Ressortie/ Phase IV de Saul Bass : critique

Publié par Thierry Carteret le 13 septembre 2017

Synopsis : Après un mystérieux événement cosmique, d’étranges structures et motifs commencent à apparaître dans le désert. Quand les scientifiques essayent d’en découvrir l’origine, ils sont choqués d’apprendre que ce serait le travail de fourmis très évoluées. Celles-ci essayent de communiquer avec l’Homme, quitte à organiser d’inquiétantes expérimentations sur celui-ci…

 

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Phase IV - affiche

Phase IV – affiche

À partir du 13 septembre, le cinéma Grand Action au 5 rue des écoles dans le 5e arrondissement de Paris, programme en copie numérique restaurée Phase IV, unique long métrage de Saul Bass. Autant dire que c’est à événement à ne pas manquer pour les spectateurs fans de science-fiction intelligente. Saul Bass est surtout connu pour être le génial graphic-designer des génériques de Alfred Hitchcock, Otto Preminger ou encore Stanley Kubrick. En 1964, il commence à réaliser des courts métrages comme The Searching Eye, From Here to here puis Why Man Creates, qui lui vaut l’Oscar du meilleur court métrage documentaire en 1969. Cette distinction lui permet de réaliser son premier long métrage Phase IV, qui sera hélas également son dernier suite à l’échec cuisant dans les salles – et ce, malgré son poster originel des plus percutants. Après cette expérience artistique intense mais douloureuse, Saul Bass poursuit la réalisation avec quelques superbes courts métrages (The Solar Film, Quest) mais se concentre essentiellement sur son activité de graphiste, en concevant notamment des logos publicitaires. Le cinéma continue de faire appel à son immense talent pour des génériques, notamment Martin Scorsese avec lequel Bass collabore sur les superbes ouvertures de Les Affranchis, Les Nerfs à vif, Le Temps de l’innocence et Casino. À la vision de Phase IV, c’est d’abord à 2001 l’Odyssée de l’Espace (1968) que l’on songe. Le mystère métaphysique des origines de l’homme et de son avenir offre ici une réflexion tout aussi puissante que dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick. Mais ici, point de voyage intersidéral, l’action prend place sur Terre au sein d’une base scientifique, installée en plein désert, suite à la découverte de mystérieuses structures monolithiques qui serait l’œuvre de fourmis organisées. Saul Bass inverse l’expérience scientifique ; l’homme devient le cobaye et va devoir lutter pour sa survie.

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Phase IV

Phase IV

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Phase IV trouve son origine dans le docu-fiction Des insectes et des hommes (The Hellstrom Chronicle), écrit par David Seltzer et réalisé par Walon Green en 1971. Ce documentaire remarquable montrait des insectes filmés avec des techniques sophistiquées de prise de vue, les rendant ainsi très inquiétants. Bass utilise les même procédés pour filmer les fourmis, transformant par l’agrandissement macro les insectes minuscules en de véritables monstres que rien n’arrête dans leur conquête de la planète. Ici, on rejoint également le concept fort de La planète des singes (1968), avec une espèce qui prend le pas sur l’homme en devenant organisée et intelligente. Là où on pouvait s’attendre à un déluge d’idées visuelles, Phase IV s’avère étonnamment minimaliste et pourra frustrer les amateurs d’action et d’effets spéciaux. Débutant presque à la façon d’un documentaire animalier sur les insectes, l’intrigue dérive vers un huis-clos tendu et haletant.

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Après avoir joué ensemble dans le post-apocalyptique Terre Brûlée (1970) de Cornel Wilde, le comédien Nigel Davenport et la jeune comédienne Lynne Frederick se retrouvent ici. Le premier dans le rôle du scientifique expérimenté le Dr. Ernest D. Hubbs, la seconde dans la peau de Kendra, une jeune fille choquée et endeuillée venue se réfugier dans le laboratoire scientifique. On retrouve aussi Michael Murphy (Nashville, Batman le défi) dans le rôle du collègue scientifique plus jeune James R. Lesko. L’intrigue se resserre alors sur ces trois personnages, victimes face à une menace extérieure inédite.

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Phase IV

Phase IV

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À l’instar de Le Mystère Andromède (1971) de Robert Wise, auquel Phase IV fait parfois penser, le suspense naît des événements inconnus qui se produisent, comme cette séquence terrifiante qui voit un couple mourir brûlés par l’action du reflet de la lumière du soleil. Le film évoque également Solaris (1972) de Andreï Tarkovski, avec ces scientifiques aux prises avec une entité inconnue, matérialisée ici par les différentes phases d’évolution des insectes ; la quatrième en étant l’aboutissement fatal. Phase IV, récompensé par le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1975, demeure une remarquable série B de science-fiction à l’ambition démesurée. Une Å“uvre rare à (re)découvrir le 13 septembre.

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  • PHASE IV
  • Ressortie salles : 13 septembre 2017
  • Copie numérique restaurée
  • Réalisation : Saul Bass
  • Avec : Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick, Wesley Jonathan, Missy Yager, James Martinez, Drew Sidora…
  • Scénario : Mayo Simon
  • Production : Paul B. Radin
  • Photographie : Dick Bush
  • Montage : Willy Kemplen
  • Costumes : Verena Coleman
  • Musique : Brian Gascoigne
  • Distribution : Swashbuckler Films
  • Durée : 1h27
  • Sortie initiale : septembre 1974 (États-Unis) – 1er octobre 1975 (France)

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