À L’occasion de la sortie en vidéo en version restaurée de Phantasm et de sa suite, disponibles dans les bacs au mois de juin, CineChronicle s’est entretenu avec le réalisateur américain Don Coscarelli, icône du cinéma d’horreur, fantastique et surréaliste de cette saga mythique de cinq épisodes.
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CineChronicle : Qu’est ce qui vous a donné l’envie de devenir réalisateur de films fantastiques et d’horreur ?
Don Coscarelli : Mes deux premiers longs métrages étaient dramatiques et comiques. Je ne voulais pas systématiquement devenir un cinéaste d’horreur et de fantastique. Mes premières influences ont été Peter Bogdonavich, François Truffaut, Bob Rafelson et Costa-Gavras. J’ai développé très jeune un intérêt fort pour la caméra. Je m’intéressais aussi aux films d’horreur, dont les classiques de Universal comme Frankenstein, Dracula et La Momie. La science-fiction est arrivé plus tard. Puis, à un moment donné, j’ai décidé de fusionner tous ces intérêts et de concevoir Phantasm.
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CC : Phantasm, qui sort en vidéo en France en version restaurée, aborde de nombreux thèmes ayant trait à l’adolescence et au deuil. Le scénario a été nourri par quelles expériences de votre jeunesse ou quels souvenirs de cinéphile ?
DC : C’est à sept ans que j’ai compris que tout le monde allait mourir un jour. Tout le monde ! Ce fut une révélation à la fois étonnante et choquante pour un enfant et, aujourd’hui encore, j’essaie de comprendre. Phantasm fut la tentative de faire face à cette question sans réponse : que se passe-t-il lorsqu’on meurt ?
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CC : Vous faites un clin d’œil au réalisateur Sam Raimi dans le second volet de Phantasm. Quels étaient vos rapports à l’époque avec le futur réalisateur d’Evil Dead sorti deux ans après ?
DC : Je n’ai rencontré Sam qu’à partir du début du tournage de Phantasm II. L’un de ses producteurs était un dirigeant de Universal Studios et nous a présentés. Sam fut très amical et m’a présenté à Philip Duffin, le designer de production sur Evil Dead II, et à Mark Shostrom, maquilleur effets spéciaux. Les deux hommes ont fait un excellent travail sur Phantasm II. Sam voulait un rôle dans cette suite, mais aucun n’était disponible. La meilleure idée que j’ai pu avoir était de placer son nom sur le sachet de cendres des défunts.
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CC : Pourquoi avoir confié le cinquième épisodes de Phantasm à un autre réalisateur (David Hartman) après avoir réalisé les quatre premiers volets ?
DC : David a travaillé sur les effets visuels de Bubba Ho-tep et John Dies at the End. C’est un artiste et un animateur extrêmement talentueux. Quelques années plus tard, il est venu me voir pour me proposer de lui permettre de réaliser un court métrage Phantasm. C’était une excellente idée. J’ai contacté Reggie Bannister qui était ravi de participer. Je me suis tellement bien amusé à travailler sur le court que j’ai autorisé Dave à faire un autre court métrage puis encore un autre. J’ai alors décidé qu’en utilisant Dave, ce serait une excellente façon de créer un chapitre final de Phantasm pour les fans.
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CC : Outre la saga Phantasm, vous avez réalisé d’autres longs métrages comme Bubba Ho-Tep, avec Bruce Campbell, ou encore John Dies at the End. Phantasm est-il le film dont vous êtes le plus fier dans votre carrière ?
DC : La plupart des cinéastes voient leurs films comme leurs enfants. Il faut beaucoup de temps et d’effort pour les nourrir jusqu’à l’achèvement. Il est donc toujours difficile de dire lequel de vos enfants vous aimez le plus. J’ai quelques boulets dont je ne parlerai pas. Mais certainement l’original Phantasm et Bubba Ho-tep sont tous les deux très significatifs pour moi.
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CC : Votre filmographie est globalement tournée vers le cinéma d’horreur et fantastique. Vous avez aussi participé à la série d’anthologie Les Maîtres de l’Horreur en réalisant l’un des meilleurs épisodes (La Survivante). Est-ce que la réalisation d’une oeuvre dans la veine plus « réaliste » vous tenterait un jour ? Ou autrement formulé, quel est le film que vous n’avez pas encore réalisé ?
DC : Malheureusement, j’ai rencontré le succès rapidement dans les stéréotypes du cinéma d’horreur. J’ai pourtant des centres d’intérêts très vastes et j’aimerais beaucoup concevoir un film sur la Seconde Guerre mondiale ou même une comédie directe. Hélas, les dieux de l’horreur ne me permettent pas de m’éloigner de mon genre.
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CC : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le cinéma d’horreur et fantastique et quels sont les réalisateurs ou films qui parviennent à vous impressionner ?
DC : Le cinéma d’horreur est éternel. Comme la vie, il fluctue avec des hauts et des bas. Parfois, il y a de grandes rafales de créativité et d’autres fois c’est la stagnation et l’imitation. J’aime le travail récent d’Adam Wingard, de Robert Eggers et des sÅ“urs Soska.
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CC : Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
DC : Je développe actuellement plusieurs projets, dont un film de science-fiction et un film de maison hantée. J’espère monter un jour une suite à Bubba Ho-Tep, mais ce sera sans doute sans l’implication de Bruce Campbell.
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- PHANTASM et PHANTASM II de Don Coscarelli disponibles en combo Blu-ray/DVD+livret dans une version restaurée en édition limitée boitier métal 3D, respectivement les 6 et 27 juin 2017. Une édition ESC Distribution et Sidonis Calysta.