The Little Stranger de Lenny Abrahamson : critique

Publié par CineChronicle le 27 septembre 2018

Synopsis : Fils d’une modeste domestique, le docteur Faraday s’est construit une existence tranquille et respectable en devenant médecin de campagne. En 1947, lors d’un été particulièrement long et chaud, il est appelé au chevet d’une patiente à Hundreds Hall, où sa mère fut employée autrefois. Le domaine, qui appartient depuis plus de deux siècles à la famille Ayres, est aujourd’hui en piteux état, et ses habitants – la mère, son fils et sa fille – sont hantés par quelque chose de bien plus effrayant encore que le déclin de leurs finances. Faraday ne s’imagine pas à quel point le destin de cette famille et le sien sont liés, ni ce que cela a de terrifiant…

♥♥♥♥♥

 

The Little Stranger - affiche

The Little Stranger – affiche

Trois ans après Room qui lui a valu d’être nommé aux Oscars, Lenny Abrahamson revient aux commandes de The Little Stranger, un drame horrifique étonnement pudique, une sorte de fable gothique sur l’impossibilité de renoncer au passé, tiré du bestseller de Sarah Waters. La résurgence du thème de la captivité semble devenir une constance chez le réalisateur de The Little Stranger. Si cette fois le bourreau se fait plus discret et la cage plus grande, Domnhall Gleeson, Ruth Wilson et Charlotte Rampling sont bien prisonniers des fantômes du passé et d’une certaine forme de déterminisme. Ici, l’horreur s’insinue dans les regards, les doutes, les bruits de craquements qui font douter de ce que l’on croit savoir. Point de jump scare ou d’effets tape à l’œil, Abrahamson propose une forme d’angoisse très épurée qui ne fera sûrement pas l’unanimité. Le principal atout du film est évidemment la demeure familiale des Ayres. Véritable entité à part entière, elle est dotée d’une personnalité changeante et délicatement inquiétante. Objet de désir, de crainte, cette maison des horreurs est élégamment filmée par une caméra qui lui confère une profondeur de champs qui parait infinie et dans laquelle les personnages tentent vainement de remplir l’espace. Avec son approche minimaliste, The Little Stranger souffre malheureusement trop souvent de problèmes de rythme une fois que l’architecture du film est mise à nu et malgré la force des performances, aucun personnage ne suscite suffisamment d’empathie pour nous convaincre de nous soucier de leur sort. La faute à un script qui se focalise essentiellement sur les personnages interprétés par Gleeson et Wilson, au détriment des autres.

 

The Little Stranger

The Little Stranger

 

Si le spectateur est décontenancé par l’absence d’effets horrifiques classiques, la diégèse se révèle finalement assez convenue et à force d’osciller trop longtemps entre le drame psychologique et une histoire de fantôme, le film reste figé et ménage totalement ses effets. En outre, la photographie nous fait l’effet d’un portrait terni dont les couleurs pastel rappellent celles des vieux tableaux usés par des années de négligence. Abrahamson piège notre héros dans des cadres, comme si le personnage prenait la pose dans les encadrements des portes ou des fenêtres, totalement isolé, faisant ainsi presque partie du décor.

 

Cette idée de posture, de représentation tient une place essentielle dans la société dépeinte et particulièrement aux yeux de Faraday qui cherche régulièrement son reflet dans le miroir ou dans le regard des autres. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un gros plan où on le voit se raser, se dépouiller de ce qui est superflu afin d’endosser un rôle nouveau, celui de médecin, de bourgeois en devenir. Domhnall Gleeson incarne tout en retenu et avec froideur un personnage cartésien, qui rationnalise sans cesse ce dont il est témoin. C’est pour cette raison qu’il garde ce statut d’étranger, d’invité aveuglé par son désir d’ascension sociale. Il opère un rejet radical de ses origines et se trouve littéralement envouté par ce lieu qu’il convoite, contrairement à Caroline qui souhaite briser ce carcan. C’est le déni d’un monde nouveau en émergence et qui prend forme sous leurs yeux qui finalement les distingue.

 

Si l’ensemble peine à convaincre, Abrahamson soigne l’écrin dans lequel il dirige cette pléiade d’acteurs convaincants qui auraient tous bénéficié d’un scénario un peu plus incisif.

 

Hugo Martinez

 

 

 

  • THE LITTLE STRANGER
  • Sortie salles : 26 septembre 2018
  • Réalisation : Lenny Abrahamson
  • Avec : Domhnall Gleeson, Ruth Wilson, Charlotte Rampling, Will Poulter, Liv Hill, Oliver Zetterstrom, Josh Dylan, Anna Madeley, Camilia Arfwedson, Kate Phillips
  • Scénario : Lucinda Coxon d’après l’oeuvre de Sarah Waters
  • Production:  Daniel Battsek, Andrea Calderwood, Gail Egan, Ed Guiney, Robbie Leacock, Andrew Lowe, Cameron McCracken, Tim O’Shea, Anita Overland,
  • Photographie : Ole Bratt Birkeland
  • Montage : Nathan Nugent
  • Décors : Emma Davis
  • Costumes : Steven Noble
  • Musique : Stephen Rennicks
  • Distribution : Pathé
  • Durée : 1h52

 

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