Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967)
Hommage sincère à Hollywood qui reprend les archétypes mêmes de la comédie musicale américaine. Tout comme Les Parapluies de Cherbourg et sans doute Lola, il s’agit d’une irruption remarquée du cinéma français de la Nouvelle Vague dans le musical.
Delphine (Catherine Deneuve) et Solange (Françoise Dorléac) Garnier sont jumelles et toutes deux ferventes de musique. L’une enseigne le solfège, l’autre la danse. Une troupe théâtrale conduite par Etienne (George Chakiris) et Bill (Grover Dale) arrive à Rochefort et monte un spectacle au square Colbert. Lorsque les deux vedettes féminines de la revue démissionnent, Solange et Delphine les remplacent. Leur plus tendre rêve se réalise enfin.
Outre les prestations iconiques des deux soeurs « nées sous le signe des Gémeaux », Les Demoiselles marque aussi le retour de Gene Kelly à l’écran qui incarne le fringuant Andy Miller et conçoit lui-même ses deux séquences dansées. La partition de Michel Legrand, connu notamment pour son avant-gardisme dans la comédie musicale Peau d’âne (1970), comprend une douzaine de chansons et cinq ballets. Le spectateur, emporté par la fluidité du récit, en oublie même que Catherine Deneuve, doublé par Anne Germain, ne chante pas une seule note.
Le film fait la part belle aux couleurs pastels et pimpantes à partir d’un décor naturel entièrement conçu par Demy. La fraîcheur des jumelles apporte une touche kitsch à cette oeuvre qui a inspiré une ribambelle de cinéastes depuis lors. En 2016, l’incipit de La La Land de Damien Chazelle rend hommage à la longue ouverture des Demoiselles de Rochefort.