Que le spectacle commence (All That Jazz) de Bob Fosse (1979)
Bob Fosse modernise ici le genre en livrant une psychanalyse poussée de l’artiste. Le réalisateur et chorégraphe éclate les normes traditionnelles dans une oeuvre réflexive, en partie autobiographique, et donne au terme jazz un sens extra-musical. Il tourne ingénieusement sa caméra vers ses propres expériences et justifie ainsi ses excès d’alcool et de tranquillisants. Le parcours sordide de Joe Gideon rappelle le vécu de Fosse, qui fait écho à Fellini ou à Bergman avec la présence de la mort à l’écran sous les traits d’Angélique, incarnée par Jessica Lange.
Joe Gideon (magistral Roy Scheider) est un des réalisateurs en vogue du moment. Épuisé par son énergie créatrice et sa personnalité démesurée, il succombe à la trop grande tension et s’écroule pendant les répétitions de son nouveau spectacle. Transporté à l’hôpital, il subit une opération à coeur ouvert et ses souvenirs lui reviennent en mémoire sous la forme d’une gigantesque comédie musicale.
D’une étonnante virtuosité, le film comporte des numéros musicaux traditionnels dans la meilleure veine vaudeville/burlesque (avec l’émergence de la danse jazz) ainsi que des séquences irréalistes. Les danses évocatrices et métaphoriques ne tardent pas à séduire le public du monde entier. Bob Fosse, toujours fasciné par le côté sombre de la célébrité, est alors le moteur de la comédie musicale américaine.
Que le spectacle commence remporte quatre Oscars ainsi que la palme d’or au Festival de Cannes en 1979 et prouve ainsi qu’une tragédie musicale peut célébrer la vie.