, tendre et attentionné. Au même moment, une famille est brutalement assassinée et de curieux phénomènes se produisent en ville. Le journaliste Sakurai va mener l’enquête sur cette mystérieuse affaire.
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Le cinéma de genre et Kiyoshi Kurosawa, c’est une longue histoire. S’il délaisse les fantômes et autres esprits, Avant que nous disparaissions, présenté à Un Certain Regard au 70e Festival de Cannes, ne quitte cependant pas l’univers de la fable, la science-fiction remplaçant le fantastique, les aliens les spectres, mais seulement en apparence. Car, au final, peu importe les spectres ou les aliens, les deux possèdent l’allure d’homme ordinaire, presque quelconque : Shinji, un mari lunaire, et deux adolescents nihilistes dont une jeune fille insensible, cruelle et violente font tenter de préparer l’invasion. Du côté des humains, il y a Narumi, la femme de Shinji, qui tente de sauver son mari jusqu’au bout, et le « guide », Sakurai, un journaliste quelque peu arriviste, qui préfère sauver sa peau en collaborant ; chacun ayant sa propre croyance face à l’invasion prophétique et destructrice qui s’annonce. Bien plus intriguant, le pouvoir « extraterrestre » consiste à voler nos chers concepts tels que le travail ou l’amour en capturant leur représentation visuelle que sécrètent nos esprits. Gain d’une puissance de l’inconscient pour les aliens, mais une perte de repères terrifiante pour les humains débarrassés de leur concept, sorte d’horloge interne de leur mode de vie. C’est évidemment la plus belle idée d’Avant que nous disparaissions, en particulier lorsqu’il s’attaque à des concepts aussi complexes que l’amour à l’image de la définition qu’en donne un prêtre lisant la Bible, celle-ci reste définitivement incompréhensible pour notre alien. Mais c’est peut-être lors de son final apocalyptique et explosif que le film déploie un imaginaire visuel à la fois spectaculaire et intime, puissant et émouvant. Durant ces moments émotionnellement intenses, c’est la veine « spielbergienne » de Kurosawa qui ressort faisant de son alien, un Starman plongé dans une guerre des mondes à laquelle il s’oppose, par amour pour Narumi.
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- AVANT QUE NOUS DISPARAISSIONS (Sanpo suru shin’ryakusha) de Kiyoshi Kurosawa en salles prochainement
- Avec : Masami Nagasawa, Ryuhei Matsuda, Hiroki Hasegawa, Mahiro Takasugi
- Scénario : Kiyoshi Kurosawa, Sachiko Tanaka D’après l’oeuvre de Tomohiro Maekawa
- Photographie : Akiko Ashizawa
- Montage : Koichi Takahashi
- Décors : Tomoya Yamada
- Musique : Yusuke Hayashi
- Distribution : Eurozoom
- Durée : 2h09