Le Chant du Missouri (Meet Me in St. Louis) de Vincente Minnelli (1944)
Avec Meet Me in St. Louis, tiré du récit orignal de Sally Benson intitulé 5135 Kensington Avenue, Minnelli dépeint une évocation nostalgique et colorée de l’Amérique de 1903. Le public parvient aisément à s’identifier à cette famille idéalisée, heureuse de vivre dans le Missouri du début du siècle. Il s’attache à la sensibilité de trois figures féminines ; Lucille Bremer dans le rôle de l’ainée (Rose) Judy Garland, la jeune fille en fleur (Esther) et la jeune Margaret O’Brien (Tootie). L’intrigue et l’esthétique du film ressemblent à s’y méprendre aux Quatre Filles du Docteur March (1949) de Mervyn LeRoy, version mettant en vedette June Allyson, Elizabeth Taylor, Janet Leigh ainsi que la même Margaret O’Brien.
L’histoire se déroule en 1903 à Saint Louis, la vie paisible de la famille Smith est rythmée par la tranquillité des saisons, jusqu’au jour où Monsieur Smith décide de déménager pour s’installer à New York. La nouvelle, qui ne plaît à personne, déclenche une véritable tempête dans l’univers feutré de la maison bourgeoise. Le père revient finalement sur sa décision.
Ce film musical optimiste témoigne de son époque en rappelant le charme et la douceur d’antan ainsi que la quiétude d’un monde en paix où il fait bon vivre chez soi. La réplique finale « where we live, right here in St. Louis » fait directement référence à la morale du Magicien d’Oz : « there’s no place like home ». Porté par les numéros chantés et les compositions romantiques de Hugh Martin (The Boy Next Door, Have Yourself A Merry Little Christmas), Le Chant du Missouri détient les valeurs mêmes des États-Unis et repose sur la voix inimitable de Judy Garland, consacrée en star. La séquence du « trolley » est d’ailleurs une scène d’anthologie du cinéma hollywoodien. De plus, Meet Me in St. Louis est souvent considéré comme le meilleur Garland. Il s’agit du long métrage qui marque le retour de la romance à la MGM ; il rapporte dès sa sortie plus de six fois son coût de production.