Cabaret de Bob Fosse (1972)
Seconde adaptation de la pièce de Judy Allen, après le mineur Une Fille comme ça (1955) de Henry Cornelius avec Lawrence Harvey dans le rôle de Brian et Julie Harris dans celui de Sally.
Berlin, 1930. Au Kit Kat Club, un meneur de jeu farfelu présente chaque soir à sa clientèle Sally Bowles (Liza Minnelli), chanteuse à la voix étonnante et vamp ingénument perverse. Sally rêve de devenir une grande vedette et d’échapper aux fumées de cigares et aux combines du Kit Kat. Elle s’éprend de Brian (Michael York), jeune étudiant et écrivain anglais homosexuel, débarqué à Berlin pour parfaire ses connaissances en allemand. Elle va lui en faire voir de toutes les couleurs. Un triangle amoureux va naître.
S’inspirant du roman de Christopher Sherwood, Bob Fosse (Sweet Charity, Que le spectacle commence, Star 80) allie le tragique à une réflexion politique sur le nazisme et s’attache au côté paradoxal du cabaret berlinois : la vie factice où les esprits s’emmêlent dans l’alcool du cabaret, paradis artificiel, et celle non fictive, d’une société en pleine décomposition en proie à la montée d’Hitler. La scène du chant nazi dans l’auberge illustre d’ailleurs les contradictions de l’époque.
Chorégraphe confirmé, Bob Fosse soigne les passages chantés entre Joël Grey, le maître de cérémonies et Liza Minnelli, qui s’y révèle étonnante et développe sa gestuelle, souvent comparée à celle de Marlene Dietrich (notamment dans le numéro Mein Heirr). La lumière et les décors de Herbert Strabel restituent parfaitement l’ambiance burlesque (Money, Money) glauque et tamisée du cabaret, par opposition à la froideur des extérieurs.
Minnelli remporte l’Oscar 1972 de la meilleure actrice longtemps souhaité par Judy Garland sa mère ; Grey obtient celui du meilleur second rôle. Bob Fosse a reçu celui de la mise en scène, tandis que les décors, la photographie, le montage, le son et la musique se voyaient aussi récompensés.